Qu’est-ce que ça signifie quand quelqu’un prend sa tasse à deux mains, caresse l’anse de son verre ou pose une branche de ses lunettes sur sa lèvre inférieure? Pourquoi manipulons-nous les objets qui se trouvent autour de nous? Comment analysons-nous le langage corporel qui est lié aux gestes de préhension?
Langage corporel : pourquoi manipulons-nous les objets qui se trouvent autour de nous ?
Sommaire de l'article :
Le corps parle tellement plus que l’on ne le croit!
Le langage corporel contient énormément d’éléments à analyser que ce soit les gestes, la posture, la démarche, la façon de s’asseoir, de se tenir debout, les mimiques, les démangeaisons, les mouvements des sourcils, de la langue, de la bouche, des yeux… Or, les neurosciences démontrent de plus en plus les secrets que dévoilent notre non-verbal. Regardons ensemble quelques mouvements que nous effectuons avec un objet. Pensez à votre tasse de café, votre verre de vin, votre crayon, vos lunettes, etc.
Examinons quelques cas de langage corporel avec les objets
L’un des éléments qui revient souvent est celui en lien avec les lunettes. Nous pouvons les porter sur nos yeux, dans nos cheveux, accrocher à nos vêtements, mais vous remarquerez que lorsque les gens réfléchissent et qu’ils sont assez fiers du savoir ou de l’information qu’ils possèdent, ils ont tendance à aller porter les branches des lunettes à la bouche parce que justement ils sont à réfléchir et ils sont fiers d’être en mesure de contribuer à cette réflexion, d’apporter une information, de connaître un savoir.
Lorsque l’on analyse le langage corporel, il faut aussi regarder s’il y a ou non de la contraction musculaire dans le mouvement. Par exemple, si je joue avec mon bracelet et que j’y vais de façon lente, je suis donc dans un geste qui est plus lascif, plus relaxe. Il s’agit plutôt d’un mouvement pour m’autoréconforter, m’auto-récompenser.
Il est également possible que je souhaite me rapprocher de quelqu’un d’autre parce que je suis bien avec cette personne ou parce que j’ai envie de le séduire. À ce moment, je flatterais mon bracelet car, dans mon inconscient je désire toucher l’autre personne. Si au contraire, je tire sur mon bijou, mon corps exprime une tension et nous sommes alors dans un geste d’impatience, de colère ou d’agressivité.
Ce n’est pas l’objet dont nous devons tenir compte, mais du corps!
Ce n’est pas tant l’objet qui est touché qui est important. C’est la contraction musculaire et l’état corporel de la personne qui pose le geste. Il faut donc regarder l’ensemble du corps. Si nous regardons simplement le mouvement fait avec l’objet de façon individuelle, nous aurons peu d’information.
La même tasse prise avec la même main ne s’interprète pas de la même façon si le corps est crispé ou s’il est détendu. La vue d’ensemble, le contexte, le sujet de la conservation sont autant d’éléments à considérer dans l’analyse pour identifier l’hypothèse la plus raisonnable.
Regardez tout!
Évidemment, si je tire sur mon bracelet et qu’en même temps j’ai les jambes croisées vers la sortie et que mon pied commence à bouger, il y a des bonnes chances que nous soyons à ce moment dans l’impatience ou l’agressivité. Il est possible que les propos de l’autre me dérangent et que je souhaite quitter cette conversation. Si je tire sur le bracelet et que je penche mon corps vers l’avant, mais plus à droite, je suis probablement sur le point de lancer une réplique acerbe.
Idéalement, nous devons avons au moins 8 items simultanément et qui vont dans le même sens afin d’être en mesure d’avoir une hypothèse qui sera riche.
Observez le langage corporel dans la subtilité!
Il existe des gestes que l’on nomme micros fixations. Reprenons l’exemple d’un bracelet. Imaginez que je ne bouge pas, il n’y a pas de mouvement. Tout ce que je fais, c’est que je m’accroche à mon objet. Je pose ma main sur sur bracelet, je le tiens entre mes doigts. D’ailleurs, je pourrais tout aussi le faire avec mes lunettes, mes vêtements, la ganse de ma sacoche, des crayons ou des clés. Il y a un gestion d’un certain stress, d’un malaise. Le stress crée de la contraction musculaire. Pour se rassurer, le cerveau cherche alors quelque chose à quoi se raccrocher. Si le corps est bien, il se dépose sur un objet ou caresse se dernier.
Nous pouvons donc avoir une micro fixation, une micro caresse, une micro traction… ce sont tous des gestes qui sont différents. C’est cela qui est important à comprendre. Ce n’est pas le fait de jouer avec l’objet, mais plutôt le type de mouvement que je fais avec ce dernier. Sommes-nous dans une contraction ou dans une détente musculaire? Dans une hypertonie (contraction) ou hypotonie (relâchement)? Est-ce que notre état est positif ou négatif?
Il y a plusieurs autres mouvements, entre autres avec les vêtements. Ceux-ci révèlent une multitude d’informations sur la confiance en soi, sur la capacité à prendre en charge quelque chose, sur la volonté de prendre la parole. Je pourrai vous en parler dans un autre article ultérieurement!
Le message caché derrière le fait de bouger un objet!
Il y a aussi certains moments où nous allons déplacer quelque chose, l’éloigner de soi. Nous verrons cela alors que deux personnes discutent ensemble, par exemple dans une entrevue d’embauche ou dans une rencontre client-fournisseur. Si l’une des deux personnes n’est pas en accord avec les propos de l’autre, il est possible, à ce moment, qu’elle prenne son verre et qu’elle l’éloigne d’elle-même. Cela révèle qu’elle rejette l’idée. Cependant, au lieu de le verbaliser, elle le fait avec des objets.
Nous tassons un verre, des miettes, une assiette… il faut ainsi remarquer à quel moment le mouvement est fait et encore une fois, avons-nous une contraction musculaire? Parce qu’évidemment, je peux vouloir simplement tasser mon assiette parce que j’ai terminé de manger et je désire que la serveuse ou le serveur reparte avec, mais à ce moment-là, je vais le faire de façon « normale », c’est-à-dire, de façon détendue.
Mais, si je ne suis pas à l’aise avec ce qui est dit, si je trouve la rencontre menaçante, il est donc possible que le corps devienne plus raide. Nous pouvons vérifier à ce moment-là le poignet, les doigts et la mobilité des épaules. Donc, si je suis plutôt calme, le poignet aura un geste dans le même sens. Si je suis plutôt rigide, il restera droit et bien contracté, car il perd de sa mobilité. C’est pour cette raison que je reviens souvent sur la notion de contraction musculaire, car inévitablement, l’hypertonie (contraction) ou hypertonie (relâchement), nous permet de voir si la personne est relaxe, ou si au contraire elle vit un stress, un malaise.
Ces émotions peuvent être en lien avec énormément d’éléments. Ça peut être lié à la discussion que nous avons et peut-être aussi que la personne a reconnu quelqu’un derrière vous qu’elle ne désirait pas voir. Par exemple, je me souviens d’une cliente, qui a reconnu son ex sur une banquette dans le restaurant derrière moi. Inévitablement, son corps s’est contracté, ses gestes sont devenus rigides et sa façon de déplacer les choses devant elle en témoignait. Elle était inconfortable avec le fait que son ex soit présent et qu’il puisse entendre la conversation qu’elle avait avec moi. Évidemment, à ce moment, je n’ai pas pris pour acquis qu’elle était mal à l’aise avec moi, j’ai plutôt constaté son état corporel et j’ai posé des questions : « Est-ce que ça va? Je te sens moins détendue. Est-ce que quelque chose te dérange? » Elle a ainsi pu s’ouvrir sur la présence de son ex dans le restaurant.
Conclusion, dans les gestes que vous observerez, l’idée est de voir s’ils sont faits près de la personne ou en s’éloignant de celle-ci. Comme je le mentionnais, si cette dernière n’est pas à l’aise avec vos propos, elle peut alors déplacer un verre. Elle ne le rapprochera pas d’elle s’il y a un malaise avec ce qui est dit.
Annabelle Boyer
CRHA, mastercoach en neurosciences, praticienne en hypnose, experte en langage corporel
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