Quand on parle des croyances limitantes, il est en ce moment très tendance de voir des méthodes fleurir qui vont nous aider à les identifier, à les repérer, à les transformer ou à les combattre, pour nous permettre de toucher la fameux graal de la confiance en soi.
Et si se débarrasser d’une croyance n’était pas si simple que ça ? Réussir à dépasser un blocage pour mieux évoluer est un processus complexe que je vous propose de voir sous un autre angle. Il est grand temps de remettre en question ce que l’on imagine nous empêcher d’ aller de l’avant.
Beaucoup de personnes conduisent leur vie dans un système de pensée “situationnelle”. C’est la circonstance ou la situation qui nous pousse à choisir les comportements à adopter. La majorité des gens se sent ballotée par la vie, avec l’obligation d’y réagir, de se battre face aux événements extérieurs qui leur tombent dessus et qu’il faut gérer à tout prix, sans vraiment avoir de prise sur ce qui arrive.
Le problème est que ce sont les circonstances qui vont devenir le centre de notre vie et accaparer toute notre attention et notre énergie. Cela me fait penser à l’expression : « Se battre contre des moulins à vent. »
La questions que je me pose est : « À quel moment la personne va-t-elle se réveiller et reprendre les rênes de sa vie et de sa propre réalité ? Combien de temps encore va-t-elle se battre contre les moulins à vent ? »
Nos croyances sont en fait nos propres moulins à vent. Et nous passons tout notre temps à éviter de les vivre et nous puisons une énergie folle à nous défendre tant bien que mal pour anticiper la douleur qu’elles pourraient nous infliger. C’est totalement épuisant pour le cerveau, les émotions et pour le corps.
Alors, si vous vous sentez épuisé(e), dans votre vie professionnelle, dans votre vie personnelle, à la maison, dans votre tête, la première étape consiste simplement à vous observer. Rentrez en vous-même et demandez-vous honnétement si vous n’êtes pas vous aussi la proie d’un conditionnement qui vous pousse vers vos moulins à vent. Ce conditionnement ne vous laisse pas un instant de répit, n’est-ce pas ?
Cela dit, sans faire de jeu de mot, la croyance selon laquelle il faudrait repousser les croyances est une affirmation qui ne peut que vous faire échouer. Je vous explique pourquoi…
Structure de vie et expériences passées
Si on change la nature de nos comportements dans le but de s’adapter aux situations ou que nous évitons simplement de vivre ces situations, on obtient dans un premier temps des résultats satisfaisants, mais rapidement, c’est le retour à la case départ. La tension est trop forte, l’élastique nous ramène bien vite à nos vieux schémas.
Si nous voulons travailler dans les 20/ 80 de la loi de Pareto, c’est-à-dire agir sur les 20 % (les causes) qui gén!rent 80 % des conséquences, il est fondamental d’optimiser notre stratégie. L’idée derrière tout cela est d’arriver à choisir le chemin de moindre résistance. Il faut prendre conscience de ce qui pose vraiment problème, sans tourrner autour du pot, lpour arriver à suivre le chemin le plus fluide qui nourrit notre vie de manière positive. C’est donc ici très intéressant et bien plus productif de se concentrer non plus sur la croyance mais plutôt sur notre structure de vie, notre structure de soutien, celle qui conditionne tous nos comportements, ces mêmes comportements que nous aimerions faire évoluer.
Êtes-vous plus fort(e) que l’élastique ?
Quand on tente de modifier quelque chose dans les 80 % (les symptômes, les conséquences), on crée en fait une tension, comme si nous étions attaché à un élastique et que nous essayions de nous éloigner du point où il est attaché, pour aller vers notre but. Le souci, c’est qu’il arrive forcément un moment où l’on place l’élastique dans une telle tension, qu’il finit par nous rappeler à sa base, là où il va à nouveau pouvoir se relâcher. Alors commencer s’en dépêtrer de cet élastique ? Nombreuses sont les personne à se dire : « Je n’y arriverai jamais », et je les comprends.
Pour la majorité d’entre nous, notre vie est faite de ce mouvement d’oscillation où l’on se met en tension jusqu’à ce que cette tension nous ramène fatalement à nos schémas habituels. Il est donc naturel de se dire que l’on est incapable de faire évoluer notre vie. Et c’est une des raisons pour lesquelles il semble si difficile de changer et d’aller vers son plein potentiel.
Votre structure est-elle saine ? Vous permet-elle de vous épanouir ?
Cela peut vous sembler étranger de parler de structure quand on évoque le développement personnel, mais vous allez comprendre. Cette structure a un impact majeur dans notre vie :
- Si votre structure de soutien est saine alors, il y a de fortes chances de conduire votre vie dans des étapes qui tendent vers l’accomplissement. Le sentiment de sécurité apporté par votre structure vous donnes des ailes et vous êtes capable de faire ce qui vous plaît, de créer votre vie à votre guise.
- Mais, si votre structure de soutien est fragile alors, vous avez de grandes chances de faire un pas en avant et trois pas en arrière, et ce, de manière permanente, car vous allez sans cesse activer vos concepts et vos croyances limitantesn sans possibilité de recommencer de manière plus intelligente car votre structure n’agit pas comme un allié, mais comme un obstacle.
Prenons un cas concret
Martine me contacte parce qu’elle cherche un moyen de se libérer des croyances limitantes qui l’empêchent de vivre une vie de couple harmonieuse. Elle manque de confiance en soi dans ce domaine, ele ne peut voir que le verre à moitié vide et ses expériences vécues ne font que confirmer sa croyance qui revêt désormais pour ellela puissance d’une vérité absolue.
La croyance limitante qu’elle porte en elle est la suivante : “Malgré ma valeur, l’autre me vole mon dû et me prend ma couronne !”
Chaque fois que Martine se met en couple, tôt ou tard, l’homme la quitte et choisit une autre femme. C’est de plus en plus douloureux pour elle, elle vit un inconfort permanent dans ses relations amoureuses. Chaque homme qui s’en va, accentue son sentiment d’échec et d’incompréhension. Ce qui l’on comprend aisément.
Récemment Martine revit la même douleur. Elle surprend même son compagnon en train d’envoyer des messages à une autre femme ! Quand elle tente de le confronter, celui-ci vante l’intelligence de Martine, sa disponibilité pour lui, la grande amitié qu’il entretient avec elle, mais il affirme que jamais, il n’a souhaité s’engager avec elle.
Le scénario catastrophe se déroule à la perfection et l’homme s’en va. Bien évidemment, cela conforte Martine dans le fait qu’elle n’est jamais celle qui est choisie. C’est une blessure terrible pour elle. La petite voix de Martine lui dit qu’elle avait bien raison de se méfier, qu’elle n’arrivera jamais à vivre des choses nouvelles. Elle reste donc très pessimiste sur sa capacité à apprendre à gérer ce qu’elle vit ou à changer le scénario.
Comment aider Martine à identifier et freiner ses pensées limitantes ?
Je vous rappelle qu’au départ, Martine était venue me voir dans l’idée d’enlever une croyance limitante.
- Mais quand on veut travailler sur une croyance limitante, il ne s’agit pas de vouloir la changer, ni de l’effacer à jamais.
- Il faut changer la relation que la personne entretient avec sa croyance limitante.
Pourquoi ? Si la personne a ce type de croyance, c’est qu’elle porte en elle une structure sous-jacente très puissante qui fait exister et nourrit sa croyance négative : “Malgré ma valeur l’autre me vole mon dû et vole ma couronne.”
Si on ne travaille pas sur cette structure, l’élastique va vite rappeler Martine à ses schémas habituels et elle subira un nouvel échec amoureux.
En modifiant la structure sous-jacente, Martine pourra modifier la relation avec sa croyance et enfin sortir de ce scénario récurrent.
Je vous propose que nous regardions de plus près cette structure de soutien qui permet de nourrir la croyance négative
Ce qu’il faut prendre en compte, c’est qu’à force de vivre la rupture, le but de Martine n’est plus d’être heureuse, ni de créer un couple épanoui. Pour elle, il s’agit plutôt d’éviter de vivre encore et encore l’abandon et la perte de son pouvoir.
Le problème avec cette façon de se positionner face à la vie, c’est que l’on ne fait que fuir, avoir peur, éviter de souffrir, ce qui ne permet pas de créer un futur désirable et positif. Mais Martine n’est pas responsable, ce n’est pas sa faute. Vous allez vite comprendre pourquoi.
Dans un premier temps, je décompose la croyance négative :
- Malgré ma valeur,
- L’autre me vole mon dû,
- Elle me vole ma couronne.
D’où vient cette croyance limitante. Comment est-elle née ?
J’identifie que la structure sous-jacente qui fait vivre cette croyance est une structure “enfantine” qui accompagne Martine encore maintenant, bien qu’elle ait 50 ans et qu’elle soit une femme adulte.
Pour les personnes qui s’intéressent au Transgénérationnel, nous savons que la Triade Familiale Nucléaire est composée du père, de la mère et de l’enfant. C’est dans la structure familiale que nos croyances les plus puissantes et les plus coriaces prennent leurs racines.
Rapidement, j’identifie que la Triade que vit Martine est celle du Couple à 3.
Je précise qu’il existe 10 triades différentes. Mais je reviendrai là-dessus dans un autre article, sinon, ce serait trop long !
Revenons à Martine : dans les couples qu’elle forme, il faut être 3. C’est inconscient, Martine ne s’en rend pas compte. À chaque nouvel homme qu’elle rencontre, elle pense vivre une histoire différente, mais c’est faux. C’est toujours pareil et elle se retrouve toujours sur la touche, le coeur brisé. Martine vit donc son désir de faire à travers ce terrible prisme.
Qu’est-ce qui se joue dans cette Triade du Couple à 3 ?
Ici, Martine veut avoir une relation avec son papa, mais la mère autoritaire ne permet pas à l’enfant d’accéder à son père. Cette douleur restera ancrée profondément dans l’enfant, qui, une fois devenu adulte, va naturellement et inconsciemment, chercher à construire un couple où existera toujours une autre femme. Inconsciemment, le but de Martine est d’être plus forte que la rivale. Mais, dans l’état actuel des choses, c’est un combat perdu d’avance.
Ainsi Martine va revivre à chaque fois la même histoire, car la structure sous-jacente de sa croyance négative est toujours présente, bien qu’elle ne s’en rende absolument pas compte.
Elle vit ça comme une fatalité, tentant depuis longtemps de faire ce qu’elle peut pour changer, ajuster, faire un travail sur elle. Mais sans succès. C’est un peu comme si Martine sans le savoir, travaillait sur le symptôme, mais sans pouvoir aller chercher la véritable cause.
La véritable origine de nos propres croyances limitantes
Ce que nous venons de trouver est précieux, car à la lumière de cette découverte, la croyance limitante sans cesse réactivée à l’insu de Martine, nous livre enfin sa véritable origine. C’est fondamental pour qu’elle puisse changer la structure sous-jacente.
Quand Martine formule sa croyance, je vais vous décrypter ce qu’elle nous dit en réalité :
- “Malgré ma valeur“ : il faut comprendre que Martine considère qu’elle n’a pas de valeur, car son père n’a pas pu lui en donner quand elle était enfant.
- ”L’autre me vole ce qui m’est dû !” : Martine nous parle de sa mère qui prend le pouvoir sur le père et interdit l’enfant d’accéder à lui. C’est bien la mère “ l’autre” qui lui vole son dû (l’amour de son père) à la petite fille.
- “Et me vole ma couronne“ : Martine nous dit que dans cette interdiction de se connecter à son père imposée par la mère, celle qui porte la couronne est bien celle qui a toute autorité. Donc Martine n’a pas cette autorité légitime, elle devient alors illégitime.
Ainsi de manière inconsciente cette structure de soutien ne peut que pousser Martine à vivre l’amour dans un couple à 3 non désiré. Cette structure ne permet qu’une seule chose : remplir la prédiction de ne jamais être choisie.
Martine réalise alors que sa douleur de femme s’ajoute la douleur de l’enfant qui est encore plus douloureuse et insupportable.
Martine comprend alors que sa croyance limitante évoquée n’est pas dans la réalité, mais dans “sa réalité”. La bonne nouvelle est qu’il est possible de ramener Martine dans la réalité et de la faire sortir de sa réalité. On est d’accord, sa réalité, elle ne l’a pas voulue. C’est la dynamique de sa Triade du Couple à 3 qui l’a emprisonnée dans cette structure.
Une fois que la structure sous-jacente sera changée, alors de manière fluide et naturelle, la relation avec la croyance négative va s’estomper et permettre à Martine de choisir le chemin de moindre résistance pour réaliser un couple tel qu’elle le désire depuis si longtemps. Finalement, la croyance que Martine pensait avoir est devenue obsolète et cela se vérifie.
En effet, peu de temps après notre travail, Martine m’apprend qu’elle a rencontré un homme (qui est totalement disponible pour elle) et qu’elle sent une paix en elle vis-à-vis de la relation qu’elle entretient, qu’elle n’avait jamais connu jusqu’à présent. Il n’y a plus de riavle à abattre. Martine est sortie de l’emprise de l’élastique définitivement parce qu’elle n’a plus de lien avec sa croyance grâce au changement de structure sous-jacente.
Développement personnel : repérer et déconstruire les croyances limitantes, effet de mode ?
Pour conclure, j’ajouterais qu’il y a des modes dans le développement personnel, libérer les gens des croyances en est une. C’est quelque chose de très populaire dans les pays anglo-saxons. Je trouve ça très intéressant, car cela peut réellement aider.
Cela dit, ce qui m’intéresse, c’est d’aider les gens durablement, pour couper l’élastique qui les ramène fatalement à leur point de départ, c’est pourquoi, quand on travaille sur les croyances, le travail sur la structure sous-jacente est crucial. Car c’est elle qui génère et conditionne nos croyances. Une fois cela identifié, on peut alors effectuer un nettoyage redoutablement puissant des croyances.
Vous l’avez peut-être vécu vous-même :
- Vous faites une séance avec un thérapeute ou un coach pour vous aider à résoudre un problème.
- Vous sentez immédiatement un bien-être et vous sentez prêt(e) à vivre de nouvelles choses.
- Mais peu de temps après, vous vous apercevez que la vie vous ramène dans les vieilles habitudes, les vieux schémas que vous connaissez bien et dont vous vouliez vous séparer au départ.
La plupart des personnes qui viennent me voir sont dans ce cas-là. Pourquoi ? Parce que la majorité des outils qu’on leur propose s’attaque aux 80 % des conséquences.
S’attaquer aux 80 % demande un travail considérable et beaucoup de temps. C’est peu efficace. Mais pour moi, le plus gros souci que je vois dans cette façon de faire, c’est que l’on passe à côté des 20 % qui justement génèrent les 80 %. C’est comme soulager la douleur sans s’occuper de ce qui l’a causée en premier lieu.
Aller chercher la structure sous-jacente permet clairement d’aller toucher les 20 % qui auront bien évidemment un impact positif sur les 80 %.
PS : je ne dis pas que se libérer des croyances limitantes n’est pas bien, je dis simplement qu’il faut savoir ce que l’on fait. C’est une méthode qui peut être adaptée dans certains cas. Mais dans d’autres, quand la croyance est persistante, il faut creuser plus en profondeur pour voir si sa cause ne vient pas plutôt de la structure sous-jacente. Car c’est cette structure même qui peut empêcher la personne de se libérer de sa croyance. C’est donc un travail sérieux et complet qu’il faudra effectuer avant de proposer telle ou telle méthode.