À l’heure où les enfants de la maternelle et du primaire ont repris le chemin de l’école, les plus grands reprennent eux aussi place dans les salles de cours. Beaucoup de parents se posent cette question : « comment les aider à s’adapter, résister aux pressions, au stress ? »
Le stress, tout le monde en parle, mais c’est quoi au juste ?
Les déclencheurs de stress sont nombreux dans la vie de nos enfants : la pression des parents, celle des enseignants, les relations entre camarades, les changements, le rejet, les nouvelles matières…
Le stress est une réaction, à la fois biologique et psychologique, déclenchée par un événement soudain. La réaction automatique, involontaire, nous aide à faire face aux situations d’urgence. Et puis, certains facteurs de stress persistent, s’accumulent ou reviennent régulièrement dans la vie de nos enfants. Ceux-là provoquent épuisement et découragement.
Cerveau en construction : attention fragile !
Le cerveau de nos enfants et adolescents n’a pas atteint sa pleine maturité. De ce fait, cela le rend vulnérable et plus sensible aux émotions et au stress.
Leur cerveau n’est pas toujours en mesure de filtrer les réactions automatiques que provoquent les émotions. Ils n’ont pas encore les réflexes pour se calmer par eux-mêmes. De plus, leurs hormones jouent au yoyo et renforcent les angoisses qui les habitent. Trop de pression, trop de facteurs de stress et leurs capacités d’attention, d’apprentissage, leurs facultés de mémorisation sont bloquées. Les chercheurs en neurobiologie estiment qu’une période de stress, d’environ trois semaines, altère durablement la maturation cérébrale.
Comment aider nos enfants, nos adolescents à bien vivre les périodes d’adaptation ?
Comme parents, enseignants, nous pouvons agir sur une quantité de facteurs au quotidien, pour réduire le stress et les aider à récupérer.
Évitez les programmes surchargés. L’enfant a besoin de jouer librement. Le jeu aide l’enfant à comprendre, à intégrer le monde et lui permet d’évacuer la pression et le stress de sa journée en collectivité (au passage les tablettes et autres écrans ne remplacent pas les jeux libres).
Suivez la même routine jour après jour, celle-ci permet aux enfants et aux adolescents de se structurer dans le temps et dans l’espace, elle sécurise. Avec les plus jeunes, vous pouvez créer un tableau. Celui-ci reprend les différentes tâches à effectuer le matin : je me lève, je prends mon petit déjeuner, je me brosse les dents… suivre la routine du matin et du soir donne de l’autonomie aux enfants et adolescents. L’autonomie renforce l’estime de soi !
Démarrez la journée dans le calme, évitez le bruit et les écrans qui excitent nos petits. Pensez aussi à leur faire préparer leurs vêtements le soir. Proposez deux tenues, l’enfant choisit celle qui lui convient. Faire des choix c’est important pour l’estime de soi et en plus le matin, pas de discussion! Vous pouvez faire de même avec la collation, les sacs de sport. Je vous donne une astuce géniale : prenez une photo de l’équipement complet et du sac. L’enfant (à partir de 6 ans) pourra ainsi observer la photo pour préparer son sac. Il gagnera en autonomie et vous gagnerez du temps…
Le sommeil est le meilleur des réparateurs et le meilleur remède préventif au stress. Un sommeil de qualité se prépare : pas d’écran avant de se coucher, pas de « smart phone » et autres appareils connectés dans la chambre. Pour les plus jeunes, une routine bien rodée les emportera au pays des rêves : histoire, moment calme, câlin, bisous, doudou et dodo dans une chambre bien aérée. Une bonne nuit compte entre 8 et 12 heures de repos et cela est aussi valable pour nos adolescents (les grasses matinées du week-end ne compensent pas le manque de sommeil de la semaine et surtout elles dérèglent le système hormonal).
L’alimentation aussi joue un rôle dans la gestion de nos émotions. Privilégiez les collations saines : fruits secs et les fruits frais au traditionnel biscuit.
Apprenez-leur les techniques de gestion de stress dites actives.
Elles donnent à nos enfants la possibilité d’agir sur leurs émotions, de ne pas se laisser submerger.
Leur cerveau n’est pas encore mature, c’est donc à nous, adultes, de les aider à exprimer en mots et de façon socialement acceptable les sensations désagréables qu’ils ne peuvent pas expliquer. Lorsque les mots ne peuvent pas exprimer les émotions, le malaise corporel et mental s’exprime par de la violence et de l’agitation.
Pour cela, nous devons leur fournir des hypothèses à partir de leurs sensations corporelles (une boule dans le ventre, dans la gorge, je sens ma respiration bloquée, j’ai envie de bouger, j’ai le cerveau tout ramolli, j’ai le cerveau qui explose en pulsation, j’ai froid ou chaud, j’ai les jambes sont molles ou au contraire dures…) L’enfant valide ou non les hypothèses et met du vocabulaire pour décrire ses émotions, l’adulte peut aussi lui proposer des stratégies socialement acceptables pour exprimer ce qu’il ressent et cela l’aide à se calmer.
En consultation, lorsque le vocabulaire émotionnel de l’enfant est pauvre, j’utilise un répertoire d’émoticônes et de visages pour l’aider à identifier ce qu’il ressent et vit. Lorsque l’enfant valide les hypothèses, je l’aide dans la recherche de solutions par des questions : « Est-ce qu’il a déjà vécu cette situation ? », « Comment a — il fait ? », « Est-ce que ce résultat était satisfaisant pour lui ? » Si le résultat qu’il a obtenu ne lui convient pas entièrement, nous recherchons ensemble d’autres solutions.
Ainsi, le stress de la rentrée scolaire peut contenir de l’enthousiasme à l’idée de retrouver les copains et les copines. Mais il contient aussi des peurs : peur du rejet, d’être à côté d’un camarade que l’on n’aime pas, de ne pas savoir répondre, de ne pas savoir faire un exercice… L’enfant peut être apeuré, inquiet, horrifié… Les émotions ont de multiples nuances qu’il convient d’explorer avec eux.
Rappelez-vous, l’émotion est toujours légitime, seule son expression doit être modulée de façon à être socialement acceptable : j’ai le droit d’être en colère contre mon frère, je n’ai pas le droit de le taper.
Dans la gestion de l’émotion, la question « pourquoi » demande une réponse justificative et ne permet pas à l’enfant de s’exprimer librement.
Apprenez-leur aussi à prendre conscience de leur petite voix intérieure. Non, je n’ai pas pris un méchant coup de soleil sur la tête. Le dialogue interne existe chez chacun d’entre nous. C’est lui qui nous fait ruminer durant la nuit, provoque des angoisses de mort chez les adolescents, paralyse devant le contrôle ou l’examen avec ce terrible message « t’es nul » « tu n’y arriveras jamais ». Il est intimement lié aux émotions. En effet, les émotions influencent le dialogue interne qui à son tour influence notre humeur, qui influence nos comportements… et vice versa.
S’ils sont demandeurs, inscrivez-les à un cours de yoga, de pleine conscience, de sophrologie, de relaxation… toutes les techniques dites de gestion passive sont utiles à l’enfant, l’adolescent lorsqu’ils ne peuvent plus agir sur les facteurs de stress.
Lâchez la pression, les enfants, les adolescents ne sont pas que des élèves, valorisez-les en dehors des activités scolaires, dédramatisez, soutenez-les.
Bonne rentée à toutes et tous !