Je reste là, immobile, comme un arbre enraciné dans une terre aride. Le ciel est immense, accueillant, mais mes ailes semblent lourdes, alourdies par le temps et les échecs. Combien de fois ai-je tenté de m’envoler, de quitter cet espace qui m’étouffe, ce lieu qui me retient sans même que je comprenne pourquoi. Chaque départ, chaque essai se termine de la même manière : je retombe, brisée, avec cette impression amère d’un envol avorté.
Il y a cette force en moi, un élan puissant qui murmure à mon esprit que je peux partir, que je peux être ailleurs, plus libre, plus légère. Mais à chaque fois que je m’apprête à m’élancer, quelque chose m’enchaîne au sol. Ce n’est pas visible, ce n’est pas concret, mais c’est là, solide, immuable. Une peur informe, un doute constant, un poids que je n’arrive même pas à nommer. Alors je reste. Là. Ici.
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Les échecs gravés dans l’âme
Ces moments où je pensais pouvoir partir me hantent encore. Je me souviens de chaque envol manqué, de chaque rêve qui s’est effondré avant même de prendre forme. L’air portait un parfum de liberté, mais il ne me suffisait pas. Il me manquait toujours ce courage aveugle, cette audace sans limite que je voyais chez les autres. Eux semblaient s’élancer sans crainte, sans hésitation. Ils prenaient des risques, affrontaient leurs peurs avec une facilité désarmante, et moi, je les regardais, fascinée, envahie par ce mélange de jalousie et de honte.
Ce qui me retient, c’est peut-être cette crainte sourde de l’échec. Parce que je sais combien il est douloureux de tomber. Parce que je sais combien il est difficile de se relever après avoir été brisé par ses propres attentes. Et à force de ne pas voler, à force de rester là, j’ai fini par me persuader que c’était là ma place. Que ce sol, bien qu’étroit, bien qu’étouffant, était mon lieu de vie. Que ces échecs répétés n’étaient que le reflet de ce que je méritais.
L’illusion d’un confort étouffant
Rester ici, dans cet espace que je connais par cœur, c’est confortable, du moins en apparence. Il y a une sécurité trompeuse dans l’immobilité, une fausse sensation de paix. On se dit qu’ici, au moins, rien ne peut nous atteindre. Ici, rien ne change, et c’est rassurant, n’est-ce pas ? Mais au fond, c’est cette même immobilité qui tue doucement. Le temps passe, les jours se succèdent, et rien ne bouge. Rien ne vit vraiment.
Je m’accroche à ce que je connais. Ce lieu, cette situation, cet état, c’est devenu une sorte de cocon. Pas un cocon doux et chaud, mais plutôt une prison dorée. Il y a un confort dans ce que l’on connaît, même si ce confort est synonyme de stagnation. L’inconnu, lui, fait peur. Partir, s’envoler, c’est prendre le risque de se perdre, de ne plus jamais retrouver ce que l’on a laissé derrière soi. Alors, parfois, je me convaincs que rester est plus sage, que le risque de l’inconnu est trop grand.
La peur de l’inconnu
Qu’est-ce qui nous retient vraiment ? Est-ce la peur de l’inconnu ou celle de l’échec ? Peut-être que ce sont les deux, étroitement liés, formant un nœud impossible à défaire. L’inconnu effraie parce qu’il est imprévisible, incontrôlable. Il n’offre aucune certitude, aucun réconfort. On ne sait pas ce qui nous attend, et c’est cela qui nous glace le cœur.
Mais en restant là, figée dans mes peurs, je me rends compte que je passe à côté de quelque chose de bien plus grand. Je vois les autres s’envoler, affronter l’inconnu, prendre des risques insensés, et parfois échouer, mais ils se relèvent. Toujours. Et moi, je reste là, paralysée par des peurs que je n’arrive même pas à formuler clairement. Est-ce l’échec que je redoute ? Ou est-ce simplement le changement, ce vent violent qui emporte tout sur son passage et qui ne laisse derrière lui que l’incertitude ?
La voix intérieure
Il y a pourtant cette petite voix en moi, enfouie sous des couches de doutes et de désillusions, qui continue de me dire que l’envol est encore possible. Que je peux encore essayer. Que ces échecs ne sont pas une fin, mais simplement des détours sur le chemin de ma liberté. Que l’important, ce n’est pas de réussir à chaque tentative, mais de ne jamais cesser de vouloir essayer.
Cette voix est faible, presque étouffée par le poids des échecs passés, mais elle est là, persistante, obstinée. Elle me dit que je peux encore me relever, que je peux encore m’élancer, que l’envol est encore à portée. Et peut-être que cette fois, ce sera différent. Peut-être que cette fois, je ne retomberai pas aussi violemment. Peut-être que cette fois, je pourrais m’envoler pour de bon.
Le poids de l’âme
Rester là, c’est comme porter un fardeau invisible. Chaque échec, chaque renoncement, s’accumule, formant une sorte de poids qui m’écrase un peu plus chaque jour. Et pourtant, ce poids est paradoxalement rassurant. On s’habitue à lui. Il devient une partie de nous. On finit par croire que sans lui, on serait perdu, que ce fardeau fait partie de notre identité. Mais est-ce vraiment le cas ? Ne pourrait-on pas être autre chose, autre part, loin de ce poids qui nous empêche de nous élever ?
Peut-être que la réponse est plus simple que je ne le pense. Peut-être que ce n’est pas tant l’envol qui est difficile, mais le fait de lâcher prise. De se libérer de ce poids que l’on porte depuis trop longtemps. Ce fardeau, ces peurs, ces doutes, ce sont eux qui nous maintiennent au sol. Ce ne sont pas nos ailes qui sont brisées, mais notre cœur, trop lourd, trop chargé de tout ce que l’on n’ose pas abandonner.
La liberté, un pas incertain
Et si la liberté, c’était simplement accepter de ne pas savoir ? De ne pas avoir de réponses toutes prêtes, de ne pas tout maîtriser. S’envoler, c’est accepter de tomber, c’est accepter l’incertitude, le doute, et l’éventualité de l’échec. Mais c’est aussi accepter la possibilité de quelque chose de nouveau, d’inattendu, de merveilleux. On ne sait jamais ce qui nous attend de l’autre côté du vide, mais est-ce une raison pour ne jamais essayer de le franchir ?
Il est facile de se convaincre que rester ici, là où tout est connu, est la meilleure option. C’est rassurant, c’est stable. Mais à quel prix ? À force de rester là, on finit par oublier ce qu’est la liberté, on finit par croire que cette immobilité est notre état naturel. Pourtant, la liberté n’est jamais confortable. Elle est toujours un pas incertain, un saut dans l’inconnu.
L’espoir du prochain envol
Et si cette fois, je m’envolais vraiment ? Si cette fois, je laissais derrière moi toutes ces peurs qui m’ont clouée au sol pendant si longtemps ? Je n’ai aucune garantie que ce sera un succès, aucune certitude que je ne tomberai pas encore une fois. Mais je sais que je ne peux plus rester là, immobile, à attendre que quelque chose change sans que je fasse le premier pas.
Je regarde le ciel, immense, infini, et je sens cet élan en moi qui grandit, qui me pousse à essayer encore une fois. Peut-être que ce ne sera pas parfait, peut-être que je ne volerai pas aussi haut que je l’avais imaginé. Mais ce n’est pas l’important. L’important, c’est de s’élancer, de tenter, encore et encore, jusqu’à ce que mes ailes retrouvent leur force, jusqu’à ce que je m’envole enfin.
Nelly
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