Je remerciais les crottes de chevreuil que je croisais.
J’avais les chevilles en sang.
La glace entrait dans mes bottes.
Je criais à tue tête pour envoyer chier Dieu.
Je remerciais les crottes de chevreuil que je croisais.
J’avais les chevilles en sang.
La glace entrait dans mes bottes.
Je criais à tue tête pour envoyer chier Dieu.
Pour le remercier aussi.
Plus je marchais dans la neige, plus je m’enfonçais.
En continuant d’avancer, je savais que mes chances de survie diminuaient de plus en plus.
J’étais dans les montagnes enneigées du Colorado.
Tout ça avait commencé à peine quelques heures plus tôt.
Mon copain et moi avions suivi l’itinéraire de son iPhone pour se rendre de Denver à Aspen.
Sur mon téléphone, ça disait que la route était fermée pour l’hiver.
Sur le sien, ça disait que ça passait.
Alors, pour éviter de faire un détour, nous avons suivi son itinéraire.
J’avais réservé une nuit d’hôtel au St. Regis à 850$ alors mon incitatif pour arriver le plus tôt possible était très grand!
On suit donc son itinéraire pour se retrouver face à une route complètement bloquée par la neige.
Dans un élan de colère et de frustration de m’être fié à mon copain plutôt qu’à moi, j’ai décidé de continuer la route à pied!
Selon le GPS, il restait seulement une vingtaine de kilomètres à traverser.
Une vingtaine de kilomètres en auto, ça va.
Mais à pied, c’est quand même une bonne journée de marche!
Cependant, avec la colère qui bouillait à l’intérieur de moi, je ne voyais plus clair.
Mon copain a bien tenté de me retenir, mais ma décision était prise.
J’ai pris quelques provisions, de l’eau, du gatorade et des biscuits et je suis parti.
Pendant les premières minutes, tout se passait bien.
Le froid cinglait mon visage, mais je me réchauffais en conservant une bonne cadence de marche.
Je suivais les traces des motoneiges.
Plus j’avançais, par contre, plus les traces de motoneiges devenaient superficielles et je m’enfonçais de plus en plus dans la neige.
Pourquoi j’étais parti risquer ma vie comme ça?
Pourquoi j’avais agi sous l’impulsion de la colère?
Je ne savais pas.
Mais il se passait aussi quelque chose de puissant à l’intérieur de moi.
Comme si Dieu était avec moi.
Ça paraissait clairement être du suicide pour n’importe quel observateur extérieur.
Mais, de l’intérieur, il y avait une solide foi qui venait de nulle part.
Je croyais entièrement en ma survie.
J’avais la totale certitude que je faisais ce que je devais être en train de faire.
Alors je continuais d’avancer.
Je hurlais aux oiseaux.
Je remerciais Dieu d’avoir laissé les crottes de chevreuil sur mon passage.
Ça me rappelait que je n’étais pas la seule âme qui était passée par là.
Si je devais mourir ce jour-là, j’aurais au moins été accompagné par Dieu une partie du chemin.
Les peurs se succédaient à un rythme infernal dans ma tête.
La plus grande, c’était celle de devoir me faire amputer les deux pieds à cause des engelures.
Alors j’ai continué à aimer tout le monde encore plus fort.
Ma famille, mon copain, mes amis, les animaux, Dieu, les arbres, moi.
Quand le chemin tracé par les motoneiges a complètement disparu, je me suis mis à escalader le flanc de montagne à quatre pattes, en enfonçant mes main dans la glace pour m’agripper.
Rendu au sommet, j’ai demandé à Dieu de me montrer un signe que j’étais sur le bon chemin.
Pas longtemps après, j’ai ressenti la forte intuition que je devais rentrer.
Je trouvais ça insensé mais je ne sentais pas que j’abandonnais.
Je suivais simplement mon coeur une fois de plus.
J’ai donc suivi mes traces pour retourner d’où j’arrivais en utilisant le peu d’énergie qu’il me restait.
Cette fois-ci, c’est le froid qui est devenu mon plus grand ennemi.
La glace dans mes bottes creusait la chair de mes chevilles.
Je saignais.
Je tremblais de froid de plus en plus.
Mais je n’avais qu’une option.
Pour survivre, je devais continuer.
Après quelques heures, je suis finalement revenu au point où mon copain et moi nous étions laissés.
Par contre, je n’étais pas au bout de mes peines!
Il restait encore des dizaines de kilomètres avant que je retourne à la civilisation.
Et la nuit commençait à tomber.
À bout de force, l’instinct de survie me permettait quand même de continuer.
Et seulement 15 minutes plus tard, j’ai croisé une voiture qui avait suivi le même itinéraire qui menait à la route bloquée.
Deux brésiliens qui parlaient peu anglais.
Le retour a donc été plutôt silencieux.
J’étais sauvé.
Les peu de personnes à qui j’ai raconté cette histoire ont tous cru que j’étais fou.
Avec raison d’ailleurs.
Vu de l’extérieur, mes comportements n’avaient aucun sens.
De l’intérieur pourtant, j’étais tellement mu par une force puissante que j’en ai vécu une profonde expérience spirituelle.
Bien évidemment, je ne recommande à personne de se risquer dans une telle aventure!
Pourtant, je sais aussi que ce guide intérieur est extrêmement puissant.
Lorsqu’on est solidement connecté à notre intuition, on peut être poussé à faire des choses qui n’ont aucun sens.
Donner une première conférence.
Quitter un emploi sans plan pour la suite.
Donner sa carte de crédit à une inconnue.
Tout ça, c’est un question d’apprendre à écouter la voix intérieure.
Plus on lui fait confiance, plus les récompenses sont grandes.
Apprendre à écouter cette voix est ce qui va te permettre de trouver la satisfaction que tu cherches depuis si longtemps dans ta vie.
Alors toi?
Dans quelle circonstance as-tu écouté ton intuition alors que toute logique aurait dicté l’inverse?
Qu’est-ce que ton intuition te dit de faire depuis longtemps et que tu n’as pas encore osé faire?
J’attends de tes nouvelles!
Martin