Un congédiement, une déception amoureuse, un discrédit médiatique, une crise financière, la maladie, il y a tant d’épreuves dans une vie. Et il y a de ces situations où l’on doute de soi parce que d’autres se font un plaisir de nous rabaisser, de nous critiquer, de mentir, de nous prendre ce que nous avons de plus précieux : l’espoir et la confiance en un avenir meilleur. Parfois, des êtres médiocres gagnent la partie. Ça arrive dans la vraie vie. Vous connaissez ces personnes qui n’acceptent pas la réussite des autres, leurs talents, leur valeur et qui, dès qu’ils en ont l’occasion, écrasent, insultent, critiquent et se sentent ainsi supérieurs. Il est alors difficile d’être soi, d’affronter la peur de tout perdre, la douleur physique et mentale, l’incertitude, la manipulation. En ressortir plus fort, plus reconnu, plus crédible, plus en paix avec soi-même, c’est possible et ça s’apprend. Parce que personne d’autre ne peut être vous-même, il est temps de renaître de vos cendres et d’être enfin la personne que vous avez choisie ! Mais encore faut-il affronter un ennemi redoutable : le risque d’épuisement !
Reconnaître l’épuisement avant qu’il ne soit trop tard
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Faire face à l’obscurité
C’est juste avant l’aube qu’il fait le plus noir. Cette phrase, je me la suis répétée si souvent en période de tourmente pour me rappeler que tout finit par passer, même les pires orages. L’obscurité effraie et terrifie même, en partie parce que l’on ne sait pas ce qui nous attend dans l’ombre, mais beaucoup aussi parce que l’on imagine les pires scénarios catastrophes. Et il y a ces sentiments lourds, ce vide, cette angoisse qui peuvent nous envahir. On souffre durant une crise, quelle qu’elle soit.
Un ami m’a dit un jour que le Bon Dieu nous envoie les épreuves qu’il croit que l’on peut surmonter. Bien des fois j’ai cru que le divin avait largement surestimé ma force et ma capacité de résilience ! Il y a de ces périodes de vie où les tuiles nous tombent sur la tête les unes après les autres, sans pause, sans répit et on a juste envie de crier : « Non, mais ça suffit, oui ? Fichez-moi la paix ! J’ai eu ma dose ! » Mais ça ne marche pas ainsi. On a beau hurler à l’univers qu’il doit nous laisser en paix, les épreuves semblent se présenter en cascades, jamais deux sans trois et pourquoi pas quatre tant qu’à y être ?
Sortir du pattern
Quand tout va de travers, on n’y voit plus clair et les problèmes s’accumulent. Ça fait partie d’un cycle et tant qu’on répète les mêmes comportements, tant qu’on a la même attitude, on obtient les mêmes résultats négatifs. Il faut donc changer son état d’esprit et agir de façon intelligente, organisée et confiante. Mais, se « sortir de la marde », pour reprendre l’expression de l’auteur Bill Marchesin[1], on fait ça comment ? On s’y prend de quelle manière pour gérer le flot de pensées saboteuses ? Quelle est la marche à suivre pour changer le cours de notre vie quand les embûches s’accumulent ? C’est quoi le plan de match quand on a le cœur à l’envers et que la douleur est insoutenable ? Comment on garde la tête haute quand de fausses informations circulent sur nous ? Une fois que la crise éclate, on la surmonte comment ?
Certains disent que rien n’arrive pour rien. Peut-être. Possible. Mais quand on est en plein coeur de la tourmente, on s’en balance pas mal de cette maxime. On veut juste que ça s’arrête, que le calme revienne, que tout rentre dans l’ordre, avoir moins mal. On ne peut rien changer aux aléas de la vie, mais l’on peut choisir sa réaction… ça aussi c’est facile à dire ! Quand on souffre, c’est vraiment difficile d’arrêter le petit hamster dans sa tête et de se concentrer sur le positif. La plupart du temps, on ne le voit même pas et, pour le peu d’éléments constructifs que l’on parvient à nommer rationnellement, les évoquer ne procure pas suffisamment de bien pour apaiser ces sentiments si négatifs qui nous envahissent à cet instant-là ! S’axer vers la pensée positive, on y arrive par moments, par bribes, mais les doutes et les craintes reprennent le dessus très vite. L’angoisse face à l’avenir est omniprésente et elle ne veut pas se taire.
« Si on vit une épreuve, c’est que l’on a quelque chose à apprendre d’elle », m’avait dit un ami. Et si l’on n’apprend pas, la vie nous offre d’autres opportunités de mieux comprendre, paraît-il. Une amie m’avait répliqué que l’on choisit de le voir ainsi et d’en tirer un apprentissage. Qui sait ?
Mais ce que je sais, c’est qu’avec le temps et surtout les bons guides, on peut apprendre à mieux gérer la souffrance, à se relever plus rapidement et surtout plus sereinement à la suite d’un coup dur.
Réaction des autres
Une collègue me disait qu’au Québec, on est dur avec ceux qui réussissent, ce qui fait que, dès que quelqu’un se démarque, se distingue, certains le critiquent et cassent du sucre sur son dos. Ils se sentent ainsi plus importants, moins misérables, meilleurs que l’autre. La jalousie, l’envie et le mépris prédominent. Les attaques peuvent être virulentes. Et quand on a beaucoup de détermination, que l’on souhaite s’en sortir, on redouble d’efforts. On met les bouchées doubles. Il y a alors un risque évident d’épuisement… mais ce risque est évident pour ceux qui regardent aller la parade, pas forcément pour ceux qui se démènent et qui tentent de ne pas y laisser leur peau. Voici donc quelques éléments à surveiller.
Que l’on soit fatigué en raison d’une période de « rush », c’est répandu, mais quand cela perdure de nombreux mois, le corps ne parvient plus à reprendre le dessus, la chimie du cerveau se désorganise et le raisonnement de la personne en est affecté. Les signes d’épuisement sont nombreux. Ce qu’il importe de retenir, c’est non pas tant leur apparition que le fait que ceux-ci perdurent. En effet, les éléments (ou manifestations?) de fatigue importante ou de choc émotionnel sont logiques, normaux. Mais quand la personne ne parvient pas à remonter la pente, il importe d’intervenir.
Observation
Pour chacun des items que je vais mentionner, il faut se demander s’ils sont présents temporairement ou s’ils sont là depuis des mois. Parce que quelqu’un qui est fatigué en raison d’une surcharge de travail ponctuelle ou qui vit, par exemple, une séparation n’a nullement besoin de se faire dire qu’il a l’air « magané ». L’observation synergologique ne donne pas le « droit » d’envahir l’autre. Il est un outil qui vous permet de mieux comprendre et de tendre des perches. Mais l’autre a toujours la liberté de les saisir ou pas… Lorsque la situation apparaît grave, rappelez-vous d’en parler aux (ou de le diriger vers les?) professionnels de la santé.
Yeux
Vous le savez, quand vous avez passé une nuit blanche, vos paupières sont lourdes et enflées. Si vous avez beaucoup pleuré, elles sont rougies et d’autant plus gonflées. Mais il arrive aussi qu’elles s’affaissent. Une paupière supérieure gauche affaissée témoigne d’une tristesse chronique. C’est aussi visible dans les cas de dépression. À droite, on parle davantage d’un stress chronique, d’un épuisement professionnel. Par ailleurs, en temps normal, le blanc de l’œil est principalement visible de chaque côté de l’iris. Quand la paupière s’affaisse beaucoup et que le blanc devient apparent continuellement dans le bas de l’œil, il y a lieu de se poser des questions. En effet, l’épuisement entraîne un affaissement musculaire au niveau du visage qui provoque ce phénomène. En cas de grande colère, cela se produit aussi, mais ça ne dure que le temps de l’émotion pure (5-10 minutes). Dans un cas d’épuisement émotionnel, on l’observe surtout du côté gauche. Lorsqu’il s’agit d’un épuisement professionnel, il est très visible à droite. Quand l’épuisement est généralisé et perdure trop longtemps, les deux yeux sont très affectés. Les clignements de paupières sont peu nombreux et lents.
Énergie et fluidité
Une personne en épuisement a moins d’énergie. Cette carence, une fois généralisée, se ressent dans l’ensemble du corps. Il y a alors moins de gestes et ceux-ci sont davantage en pronation, c’est-à-dire que les mains et les pieds sont retournés vers le corps. Pourquoi ? Tout simplement parce que, quand on ne va pas bien, on a tendance à protéger sa bulle, à replier son corps pour se protéger. Les épaules peuvent se vouter, les bras peuvent rester le long du corps ou se croiser, mais ils auront moins tendance à aller vers l’autre lors des conversations. Les paumes des mains vont s’orienter non pas vers les cuisses, mais plutôt vers l’arrière. Plutôt que de former un V, les pieds seront parallèles.
Démarche
La démarche est plus lourde. La fluidité des hanches est diminuée. La flexibilité héréditaire et sportive des gens vient déterminer la fluidité de base. Tous n’ont pas les mêmes capacités physiques et les particularités individuelles doivent être connues. Ce que l’on cherche, c’est une modification du non-verbal habituel et normal de la personne. Ça implique que vous avez déjà une base de référence vous permettant de savoir s’il y a une blessure ou un état personnalisé dont il faut tenir compte. Mais, si tout va bien normalement, en cas de burn-out, les hanches figent et la personne marche comme si elle avait un bloc de béton au niveau du bassin. Elle perd de la fluidité. Le mouvement semble non pas mécanisé, mais lourd, lent et perd de l’amplitude. Chez les femmes, la démarche devient moins féminine. Il y a moins de roulement au niveau des hanches.
Que faire ?
Quand de tels signes se présentent chez une personne de votre entourage, posez des questions et suggérez-lui de noter ses symptômes. Comment sont le sommeil, l’appétit, le niveau d’énergie, l’anticipation de la prochaine journée, la capacité de concentration et de mémorisation ? Souvent, les gens ne réalisent pas la gravité de leur état. Proposez ensuite à la personne d’aller voir son médecin et de faire appel à un psychologue en apportant la liste.
Si vous observez ce type de signes chez vous, en plus des conseils précédents, il serait important de planifier dans votre agenda des périodes de repos, d’autres de défoulement et enfin certaines de ressourcement. Quelle est la différence entre les trois ? Le sommeil, une sieste, le visionnement de film, un bain chaud sont des moments de repos. Le sport, la randonnée pédestre en montagne, l’exécution de longueurs de piscine représentent de bons défoulements. Le yoga, l’art, la participation à une conférence inspirante sont des éléments de ressourcement.
CONCLUSION
Vivre des instants de fatigue et d’épuisement liés à la vie professionnelle, ça fait pratiquement partie de la norme de nos jours, mais s’ils se répètent, vous êtes peut-être alors dans une situation où la planification est insuffisante. Tous les prétextes sont bons pour reporter le développement d’une vision stratégique, mais les bons leaders savent à quel point un alignement clair et bien structuré permet de sauver du temps, des ressources et de l’énergie. Vous êtes travailleur autonome? Assurez-vous, au moins une fois par année, de planifier le développement de votre marché, de vos produits et services et d’inclure dans votre emploi du temps des moments de détente et de ressourcement.
Annabelle Boyer
[1] Bill MARCHESIN, Comment se sortir de la marde, Boucherville, Béliveau éditeur, 2013, 152 p.