Faites-vous la différence entre ce que vous acceptez réellement et ce semblant d’acceptation qui fait bonne figure ?
Êtes-vous cette personne qui dit « j’accepte », mais qui à l’arrière-plan, ressent « je n’accepte pas » ?
Êtes-vous celui ou celle qui pense avoir tout essayer pour sauver sa relation au point de voir en l’acceptation, le seul acte de résilience possible pour surmonter les épreuves de la vie conjugale ?
Si c’est le cas, je vous comprends parfaitement ! Parfois, nous sommes tellement perdus dans nos interrogations intérieures, dans cet auto-sabotage incessant que le simple fait de dire « j’accepte ce qui est » semble nous plonger instantanément dans le « tout va bien », même si cela paraît quelque peu illusoire. C’est comme si le simple fait de nous autoriser à accepter ce qui est nous permettait de nous évader un court instant de la dure réalité.
Ainsi, penser que l’on accepte l’autre dans sa globalité devient bénéfique, mais probablement trop éphémère. L’acceptation dites « faussée » va vous faire croire qu’il vous suffit de poser en déni votre véritable sentiment à son égard en délocalisant votre attention sur un point positif ou aimant chez l’autre dans le but de vous auto-persuader que tout va pour le mieux dans votre relation.
Ainsi, vous délocalisez votre attention sur quelque chose de plus acceptable dans l’espoir que ce « bon » sentiment perdure et vienne mettre un terme à ces périodes de discorde, parsemée de choses inacceptables.
Je n’ai rien contre ce principe qui consiste à se concentrer sur ce qui est bon, beau ou encore bien chez l’autre, à la seule condition que l’intention se doit d’être accompagnée d’une véritable démarche, à la fois ressentie et sincère. Se dire au détour d’une prise de conscience, « je t’accepte tel que tu es » est une bonne chose, mais cela ne vaut rien si vous ne ressentez pas au plus profond de vous-même, cette sincère envie d’aimer l’autre pour ce qu’il est.
Demandez-vous justement quelle est votre réelle intention ?
Avez-vous envie d’accepter ce que vous n’acceptiez hier dans le but de vous ouvrir à l’autre ou encore de changer une situation déplaisante dans le but d’améliorer sincèrement votre vie de couple ou est-ce un énième moyen pour vous rassurer vis-à-vis d’une situation que vous ne supportez plus, mais que vous refusez d’admettre ?
Aujourd’hui, beaucoup de personnes se tarent d’éloges en prônant l’acceptation de l’autre : « Tu sais, moi, j’aime ma femme/ mon mari pour ce qu’il/elle est », mais oublient trop souvent qu’ils prononcent ces paroles dans un instant d’euphorie, à l’instant même où tous les voyants de leur vie intérieure sont aux verts. Derrière ce parquet d’éloges transmis dans un état bien précis, se trouve l’autre réalité, celle qui est moins valorisante. Ainsi, lorsque le sentiment intérieur varie et laisse place à une émotion plus « douloureuse », le discours à l’égard de l’autre est aux antipodes de celui énoncé précédemment et de ce fait, le temps est propice aux reproches. D’un instant à l’autre, nous sommes passés de « l’acceptation » à une non-acceptation totale.
C’est drôle, mais ce qui fut une seconde auparavant une déclaration d’amour dans le respect et l’accueil de l’autre devient soudainement une source de rejet, comme si le pourquoi je l’ai valorisé hier devenait le pourquoi je le dénigre aujourd’hui.
Est-ce la limite de l’acceptation ?
Posez-vous simplement ces 3 questions :
Êtes-vous authentique avec l’autre, mais également avec vous-même ?
Osez-vous dire clairement à autrui ce que vous acceptez, mais aussi n’acceptez pas chez lui ou non ?
Avez-vous plus de facilité à accepter l’autre dans les périodes où vous vous acceptez vous-même ?
Vous savez … Accepter dans l’espoir de ne pas voir, ne pas se confronter à la véritable problématique sous-jacente n’est pas une véritable acceptation. Elle n’est qu’un moyen peu fiable de panser une plaie et non un acte d’amour garantissant l’harmonie du foyer.
L’acceptation devient vraie à partir du moment où votre discours tend vers le : « je t’aime pour ce que tu es » et non plus le « je t’aime uniquement lorsque tu fais ou encore m’apportes ce que je veux ». Accepter quand on reçoit est facile contrairement à l’acceptation en dépit de toute récompense.
Suis-je toujours en mesure d’accepter les défauts et différences de l’autre si je n’y vois pas mon propre intérêt ?
Cela me fait penser à quelque chose …
Il y a quelques années en arrière, j’ai reçu une cliente d’une cinquantaine d’années à mon cabinet d’hypnothérapie. Elle était désespérée suite à de nombreux traitements qui n’avaient jamais su réduire sa déficience visuelle. Malgré les divers rendez-vous avec les plus grands spécialistes dans ce domaine, son problème semblait empirer de jour en jour, la rendant progressivement aveugle. Il était probablement trop tard pour agir sur l’aspect physique, mais qu’en était-il d’un point de vue purement psychique ? La médecine traditionnelle avait-elle pris le temps de creuser de ce côté-là ?
Si je vous souhaite vous parler de cette femme, c’est justement parce que cette personne prônait beaucoup cette notion d’acceptation, sans savoir réellement ce qu’elle y mettait derrière. Cela restait très évasif, très « religieux » et traduisait vraisemblablement cette croyance :
« Même si ça ne va pas dans ma relation de couple, je dois accepter et continuer de vivre comme ça en prenant ce qu’il y a à prendre ».
Cette croyance issue de son éducation l’avait conditionné pendant une bonne partie de sa vie, bien qu’elle ait passé une grande partie de sa vie adulte à la contredire, sans pour autant réussir à agir différemment.
La question qui m’est venue à cet instant-là est la suivante : « Qu’est-ce que vous ne voulez pas voir ? »
Concept bateau ou question pertinente ? Sa réponse fut la suivante : « Je refuse d’accepter le fait que ça ne va plus avec mon mari. Je pose en déni mes envies d’ailleurs, tout comme je rejette mes pulsions sexuelles et affectives »
Elle était consciente de l’état désiré auquel elle inspirait, mais le schéma confortablement installé à l’intérieur était plus fort que sa volonté de changement. Elle refusait l’évidence pour se complaire dans ce faux discours qu’elle pensait sécurisant.
Quelques échanges plus tard, elle transforma son discours initiale en un double discours beaucoup moins convaincant que le premier :
« Vous savez, j’accepte mon mari tel qu’il est » pour rebondir l’instant d’après sur « Mais, j’ai besoin d’autre chose »
Première fausse note. Après m’avoir trouvé mille et une raisons de partir, elle orientait maintenant sa conclusion sur la seule unique raison de rester.
Selon vous, qui écoutait elle à cet instant précis ? La raison ou le coeur ? La peur ou l’envie ?
Pour moi, la réponse était claire, mais j’avais besoin de l’entendre de sa propre bouche : « Acceptez-vous réellement votre mari tel qu’il est ? Êtes-vous réellement heureuse ? »
Réponse : « Non, vous avez raison, je me force à l’accepter et je ne suis pas heureuse, je m’oublie au passage. Cela fait des années que je manque d’affection, que je me persuade d’avoir assez, mais ce n’est pas du tout ce que je ressens ».
Elle savait pertinemment , et ce, depuis le début, ce qui était bon pour elle, mais elle a préféré ne pas aller à l’encontre de ses principes. Elle avait respecté sans fauter cet héritage transgénérationnel au détriment du respect de sa propre personne. La vie lui avait envoyé bon nombre d’opportunités de changer la donne et c’est seulement aujourd’hui, dans la douleur qui l’habite physiquement parlant qu’elle en tire la plus belle des leçons.
Suite à ces séances, je n’ai malheureusement rien pu faire pour corriger ou encore améliorer son acuité visuelle, mais je lui ai donné quelque chose d’aussi précieux, le droit de faire (enfin) des choses pour elle. C’est ce qu’elle fut quelques jours après notre dernière séance, et ce, pour son plus grand bonheur. Il n’est jamais trop tard pour s’aimer assez pour faire des choses auxquelles on inspire. Chacun prend simplement le train en marche quand il se sent prêt.
Ce fut probablement l’un de mes plus beaux accompagnements dans lequel j’ai pu également tirer un très bon enseignement pour moi-même.
Je le dis souvent : Vous connaissez la réponse à la plupart de vos questions, mais la peur, entre autres, vous pousse à vous discréditer. Pourtant, vous êtes le meilleur thérapeute pour vous-même.
Alors, qu’attendez-vous pour reprendre votre vie en main ?