Les gestes parlent : l’art de lire le langage corporel

Les gestes parlent : l’art de lire le langage corporel

Il n’est pas possible de lire avec précision dans les pensées, mais que le corps, lui, parle énormément! Il le fait même avant que la parole ne prenne le relais. Lorsque l’on commence une formation en lecture du langage corporel, qu’il s’agisse de synergologie ou d’autres méthodes, la première personne que l’on analyse, c’est soi-même.

En effet, les gestes anodins comme une démangeaison ou un mouvement de main en disent long sur ce que nous ressentons ou pensons inconsciemment. Très souvent, quand on commence à étudier l’analyse du langage corporel, on a le sentiment que le corps nous « trahit ». Ce n’est pas que le corps nous trahit, c’est qu’il est tout simplement honnête. Ce que nous n’avons pas su exprimer verbalement, le corps l’a dévoilé.

Les signes non verbaux que nous envoyons sont parfois perçus avant même que nous en soyons conscients. Des études montrent que notre inconscient prend des décisions plusieurs secondes avant que nous ne les réalisions nous-mêmes. Par exemple, des recherches ont prouvé que notre corps réagit jusqu’à cinq minutes avant que nous prenions conscience d’une excitation sexuelle. Cela montre à quel point le corps anticipe les pensées et les émotions.

Ce dialogue entre l’inconscient et le corps ne concerne pas seulement nos interactions sociales, mais peut aussi avoir des conséquences plus graves. Dans une étude réalisée sur des agresseurs sexuels et des tueurs en série, il a été découvert que ces criminels choisissent leurs victimes principalement en fonction de leur démarche et de leur poignée de main. Ces indices non-verbaux leur permettent d’identifier des personnes vulnérables avant même qu’elles ne s’en rendent compte.

Alors, pourquoi est-il si important d’apprendre à lire ces signes ? Avec cet outil, nous pouvons mieux comprendre nos propres blocages et ceux de nos interlocuteurs, et ainsi améliorer nos relations et nos interactions. Ce que notre corps révèle peut-être un véritable atout pour mieux se connaître et comprendre ce que nous essayons parfois de cacher à nous-mêmes.

Les mythes du langage corporel : ce que votre nez ne vous dit pas

Depuis les années 1970, de nombreux mythes entourent le langage corporel, souvent mal interprété. Un exemple récurrent ? « Si votre interlocuteur se gratte le nez, il ment. » Ce mythe, pourtant populaire, est faux dans 95 % des cas. Alors, pourquoi cette confusion ?

En réalité, les démangeaisons du nez peuvent avoir plusieurs significations, mais elles ne sont pas automatiquement liées au mensonge. Vous pouvez vous gratter sur différents points du nez – côté gauche, pli droit, près des narines, ou même proche de l’œil – et chaque démangeaison correspond à un état émotionnel différent. Avant de tirer des conclusions hâtives, il est donc essentiel de comprendre la diversité de ces signaux.

De plus, si vous vous grattez le nez avec la main gauche ou la droite, l’interprétation diffère. La main droite qui irait gratter du côté gauche, par exemple, peut créer un « bouclier » devant vous, un geste potentiellement défensif. Ici, l’important n’est pas tant la démangeaison que la manière dont la main interagit avec le corps.

Cette différence trouve ses racines dans la neuroscience. Notre cortex gauche contrôle la partie droite du corps, et inversement. Le cortex gauche est principalement lié au langage et à l’organisation de la pensée, tandis que le cortex droit se concentre sur l’imagination et la perception spatiale. Ainsi, un geste du côté gauche est souvent associé à des pensées introspectives, tandis qu’un geste à droite peut indiquer une interaction avec les autres ou un regard vers le futur.

Lorsque nous interprétons ces gestes, c’est notre inconscient qui communique à travers le corps, souvent pour exprimer des émotions non verbalisées. Par exemple, lors d’une discussion avec un client, notre inconscient peut enregistrer un malaise que nous ne percevons pas consciemment, et ce malaise se manifeste parfois par des démangeaisons. En prenant conscience de ces signaux corporels, nous pouvons mieux comprendre nos émotions et analyser les situations avec plus de recul.

L’importance de l’intuition et des signaux corporels dans les relations humaines

Dans les relations humaines, particulièrement lorsqu’il s’agit de relations toxiques, il est fréquent de se rendre compte, après coup, que des signaux d’alerte étaient présents dès le début. Beaucoup de personnes confient avoir ressenti une intuition ou un « feeling » lors de la première rencontre, mais elles n’ont pas écouté ce pressentiment. On entend souvent : « j’aurais dû m’écouter, je l’ai senti, mais je ne l’ai pas suivi. ».

Cette capacité à ressentir des signaux corporels est souvent sous-estimée. Pour illustrer ce propos, je vous propose une anecdote personnelle. Lors d’une activité de réseautage, je me retrouve face à un homme, plus grand que moi, qui envahit immédiatement ma bulle personnelle, se tenant à seulement 40 cm de moi. Alors qu’il me serre la main, il pose sa deuxième main sur mon poignet. Ce geste, loin d’être anodin, est souvent utilisé inconsciemment par des personnes cherchant à établir une forme de domination. Quand les gens veulent contrôler, ils visent instinctivement une articulation, comme le poignet ou le coude.

Ce geste a immédiatement éveillé en moi une réaction physique instinctive, due à mes nombreuses années de pratique du karaté. J’ai adopté une posture de défense sans même m’en rendre compte, prête à me battre si nécessaire. C’est mon fils, remarquant mon changement d’attitude, qui m’a permis de prendre conscience de la situation. Ce simple geste de contrôle a finalement révélé la véritable nature de cet individu, qui s’est avéré être un arnaqueur.

Cette histoire met en lumière l’importance de la lecture des signaux non-verbaux dans les interactions sociales, et plus particulièrement dans les relations humaines.

Comprendre les muscles involontaires

Le corps contient des muscles involontaires qui permettent de mieux distinguer les sourires authentiques ou forcés. Par exemple, un vrai sourire se manifeste par une contraction des muscles autour des yeux, réduisant la fente palpébrale et créant les petites rides aux coins des yeux. À l’inverse, un sourire forcé étire les lèvres horizontalement sans remonter les coins de la bouche. C’est pour cela que les gens qui mettent du Botox ne devraient pas s’en inquiéter : les rides aux coins des yeux signifient simplement que vous souriez sincèrement.

Au-delà des interactions sociales quotidiennes, cette capacité à décoder les signaux non-verbaux est particulièrement précieuse dans des contextes plus intimes, comme les nouvelles relations amoureuses. Est-ce que le désir est sincère ? Est-ce que l’intérêt est réel ? Ces questions trouvent souvent des réponses dans les expressions corporelles involontaires de l’autre.

Le mythe des bras croisés : une fausse interprétation courante

Un sujet souvent mal compris est celui des bras croisés. Nuançons l’idée reçue selon laquelle ce geste est systématiquement un signe de fermeture ou de désintérêt. Dans seulement 5 à 10 % des cas, ce geste indique un désengagement. Les autres raisons peuvent être bien plus anodines : il fait froid dans la pièce, la personne souffre d’une épaule, ou elle cherche à mieux intégrer une information ou est simplement confortable dans cette position. Croiser les bras peut même servir à se protéger d’une surcharge émotionnelle tout en restant attentif à l’interlocuteur. Ce mythe, tout comme celui de la « démangeaison du nez » associé au mensonge, sont des simplifications trompeuses.

Conclusion

En d’autres termes, il est important d’observer l’ensemble du corps et non seulement un geste isolé. Et l’idée de mieux comprendre la communication non-verbale est d’apprendre à créer de belles relations et à poser des questions intelligentes pour offrir un terreau fertile à l’authenticité.

Annabelle Boyer
Mastercoach praticienne en neurosciences motivationnelles, hypnose, analyse du langage corporel et activation du changement.
CRHA, Génagogue, M.SC. Administration, Intervention et changement organisationnel