Par Fabrice Renault
Pardonner n’est pas chose facile. C’est un acte pourtant capital pour soi-même, avant toute autre considération. Mais il est vrai, comme pour tout ce qui se rapporte aux sentiments et à l’affect, que la confusion peut prendre le dessus sur la raison. Vouloir pardonner, c’est bien, mais cela ne garantit rien. Des blessures émotionnelles peuvent réapparaître longtemps après les faits, alors même qu’on les croyait oubliées. Quelques repères peuvent aider à cheminer vers le pardon.
Les étapes pour accéder au pardon
Identifier les étapes qui mènent au pardon est une démarche à laquelle je vous invite, pour comprendre les mécanismes qui sont en jeu dans le processus blessure/pardon/guérison.
1 – Considérer sa blessure
Cette première étape est bien sûr primordiale, avant toute autre considération : admettre que l’on est blessé. On constate que beaucoup de personnes ne parviennent pas franchir ce cap. Pourtant, cette reconnaissance pose les bases qui permettent de ne pas sous-estimer la blessure et ses conséquences. C’est une condition pour accéder au chemin du pardon qui mène à la guérison.
2 – Refuser la souffrance
Quand on est blessé, le reflexe consiste à s’enfermer dans sa souffrance. Ce processus naturel peut rapidement se révéler comme le foyer d’une rancœur naissante. Pour s’en préserver, il faut refuser cette souffrance, la repousser.
Cela demande de la volonté. Car notre société tend à banaliser la violence tout comme la souffrance. Non, il n’est pas normal, ni acceptable de souffrir. Celui qui entretient ce sentiment restera hermétique à toute forme d’aide extérieure. Au contraire, le refus de souffrir est un moteur puissant qui facilite le franchissement des obstacles au pardon.
3 – La rancune affecte notre être
Entretenir sa rancœur est néfaste pour soi-même avant tout. Il est nécessaire de comprendre que le sentiment négatif qui nous habite alors, créé nécessairement des tensions intérieures qui nous affaiblissent.
Rien ne sert de vouloir se protéger en haïssant, c’est un leurre. En agissant ainsi, on finit par s’écarter des autres et se rendre inaccessible à l’amour dont on a tant besoin. Finalement, on a beaucoup à perdre que de s’imposer « de ne pas aimer » quelqu’un. On risque à terme de devenir responsable de son propre malheur. Ce faisant, l’illusion devient totale quand on finit par croire puis de se persuader, que tout est de la faute de l’autre.
Pour être en mesure de pardonner, il faut prendre en compte les limites de l’autre. Tout le monde peut faillir ou être vulnérable, comme « je » peux l’être également. Il appartient à chacun de ne pas se polluer l’existence en cumulant et cultivant la négativité. Une bonne méthode pour y parvenir est d’aller vers cet autre, aussi imparfait soit-il, comme je le suis également.
4 – Prendre soin de soi
Il ne faut pas négliger de panser ses blessures émotionnelles. Les traces de ces blessures peuvent être profondes, ce qui nécessite de se faire aider. Aucune honte à avoir, accepter de l’aide c’est se reconnaître en difficulté comme tout à chacun peut l’être. C’est une sorte de pardon que l’on s’accorde à soi-même de ne pas être une personne autonome et forte en toute occasion.
Accepter d’être aidé, c’est aussi s’exposer au regard extérieur, avec toute l’énergie et l’amour qu’il peut véhiculer. L’acte de soin commence ainsi, par ce sentiment d’exister dans le regard bienveillant de l’autre. C’est une preuve d’amour dont on aurait tort de se priver.
5 – Accepter que l’autre ne changera pas
Comprendre c’est pardonner
Certains y parviennent, pour d’autres c’est plus difficile et même impossible. Sont-ils condamnés pour autant ? Non bien sûr. Quand ni la situation, ni les ressentis n’apparaissent de façon claire, il est plus utile d’accepter le fait que chacun puisse être faible que de s’entêter à comprendre pourquoi.
Une autre erreur consisterait à attendre une réparation de la part de celui qui nous a offensé, ou encore : de s’attendre à ce qu’il change. Il est tentant que de se conforter dans cette idée que la solution viendrait d’ailleurs que de soi. Cela nous empêche d’avancer et amène à ne rien entreprendre de son côté.
6 – Questionner ses sentiments
Quand enfin, on pense en avoir fini, il n’est pas inutile de le vérifier. Pour savoir si on a réellement pardonné, on ne doit ressentir aucune blessure à l’évocation des événements passés. Le sentiment d’avoir véritablement tourné la page doit être sans ambiguïté. Il est nécessaire d’être aussi honnête que possible avec soi-même.
Car si certaines blessures passent avec le temps, d’autres restent vives, mal dissimulées derrière un détachement de façade. Mais on ne trompe pas son subconscient. Tot ou tard, notre corps exprime par différents symptômes possibles les maux de notre esprit.
7 – Travailler à l’origine de la rancœur
Il apparaît bien que les blessures qui persistes sont à l’origine de la rancœur. Les plus traumatisantes peuvent ne pas se cicatriser toutes seules. On voit bien qu’il ne suffit pas de vouloir pardonner pour que cela fonctionne. Les émotions doivent êtres débloquées pour rendre le pardon possible. Car le risque est bien celui d’entretenir une rancœur tenace, avouée ou non, mais belle et bien néfaste.
8 – Les faux pardons à éviter
Le pardon n’est en aucun cas une obligation. On ne pardonne pas pour faire plaisir, ni par crainte ou même par politesse. Aucun bénéfice à attendre de ce côté là. Au contraire, il faut nécessairement s’attendre en retour à de justes conséquences.
Car le faux pardon est une illusion qui peut se transformer en punition pour son auteur, au niveau de ses relations sociales, de son amour propre, de sa santé psychique et jusqu’à sa santé physique.
9 – Pardonner pour flatter son ego
Une autre erreur consisterait à se réjouir outre mesure d’avoir su pardonner, ou bien de se croire meilleur que celui qui n’aurait pas su le faire. Même si l’acte du pardon est noble, le réduire à n’être qu’un performance personnelle ne fait que révéler l’absence de détachement pourtant indispensable à un réel pardon.
Cela traduit immanquablement la présence d’une blessure non résolue. La personne concernée n’est pas prête pour pardonner.
10 – Un pardon ne constitue pas une excuse
Pardonner est différent du fait d’excuser. Quand on abandonne tout ressentiment négatif ou toute rancune, cela ne consiste pas à considérer que les faits n’ont pas eu lieu, ou que rien ne s’est passé.
Le pardon sincère de la victime enlève à l’agresseur du poids de sa dette. Mais un acte répréhensible reste un acte répréhensible, qu’il soit pardonné ou non. En d’autres termes, le responsable doit réparation pour sa faute auprès la victime et jusque devant la justice selon la situation concernée.
Vous disposez maintenant des outils essentiels pour pouvoir pardonner
Peut-être pourriez-vous décider de revisiter de vieilles rancœurs ? Les quelques points abordés ici doivent permettre à chacun d’accéder au vrai pardon. N’hésitez plus, il n’y a aucune raison de croire que ce sont les faibles qui pardonnent. Bien au contraire, car en réalité il faut du courage pour parvenir à se libérer du poids de la rancœur, pour se réaliser dans la relation.
SOURCE : Dix étapes pour pardonner vraiment et se libérer par Fabrice Renault