« J’ai l’impression d’avoir été frappé par un camion, je me sens en mille miettes ».
J’entends souvent ce type de constatation de la part des endeuillés. Je les rassure aussitôt en leur disant que c’est NORMAL d’avoir mal partout quand on vit un deuil… en leur expliquant pourquoi!
Le deuil est une blessure invisible, mais bien réelle
Le deuil entraîne une profonde souffrance parce qu’elle représente la rupture du lien affectif qui nous liait à la personne aimée. On vit le deuil avec tout notre corps, d’abord et avant tout, puisque celui-ci est la porte sur nos émotions.
Le deuil est une blessure invisible à l’œil nu, mais les maux du corps confirment que cette blessure est bien réelle. Pourquoi ressentons-nous ces MAUX physiques aussi intensément, surtout au début du processus de deuil?
Le corps est en sevrage
C’est que notre corps est en sevrage et que tous nos sens sont très aiguisés et affectés par l’absence de l’être cher, car on ne peut plus voir cette personne, l’entendre, sentir son odeur, la serrer dans nos bras ou lui parler. Le corps est littéralement en MANQUE de cette personne, et ce sevrage peut être aussi troublant physiquement pour l’endeuillé que pour le toxicomane en manque de drogue.
Tant que notre corps physique demeure affaibli par l’expérience de deuil, le processus de cicatrisation se fera très lentement. Le corps physique devient une dimension importante pour permettre à l’endeuillé de retrouver l’équilibre. Comme le corps absorbe le choc émotionnel de la perte, il est important de lui être clément. C’est d’ailleurs un élément crucial dans le processus d’apaisement du deuil, car si les besoins du corps ne sont pas pris en considération, cela restera très difficile d’accéder au véritable apaisement.
Marguerite a perdu son mari qui s’est suicidé. Elle a retrouvé son corps sans vie, une expérience qu’elle décrit comme brutale. Elle a visité son médecin de famille pas moins de 6 fois dans la première année, chaque fois en réponse à la persistance des séquelles physiques, aussi débilitantes les unes que les autres. Les symptômes l’inquiétaient et elle se pensait malade. Elle était en réaction physique à l’intense physique à l’intensité du chocmotionnel.
Le corps est notre allié
Le corps est le véhicule qui doit nous conduire à travers les tumultes du deuil, jusqu’au moment où on retrouvera un nouvel équilibre. Il joue un rôle essentiel dans notre rétablissement. Marguerite avait un bon médecin de famille compatissant qui lui assurait que ses symptômes s’amenuiseraient avec le temps, ce qui s’est effectivement produit autour du cap des 18 mois.
Les signes et symptômes physiques du deuil dites « normaux »
Il y a une panoplie de signes et symptômes qui peuvent accompagner le deuil, et plus les circonstances du décès sont traumatiques, soudaines ou violentes, plus les MAUX physiques seront intenses et persistants.
Je tiens à vous rassurer, en vous partageant cette liste (non exhaustive), que ces malaises sont communs et normaux chez les endeuillés, surtout au début du deuil (les premiers mois) :
Une lourdeur physique
Des serrements dans la poitrine
Des bouffées de chaleur
De la transpiration soudaine
Des palpitations cardiaques
Des douleurs musculaires
Des tremblements
Une sensation d’étouffement
De la difficulté à respirer
Une hypersensibilité aux bruits ou à la lumière
Des maux de tête et migraines
Une perte d’appétit
De l’hypersomnie/insomnie
Des problèmes de digestion et des maux d’estomac
Une grande fatigue
De la difficulté de concentration ou des troubles de mémoire
Des bourdonnements d’oreilles
La vision brouillée
Une grande sensation de froid
La bouche sèche
Attention car le mental est au ralenti
Le cerveau est grandement affecté par le deuil, les activités cognitives sont au ralenti. Ce n’est pas le temps de prendre de grandes décisions. Toutes les activités semblent pénibles, même les tâches basiques comme se laver, cuisiner, manger, entretenir une conversation, aller à un rendez-vous, lire un texte. On a la tête dans la brume, on compose avec une grande confusion, ce qui rend les tâches liées à la gestion de la succession très éprouvantes.
Les conséquences d’un deuil non résolu sur la santé
Je tiens à le répéter par souci de bien pouvoir vous rassurer, ces symptômes sont NORMAUX au début d’un deuil.
Quand on éprouve de la difficulté à transformer notre deuil avec le temps, cependant, quand on est pris dans un nœud de souffrance, la surcharge émotionnelle nous soustrait beaucoup d’énergie vitale et notre corps subit un plus grand assaut. Le corps qui s’affaiblit à long terme, qui s’épuise, est beaucoup plus vulnérable à la maladie.
Les deuils non résolus se produisent fréquemment dans notre société, c’est-à-dire un deuil qui ne s’apaise pas après quelques années en générale. À ce stade, les endeuillés expriment souvent le sentiment d’une grande fatigue dans le corps qui s’apparente aux symptômes de la dépression.
Les médicaments existent pour aider pendant un certain temps, mais prendre des antidépresseurs, des anxiolytiques ou des somnifères n’a pas à devenir un abonnement à vie. Il existe d’autres solutions.
La première étape du deuil est de prendre soin de son corps physique!
C’est le temps de prendre soin de cette blessure invisible. Ce n’est pas le fruit de l’imagination, cette blessure habite toutes les dimensions de l’être: corporelle, intellectuelle, émotionnelle et spirituelle. Si votre entourage vous pousse à passer à autre chose, rappelez-vous que vous avez le droit d’être là exactement où vous êtes, en cheminement, au meilleur de votre disposition actuelle.
Si la porte d’entrée au processus du deuil commence par prendre soin de sa dimension physique, qu’est-ce qu’il faut faire avec ses MAUX qui sont si omniprésents et envahissants? Vous me permettez une simple recommandation? Commencer par vous offrir de l’amour et de la douceur!
Se permettre une période de convalescence
Prenez conscience de vos limites — vous n’avez pas le même niveau d’énergie que d’habitude. Vous êtes temporairement dans l’impossibilité de répondre aux besoins des autres, comme vous le fessiez auparavant. Votre corps est en période de convalescence, ni plus ni moins, au même titre que si vous aviez subi une opération chirurgicale importante.
Limitez vos activités et tâches, diminuez vos attentes face à vos responsabilités. En observant là où vous avez tendance à être exigeant, là où vous ne vous autoriser pas à écouter vos limites, vous apprenez à accepter l’aide qui vous est offerte. C’est normal de se retrouver dans l’incapacité de prendre soin des emplettes, des tâches ménagères et des activités sociales : vous êtes en période de convalescence! Reprendre des forces demande du temps. Prendre soin de votre dimension physique vous aidera à trouver la force pour cheminer dans notre deuil.
Une bonne hygiène de vie, ça l’aide à apaiser le deuil
Prendre soin de notre corps implique l’habilité à mettre en place quelques pratiques de bienveillance personnelle, que l’on doit adopter au quotidien. Voici ce que je propose pour permettre de reposer le corps, lui offrir des moments de répit et lui permettre de reprendre ses forces.
Bien se nourrir et s’hydrater. Même quand la faim n’est pas là, il est important de trouver une solution de remplacement calorique nourrissante. On peut se faire plusieurs petites collations au lieu d’un repas complet, et choisir de la nourriture « vivante » pour chercher de l’énergie positive pour le corps (légumes et fruits frais).
Bien se reposer. Faire des siestes dans l’après-midi (s’assurer d’avoir des heures de sommeil normales). Quand le sommeil vient difficilement, on peut faire des activités pour calmer le mental (des casse-têtes ou des mandalas…).
Bien respirer. Le corps a besoin d’oxygénation. Pratiquer la respiration consciente permet de répondre aux maux physiques. Cela aide à apaiser le système sympathique (diminue les hormones de stress dans le corps). L’application gratuite, RespirRelax+, permet de faire une respiration guidée de 5 minutes à la fois, ce qui recharge les cellules.
Bouger. Faire des promenades, bouger et prendre de l’air. Faire appel à la nature, à la chaleur du soleil, à la caresse du vent, cela apporte de l’énergie positive.
Relaxer. Prendre des bains chauds avec des sels de mer offre des moments de détente pour que le corps se purifie.
Prendre des décisions saines. En évitant la surconsommation d’alcool, de drogues et de sucre.
Rechercher l’apaisement sans prendre soin de son corps physique, c’est comme essayer de démarrer un feu avec du bois humide et des allumettes mouillées. Le processus d’apaisement commence par un engagement profond envers soi-même. Instaurer une bonne hygiène de vie dès les débuts du deuil s’avère très bénéfique. Plus vite ces gestes de bienveillance personnelle sont mis en place, plus vite on ressent l’apaisement.
Je vous pose cette question en concluant : que pouvez-vous mettre en place, dès aujourd’hui, pour prendre soin de votre corps, et ainsi prendre soin de votre deuil?
Si ces propos vous parlent, n’hésitez-pas à déposer vos commentaires ou partager cet article et contribuer au mieux-être des autres!
Réflexions du Cœur redonne un élan à ceux et celles qui se sentent isolés, désemparés et qui ont besoin d’écoute, de présence et de soutien à la suite d’un décès. Notre objectif est d’adoucir la traversée du deuil en permettant une plus grande compréhension et une meilleure appréciation du processus d’apaisement qui mène à la transformation du deuil. Notre programme (en ligne), »Cœur à Cœur : Rebondir dans la vie », vous offres un encadrement sécurisant pour vous aider à naviguer le terrioire inconnu du deuil avec une plus grande facilité : www.reflexionsducoeur.com.
Anouk Leblanc, MSc. & Martine Lafontaine Co-fondatrices de « Réflexions du Coeur » Thérapeutes professionnelles, spécialisées en accompagnement du deuil info@reflexionsducoeur.com