Les mythes du non-verbal

Les mythes du non-verbal

Cela fait déjà bien des années que j’étudie le langage corporel : formation en synergologie, en neurosciences, en comportement, etc. Force est de constater que des croyances tenaces circulent encore quant au langage corporel, et ce, depuis des lustres. Or, plusieurs d’entre elles biaisent de façon indéniable votre analyse d’un interlocuteur. Examinons ensemble les mythes les plus récurrents qui peuvent vous tromper.

Le croisement de bras

Vous avez sûrement déjà entendu cette remarque : « Vous avez les bras croisés, ça veut dire que vous êtes fermé! » Et pourtant, vous sentiez-vous vraiment si peu ouvert? Il est possible que vous croisiez les bras parce que vous avez froid, parce que vous êtes simplement confortable dans cette position, pour vous concentrer sur ce que dit votre interlocuteur ou parce que vous avez besoin de réfléchir à ce que vous entendez. Il en est de même pour votre interlocuteur. Les vrais experts en langage corporel savent très bien qu’un même item peut avoir plusieurs significations et qu’il faut faire une analyse globale de non-verbal avant d’émettre une analyse.

L’insécurité du regard

Combien de fois ai-je entendu un client me dire que son employé ne le regardait pas dans les yeux et qu’il a interprété ce «signe» comme une preuve de mensonge. Un regard fuyant indique-t-il vraiment que l’autre manque d’assurance ou un mensonge? Pas forcément. Quand quelqu’un vous raconte une situation qu’il a réellement vécue, son regard se détourne de vous parce qu’il retourne dans sa mémoire pour trouver l’information ou simplement parce qu’il structure son discours afin de s’exprimer clairement. Il est aussi possible qu’il soit gêné ou intimidé par l’insistance de votre propre regard. Ça ne fait pas de lui quelqu’un d’insécure ni de menteur! Vous êtes peut-être en position d’autorité et pas lui.

La démangeaison du mensonge

Des néophytes espérant me prouver leurs savoirs m’ont sorti ce mythe : «Si l’autre se gratte le nez, c’est un menteur!» Tout d’abord, sachez qu’une recherche d’Emilio Gómez Milán et de Elvira Salazar López de l’Université de Grenade, en Espagne, a démontré que lorsque l’on ment, le cerveau augmente l’afflux sanguin autour du nez ce qui engendre des démangeaisons. Mais, en fait, dans 90% des cas, la démangeaison du nez signifie autre chose que le mensonge! En effet, il y a bien d’autres situations qui engendre un afflux sanguin dans cette zone : une émotion forte, des souvenirs émotifs qui resurgissent, une résistance devant une situation, quelque chose dans l’image de l’autre qui dérange, le rejet de l’idée émise, etc.

Les cheveux de la séduction

Passer sa main dans ses cheveux ne veut pas toujours signifier que la dame devant vous est attirée sexuellement. Il existe une multitude de mouvements exécutés au niveau de la chevelure. On peut replacer une mèche rebelle, dégager le visage ou le cou, lisser, enrouler ou saisir une portion des cheveux. La signification de tous ces items dépend du type de geste et de la direction de celui-ci, de l’orientation de la paume, de la main motrice, de la personnalité de l’individu et du contexte. Bref, il y a beaucoup de choses à analyser pour en tirer une bonne hypothèse.

Que faire?

En premier lieu, soyez vous-même détendu! Si votre interlocuteur se sent observé, bien des éléments de stress vont apparaître à son insu et vous aurez de la difficulté à décrypter son langage corporel. Ensuite, concentrez-vous sur l’ensemble du corps et non seulement sur les détails. Les plus grosses articulations doivent être analysées avant les micro-éléments. Plus votre interlocuteur sera à l’aise, plus il va diriger ces parties du corps vers vous. Et alors vous pourrez mieux voir!


Annabelle Boyer, CRHA, M.SC Administration, génagogue et auteure
Analyste du langage corporel et experte en comportement manipulateur