Je prends soin des autres et pas de moi. Je n’éprouve plus de plaisir pour moi. J’ai l’impression d’être une vraie machine avec un mental à cent à l’heure. Je pense aux autres avant de penser à moi. Je m’oublie et je ressens une rigidité dans mes actes et mes pensées qui me font détester la souplesse et le lâcher-prise des autres. Je prends mes décisions en fonction des autres et pas en fonction de ce dont moi j’ai envie. Je n’existe plus. Etc.
Lorsque nous entretenons ce genre de paroles sur sa propre vie, les psychologues appellent cela le « complexe de Cendrillon » . Avez-vous déjà entendu parler de ce syndrome ? C’est le constat amer qui vous ramène à toute l’acidité qui se retrouve dans vos sentiments envers soi et envers les autres. Quand vous faites le constat que vous vous occupez plus des autres que de vous-même, ça vous glace le cœur et ça vous envoie le signal qu’il est temps de se laisser une vraie place.
Une vraie place de vie. Une place où vous vous autorisez à respirer seule pour de vrai sans vous soucier sans cesse du bien-être des autres avant le vôtre. Mais alors, comment se laisser une vraie place ? Pourquoi est-ce si difficile pour nous de s’octroyer cette liberté ?
En quoi ce sacrifice de rendre la vie plus agréable aux autres qu’à nous même peut-il devenir un mal -être qui vous gâchera l’existence ? Comment sortir du complexe de Cendrillon ? Comment l’écriture thérapeutique peut-elle servir pour en finir avec ce rôle de vivre que pour les autres ?
Qu’est-ce que le complexe de Cendrillon ?
Définissons ensemble ce qu’est le complexe de Cendrillon. On le définit chez les personnes qui ont cette tendance à s’occuper plus des autres que d’elles-mêmes. C’est le dévouement dans toute son ampleur qui peut aller jusqu’au sacrifice. En effet, lorsque nous avons cet élan de prendre soin des autres et que cela devient au fil du temps une identité que vous vous êtes collée à la peau, c’est là que vient le sacrifice de sa propre existence.
Les femmes sont plus atteintes du complexe de Cendrillon que les hommes. Colette Dowling dans son livre « The Cinderella Complex: Women’s Hidden Fear of Independence » attribuait ce syndrome aux femmes soumises et épouses fidèles. Mais cela est réducteur car aujourd’hui, hommes comme femmes peuvent vivre ce cercle vicieux lié au dévouement aux autres.
Saverio Tomasella, dans son livre « Se libérer du complexe de Cendrillon » explore plus largement ce syndrome en relevant l’essence même de la problématique qui est celle de trouver l’audace de vivre.
Le complexe de Cendrillon, c’est l’effacement de soi. C’est fondre ses désirs dans celui des autres.
C’est sans cesse se sacrifier pour obéir aux désirs des autres quitte à complètement s’ignorer à l’intérieur de soi devant les autres. Vous n’êtes plus en accord avec vos besoins personnels. Vous basculez vers ceux des autres et vous ne savez plus où se situent vos limites d’acceptation et de réalisation. Ce constat amène également au fait que vous perdez toute votre nature, votre potentiel au fil du temps.
Au départ, on est bien d’accord que prendre soin des autres c’est positif. Mais quand vous finissez par vous convaincre comme une vérité que vous êtes contente parce que les autres sont heureux et qu’il n’y a que cette phrase qui sort, vous êtes très clairement dans ce syndrome et vous vous voilez la face. Vous vous leurrez en vous défendant de cette façon. Le bonheur des autres passe avant le mien et ça me convient tant qu’ils sont heureux. C’est le cercle vicieux. Vous n’avez plus de place.
Le quotidien d’une vie peut vite virer vers ce bord-là et attribuer à une personne dans le foyer cette tendance fâcheuse à tout prendre sur le dos. Les corvées, le ménage, la surcharge mentale, les enfants, le travail, autant de sollicitations extérieures qui peuvent vous engluer dans ce rôle de Cendrillon avec cette tendance à vous oublier et ne pas savoir dire non ou stop.
Les conséquences du complexe de Cendrillon
Une fois que vous avez identifié le complexe de Cendrillon, et que vous avez atteint cette première étape de la prise de conscience que vous êtes bien dans ce syndrome, il est nécessaire de savoir de tout ce que cela peut générer en vous comme souffrances intérieures, comme blessures insupportables.
Les conséquences du complexe de Cendrillon :
- Dévalorisation de soi.
- Dépression.
- Comparaison aux autres.
- Abus de pouvoir des autres sur vous.
- Relations toxiques.
- Dépendance affective.
- Trouble de la personnalité limite.
Vous êtes borderline en tous points ! Le trouble de la personnalité borderline est caractérisé par un schéma omniprésent d’instabilité dans les relations, l’image de soi, les humeurs, le comportement et l’hypersensibilité à la possibilité du rejet et de l’abandon.
Vous n’en pouvez plus. Vous devenez amère, vous vous jugez sans cesse. Vous vous dévalorisez. Vous laissez plus de place au chagrin qu’à la joie. L’énergie est basse en vous.
Lorsqu’on cherche sans cesse à tout minimiser en charges pour les autres, lorsqu’on ne prend pas sa place en se révoltant ou en disant ce qu’on ne veut plus, on se perd. On commence à tourner en rond à l’intérieur. Vous ruminez sans cesse votre mal-être. Vous pouvez même finir par en vouloir aux autres et à considérer l’autre comme le parfait bourreau qui va vous manger la vie.
D’après un sondage de l’INSEE, 73 % des femmes en font plus que leur conjoint au sein du foyer. Nous avons bien du mal à nous dégager du patriarcat, du système phallocrate rendant à la femme son rôle de service aux autres. Les femmes ont cela en elle. Elles sont des génitrices et croulent sous le poids de la domination sociale.
Parfois, un conjoint ne sera pas forcément dans ce système pernicieux mais inconsciemment, il n’agira pas pour soulager sa femme. Il ne le fera que ponctuellement et laissera donc la lourdeur s’emparer de la femme.
Ce n’est donc pas à l’homme de sortir la femme de ce constat mais bien à la femme de sortir de cette peur de l’indépendance et donc de sortir des limites pour créer de nouveaux horizons.
On nous a appris à ne pas nous plaindre. On nous a appris à ne pas nous révolter trop souvent. On nous a dit de ne pas montrer toujours ses émotions. Pourtant il est important de sortir de cette zone une bonne fois pour toutes et de dire les choses en toute sincérité.
Ce lien de dépendance aux autres nous aliène de notre liberté et de notre autonomie. Colette Dowling définissait ce complexe comme étant celui qui déterminait nos relations amoureuses. La femme cherche le prince charmant qui la rendra heureuse.
Derrière cela se cache tout le sens de la dépendance à l’autre. Mon bonheur serait donc assujetti à l’autre. Son identité propre est donc vue uniquement sous le prisme masculin.
Comment sortir de ce syndrome une bonne fois pour toute ?
Devenez une égoïste constructive ! Arrêtez de vous maltraiter, de vous auto saboter sans cesse en cherchant une raison extérieure à votre bonheur. Votre joie est personnelle et elle doit se cultiver intérieurement. En étant égoïste, vous n’êtes pas un égocentrique. Vous allez au cœur de vous-même et vous vous recentrez sur vos besoins, vos désirs qui ne sont pas ceux des autres mais bel et bien les vôtres.
Renoncer à ses rêves, à ses désirs, vivre partiellement ou dans l’ombre de quelqu’un ne permet pas de créer de vraies relations.
Une relation d’amour, amicale ou professionnelle ne doit pas prendre l’ascendant sur toutes vos réalisations, sur votre existence. Ce n’est pas en vous reniant ou en vous éteignant que vous vous sentirez plus aimé ou accepté. Ceci est un effet placebo des relations humaines. Une personne qui vous accompagne sur votre chemin tel un confident cherchera toujours à vous laisser la place nécessaire.
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