Pour moi, poser un geste ultime d’amour est de faire cesser la souffrance chez un être cher ou un animal qui nous est cher. Voici un article en hommage à mon père et à ma chatte Toutoune!
Le 26 décembre dernier, mon père est DCD et le 15 juillet ma chatte est DCD suite au geste ultime d’amour que j’ai eu à poser envers eux.
Papa faisait de l’Alzheimer depuis quelques années. Je l’ai accompagné tout au long de sa maladie.
Je l’ai accompagné également en fin de vie avec mes deux sœurs.
J’ai eu à prendre une décision difficile ; poser l’ultime geste d’amour. L’aider à partir en douceur, j’ai demandé qu’il ait accès aux soins de fin de vie.
Voir cet homme jadis costaud avec un fort caractère devenu si frêle sans défense dans son lit m’a fait sentir si impuissante.
Impuissante face à sa vulnérabilité et sa souffrance.
Voir mon père ne plus répondre à nos interventions, l’entendre gémir, avoir de la difficulté à respirer c’était trop pour moi. J’ai demandé à mettre en place les soins de fin de vie pour qu’il puisse partir en douceur. Il avait assez souffert physiquement et psychologiquement.
Au cours des 3 dernières années, j’ai vu tellement souvent mon père pleurer que j’en étais chaviré à chaque fois.
Ce qui me fait encore plus de peine c’est la façon qu’il a dû finir sa vie.
J’ai vu mon père « dépérir » doucement à partir de mai 2020 quand il a été sorti de la résidence privée dans laquelle il était depuis 2 ans parce qu’il avait des comportements plus agressifs à la suite d’une fracture lombaire. D’après moi ses comportements étaient sa façon d’exprimer sa douleur.
Non seulement il a été « déraciné » de son environnement habituel mais à cause de toutes les mesures reliées au covid, papa a vécu des choses difficiles. D’autant plus qu’étant Alzheimer il ne comprenait pas ce qui se passait et s’est retrouvé encore plus confus.
Les traumas qui ont contribué à son dépérissement.
Il a subi 3 déménagements en 2 mois et tout ce que ça comporte dans un contexte covid, test et isolement.
À partir de ces traumas, il s’est mis à presque plus manger. Il a maigri affreusement. Cet homme solide que j’ai connu est devenu hyper vulnérable.
Nous avons été confrontés à des situations que je qualifie d’inhumaines. J’ai vécu de la rage, de la colère et tellement de tristesse.
J’ai été dégoûté par moment d’avoir à composer avec toutes les aberrations des règles covid.
Voir dépérir une personne qu’on aime m’a amené à gérer plusieurs types d’émotions lourdes.
Mon père est mort sans nous voir le visage à cause du masque, nous n’avons pas pu toucher à sa peau, il n’a pas pu sentir notre peau le toucher parce que nous devions avoir tout l’équipement de protection, masque, gants, blouse.
J’ai été heurté dans mes valeurs d’humaniste à multiples reprises et je suis outré de la façon dont notre gouvernement a géré les choses.
Je pourrais en écrire très long sur le sujet, mais je vais m’en tenir à ces légers détails pour en revenir à dire que pour moi le geste ultime d’amour est de choisir de mettre fin à la souffrance d’un être cher ou encore un animal qui nous est chers.
Je viens d’avoir à prendre la décision très difficile de faire euthanasier ma chatte de 18 ans. Ma belle Toutoune qui était une chatte très spéciale. Elle m’avait été confiée par mon frère il y a 3 ans. J’ai fait le choix de mettre fin à sa vie parce que la voyait souffrir.
Savoir respecter ses valeurs.
Dans mes valeurs, aucun être vivant ne devrait jamais avoir à souffrir parce qu’aujourd’hui nous avons la médication pour faire cesser la souffrance.
C’est pour ça que j’appelle ça l’ultime geste d’amour.
C’est assez aimé l’autre pour le libérer.
Quand le corps est rendu un corps de souffrance ainsi que la psyché, il est temps d’aider l’autre à partir. C’est ça pour moi le vrai amour…
Mais aussi, c’est un geste difficile à poser…
Ma vie a toujours été basée sur la philosophie : « je traite les autres comme je veux être traité ».
Si j’avais été dans la condition de mon père ou de ma chatte, c’est ce que j’aurais voulu que mes enfants fassent pour moi; m’aider à partir doucement…
Pour moi la mort n’est pas une fin en soi, car je sais que ce n’est que le corps qui meure, l’âme survit.
C’est avec la souffrance que j’ai un problème.
C’est difficile pour moi d’assisté impuissante face à la souffrance. Donc quand il y a des possibilités de faire autrement, je prends le pouvoir qui m’est disponible.
Que ce soit pour un humain ou un animal, je fais le choix d’aider à diminuer ou arrêter la souffrance. Nous avons des moyens maintenant pour le faire.
Les questionnements et les émotions surgissent.
Cela ne veut pas dire que la peine sera moins grande. Oh que non, car poser un geste ultime d’amour peut me faire vivre des questionnements tels que :
Était-ce la meilleure décision?
Est-ce que c’était le meilleur moment?
Ai-je agi trop vite?
Et faire vivre des émotions telles que : le doute et la peine.
La vie m’a appris à composer avec le détachement ce qui est aidant à faire le choix. J’ai fait le choix d’être lucide donc la lucidité c’est accepté ce qui est.
J’aurais pu faire le choix égoïste de les retenir et attendre encore plus longtemps, mais la souffrance serait demeurée en eux donc ils auraient souffert encore plus.
Faire preuve de compassion c’est avoir de la bienveillance et la volonté d’aider la personne qui souffre.
Composer avec la souffrance, la vulnérabilité, l’impuissance me ramène à moi également.
Or je connais ma position sur le sujet et je l’ai nommée à mes enfants pour que si un jour je me retrouve dans une situation similaire de vulnérabilité, de souffrance, d’impuissance qu’ils fassent envers moi un geste ultime d’amour.
Ce sont des discussions à avoir de notre vivant quand on a toutes nos facultés et notre pouvoir parce que je sais que nous avons tous une date de péremption d’étampée dans le front, c’est juste qu’on ne la connaît pas.
L’être humain de par sa nature et pour se protéger se cache derrière une sorte d’indifférence du style : ça ne m’arrivera pas à moi, ce n’est pas le temps.
Ce n’est pas nous qui décidons c’est la VIE.
Vaut mieux être préparé et pas en avoir besoin que de ne pas l’être et en avoir besoin.
Qu’en penses-tu?
Carole Dionne
Guide en déblocage émotionnel
Auteure-conférencière-formatrice
www.caroledionne.com