L’impact du vocabulaire sur notre bien-être et nos croyances
Nous avons souvent tendance à utiliser un vocabulaire qui, sans que nous en ayons conscience, peut être nuisible à la fois pour nous-mêmes et pour nos interlocuteurs. Ces mots, répétés quotidiennement, programment en nous des croyances limitantes et génèrent un sentiment de lourdeur inconsciente, drainant ainsi notre énergie.
Chaque mot que nous utilisons émet une fréquence et finit par devenir une « vérité » pour notre cerveau. Par exemple, lorsque nous répétons constamment « pas de problème », notre esprit se focalise sur le mot « problème ». Cette répétition active l’amygdale cérébrale (située dans le cerveau et non dans la gorge), qui interprète ce message comme un signal de danger. Résultat : nous attirons inconsciemment davantage de problématiques.
Modifier notre langage pour attirer le positif
Plutôt que de répondre « pas de problème » lorsqu’on nous remercie, optons pour « avec plaisir ». Cette simple reformulation émet une énergie positive et change notre perception. De même, répondre « ça va merveilleusement bien » est beaucoup plus bénéfique que « ça va pas pire ».
Douleur vs souffrance : reprendre le contrôle
La douleur est une réaction immédiate à une situation, tandis que la souffrance résulte du temps et de l’attention que nous consacrons à cette douleur. En ruminant, nous nourrissons des émotions négatives. Mais en choisissant de se concentrer sur ce qui va bien, même dans des moments difficiles, nous reprogrammons notre cerveau pour privilégier le positif.
Nous sommes des aimants de ce que nous vibrons
Nous n’attirons pas ce que nous voulons, mais ce que nous vibrons. Si nous sommes plongés dans la tristesse, la colère ou la lourdeur, et que nous ne libérons pas ces émotions, nous continuerons à attirer des situations similaires. Cela est dû à notre système réticulé activateur, une petite zone de notre cerveau inconscient, qui interprète nos sensations et sentiments comme des indicateurs de ce que nous désirons.
Positivité et déni : une fausse perception
Adopter un langage et une pensée plus positifs ne signifie pas être dans le déni. Au contraire, c’est une manière consciente et responsable de rediriger notre attention vers ce qui peut nous élever, plutôt que de rester prisonniers de ce qui nous alourdit.
Donner un sens aux épreuves : la leçon de Viktor Frankl
Rappelons-nous de Viktor Frankl, un psychiatre qui a consacré une grande partie de ses recherches à la résilience. Lui-même rescapé des camps de concentration durant la Seconde Guerre mondiale, il s’est interrogé sur la manière de trouver un sens aux souffrances et aux épreuves de la vie.
L’une de ses réflexions majeures est la suivante : quel sens puis-je donner à l’épreuve que je traverse ? Que ce soit une tâche qui ne me motive pas ou une situation difficile, la clé est de relier cette expérience à quelque chose de plus grand que l’inconfort, le découragement ou la fatigue qu’elle peut provoquer.
Transformer la perception pour motiver l’action
Prenons un exemple concret : après une longue journée, il peut être difficile de trouver l’énergie pour aller s’entraîner. Pourtant, en me répétant que je suis « le garde du corps de ma maison », je me crée une identité valorisante et un objectif clair. Ce sens que je donne à l’entraînement dépasse ma fatigue, et cette pensée me pousse à prendre mes clés et à y aller.
Cela ne supprime pas la fatigue, mais cette démarche me permet de ne pas écouter mon « identité saboteuse » — celle qui, par paresse, préfère rester sur le canapé à regarder des séries. En réalité, mon véritable besoin, même en état de fatigue, est de libérer du cortisol (l’hormone du stress) et de stimuler la sécrétion d’endorphines (les hormones du bien-être). L’exercice physique répond à ce besoin et m’apporte un bien-être réel.
Le piège du cerveau paresseux
Comme le souligne un concept intéressant : le cerveau a une tendance naturelle à la paresse. Il choisit souvent la facilité à court terme, au détriment des bénéfices à long terme. Cela demande donc une certaine discipline pour reprogrammer nos pensées et prioriser ce qui nous fait réellement du bien.
La puissance de la communication non violente (CNV)
Un autre point clé est l’importance d’une communication non violente (CNV), notamment avec soi-même. Beaucoup pensent savoir ce qu’est la CNV, mais sans une étude approfondie, nous risquons de ne pas réellement l’appliquer.
La première étape fondamentale de la CNV est l’observation des faits sans jugement. Par exemple, si j’ai un différend avec quelqu’un et que je dis : « il m’a répondu bêtement » ou « il a été méchant », je suis déjà dans l’interprétation. Ces mots reflètent des jugements et non des faits objectifs.
La CNV propose plutôt de décrire les faits comme on le ferait pour résoudre un problème mathématique :
- Jugement : « Il a été méchant. »
- Fait : « Lors de notre discussion, il a utilisé tel mot, et moi tel autre. »
En éliminant jugements, critiques et reproches, nous posons les bases d’un dialogue apaisé et d’une meilleure compréhension mutuelle.
La distinction entre émotion et construction mentale
La deuxième étape dans une démarche de communication non violente consiste à identifier le sentiment ou l’émotion dans laquelle on se trouve. Cela peut sembler simple, mais c’est souvent ici que ça se complique.
Il est crucial de distinguer :
- L’émotion authentique, qui est une réponse instinctive et archaïque issue du cerveau reptilien.
- Le ressenti mental, qui est une construction de notre cerveau influencée par nos expériences passées.
Par exemple, les six émotions de base universelles – la colère, la tristesse, la peur, la joie, le dégoût et la surprise – forment un point de départ sécuritaire pour cet exercice. Nommer clairement l’émotion permet de rester connecté à la réalité de ce que l’on ressent au moment présent.
Les sentiments : une projection sur l’autre
Il est important de faire attention au vocabulaire que nous utilisons pour décrire nos émotions. Dire :
- « Je me sens rejeté » ou « Je me sens trahi » implique une accusation implicite envers l’autre, comme si nous disions : « Tu me rejettes » ou « Tu me trahis ».
Or, ces formulations ne reflètent pas une émotion brute, mais plutôt une interprétation mentale. Cela peut nuire à la communication, car cela place la responsabilité de nos émotions sur l’autre personne.
Reprendre la responsabilité de ses émotions
Nos émotions nous appartiennent entièrement. Ce n’est pas l’autre qui « me met en colère » ou « me rend triste ». Ce sont mon cerveau et mon corps qui, face à un comportement ou une parole, déclenchent des hormones ou des neurotransmetteurs, générant une émotion.
Ainsi, la clé est de nommer l’émotion authentique et d’assumer la responsabilité de ce que l’on ressent. En restant sur les émotions de base – colère, tristesse, joie, peur, dégoût ou surprise – on reste fidèle à ce qui est véritablement ressenti, sans se perdre dans des constructions mentales.
Les blessures émotionnelles et leur impact
Les sentiments complexes, comme se sentir rejeté ou incompris, sont souvent liés à des blessures d’enfance non résolues. Par exemple :
- Un enfant ayant vécu avec un parent peu disponible émotionnellement peut développer un sentiment d’abandon ou d’injustice.
- Plus tard, dans un contexte de travail ou une relation personnelle, une situation similaire (manque de temps ou d’attention de la part d’un interlocuteur) peut réactiver ces sentiments enfouis.
C’est comme une plaie non soignée au creux de la main : si quelqu’un serre cette main, ce n’est pas la poignée de main qui est le problème, mais la blessure sous-jacente qui n’a jamais été traitée.
Prendre soin de ses blessures émotionnelles
Une fois adulte, ces blessures deviennent notre responsabilité. Il est essentiel de :
- Reconnaître la blessure : Identifier son origine et comprendre comment elle influence nos réactions actuelles.
- Chercher des outils ou de l’aide : Travailler sur ces blessures avec des professionnels ou des ressources adaptées (thérapie, coaching, etc.).
- Reprendre la maîtrise : En guérissant ces blessures, on diminue leur impact sur nos relations et sur la manière dont nous interprétons les comportements des autres.
En somme, ce processus demande du temps et de l’engagement, mais il permet de libérer des schémas répétitifs et d’aborder les situations avec plus de sérénité et de clarté émotionnelle.
Étape 3 : Identifier et assumer son besoin
La troisième étape de la communication non violente consiste à reconnaître son besoin. C’est souvent un point de confusion, car beaucoup pensent que leurs besoins dépendent de l’autre. En réalité :
- Un besoin est personnel : Il nous appartient entièrement.
- L’autre n’a aucune obligation d’y répondre : Attendre de l’autre qu’il comble un besoin revient à lui imposer une responsabilité qui n’est pas la sienne.
Prenons un exemple :
Si vous ressentez un besoin de connexion avec quelqu’un, mais que votre conjoint, épuisé par une journée difficile, a besoin de solitude, il est normal qu’il ne puisse pas répondre à votre besoin dans l’immédiat. Sa priorité est d’abord de prendre soin de lui-même pour retrouver un équilibre et être éventuellement disponible plus tard.
Comment répondre à son besoin soi-même ?
Puisque le besoin vous appartient, c’est à vous de chercher des solutions pour y répondre. Par exemple :
- Vous pourriez méditer, pratiquer une activité physique ou faire une sieste.
- Vous pourriez appeler un ami ou consacrer du temps à une passion personnelle.
En trouvant des moyens de combler vos besoins par vous-même, vous devenez autonome émotionnellement et réduisez les attentes envers les autres. Cela favorise une relation plus équilibrée et saine.
L’importance de l’amour de soi
Lorsqu’on dépend des autres pour combler nos besoins, cela révèle souvent un manque d’amour de soi. Si vous attendez constamment qu’une autre personne intervienne pour vous « sauver, » c’est peut-être parce que vous ne prenez pas assez soin de vous-même.
Se responsabiliser, c’est accepter que :
- Vos besoins vous appartiennent, tout comme vos émotions.
- Vous êtes capable d’agir pour vous-même, sans attendre que quelqu’un d’autre le fasse à votre place.
Étape 4 : Définir ses attentes avec clarté
La quatrième étape concerne vos attentes. Mais attention :
- Une attente ne doit jamais devenir une exigence.
- Elle doit être formulée comme une proposition que vous faites à l’autre, sans obligation.
Par exemple, vous pourriez exprimer à votre conjoint :
« J’aimerais qu’on prenne un moment pour discuter plus tard, quand tu te sentiras disponible. »
Cependant, pour retrouver un vrai équilibre, vos attentes principales devraient être tournées vers vous-même. Si vous voulez aller mieux ou ressentir un changement, il est essentiel de :
- Prendre les actions nécessaires : Réfléchir à ce que vous pouvez faire concrètement pour améliorer votre situation.
- Être acteur de votre vie : Attendre des autres qu’ils « vous rendent heureux » revient à leur donner le contrôle sur votre bien-être et à fuir votre propre responsabilité.
Reprendre le pouvoir sur sa vie
Devenir pleinement responsable de sa vie vous permet de retrouver votre puissance personnelle. Cela signifie :
- Changer son vocabulaire interne et externe : Parler à soi-même et aux autres avec bienveillance et clarté.
- S’accorder des moments de ressourcement : Ce n’est pas en multipliant les activités qu’on se régénère, mais en prenant du temps pour soi de manière consciente.
- Poser des actions concrètes : Identifier ce qui peut vous aider à mieux vivre vos émotions et combler vos besoins.
Lorsque vous acceptez d’être le créateur de votre vie, vous vous libérez des attentes irréalistes envers les autres. Vous pouvez ainsi adopter une posture proactive, où vous avez le pouvoir d’apporter les changements nécessaires pour votre bien-être.
Votre bonheur ne dépend pas des autres. Il dépend des choix que vous faites et de la façon dont vous prenez soin de vous-même.
Conclusion : Les outils pour se transformer
Pour ceux qui souhaitent évoluer et s’aider à mieux vivre, il existe de nombreux outils et ressources. Parmi eux :
- Le Grand dictionnaire des malaises et des maladies de Jacques Martel
Ce livre est une référence incontournable pour comprendre les liens entre nos maux physiques et nos émotions. Jacques Martel est également connu pour sa méthode des bonshommes allumettes, un outil puissant pour travailler sur nos attachements émotionnels. - Le pouvoir des mots
Dans ce livre, Jacques Martel explore comment notre vocabulaire influence notre vie. En lisant cet ouvrage, j’ai réalisé à quel point certaines de mes expressions étaient limitantes. À partir de là, j’ai choisi de transformer mon langage pour qu’il devienne plus constructif et positif, en travaillant expression par expression. Par exemple, j’ai remplacé des phrases comme « pas de problème » par des formulations plus encourageantes. - Autres lectures inspirantes :
- Comment j’me jase de Jacques Hébert : un livre fascinant sur la communication avec soi-même.
- Arrosez les fleurs, n’arrosez pas les mauvaises herbes : une réflexion sur l’importance de nourrir ce qui nous fait grandir plutôt que ce qui nous freine.
- Le pouvoir des mots d’Alain Samson : une autre excellente ressource pour comprendre et utiliser un vocabulaire qui soutient une vision positive de la vie.
- Libérez-vous de votre passé et accédez à votre puissance d’Annabelle Boyer : un guide concret présenter des données vulgarisées des neurosciences et des outils pratiques transformationnels.
Le choix de changer
Changer son vocabulaire, c’est aussi choisir d’attirer plus de positif dans sa vie. Cela demande un effort conscient, mais les résultats en valent la peine : on développe une attitude plus optimiste et on améliore sa relation avec soi-même et avec les autres.
Annabelle Boyer
Mastercoach praticienne en neurosciences motivationnelles, hypnose, analyse du langage corporel et activation du changement.
Conseillère en développement organisationnel, Génagogue, M.SC. Administration, Intervention et changement organisationnel