J’ai toujours été hypersensible, certains ont résumé ce trait de mon caractère, par « susceptible » , « trop fragile » , « trop stressée » ! Que des descriptions péjoratives qui reviennent à chaque fois dans la bouche de ceux qui ne savent pas nommer tout simplement la singularité de l’hypersensible que je suis par méconnaissance et ignorance de cette particularité.
Beaucoup de personnes préfèrent dévaloriser ou reléguer ce trait de caractère qui déplaît à quelque chose forcément de négatif, car ils ne veulent pas essayer de faire l’effort de mieux comprendre et préfèrent juger. C’est la nature humaine, hélas et nous devons respecter cette liberté d’être des uns ou des autres. Pour autant, il est indispensable de mieux connaître l’hypersensibilité.
Il est important d’expliquer à tous ce qu’on appelle l’hypersensibilité sans le réduire à une forme de fragilité. Par exemple, on me décrit souvent comme une personne qui prend trop les choses à cœur, ce qui me fait sourire car en soit ai-je vraiment le choix? Je ne le fais pas exprès, c’est ainsi que je perçois la vie ! Revenons donc sur cette expression « Prendre trop les choses à cœur » : qu’est-ce que cela signifie vraiment ? N’est-ce pas le parfait résumé de la manière d’être d’un hypersensible qui pense naturellement avec son cœur » mais qui n’arrive pas à recevoir en retour la même manière de communiquer, de « cœur à cœur » et non d’égo à égo .
Sa belle et intense sensibilité connecte l’hypersensible beaucoup plus à ses qualités du cœur et de l’âme qu’à ses intérêts personnels. C’est pourquoi il a du mal à comprendre bien souvent les enjeux des relations humaines où l’on doit sans cesse jouer un rôle et étaler son égo plutôt que ses qualités de l’esprit.
Malheureusement, cela a pour effet de mettre fréquemment l’hypersensible dans des situations difficiles où la dureté consciente ou inconsciente des autres le heurte violemment à travers leur propre manière d’appréhender les circonstances. Cette forme d’indélicatesse est ressentie dix fois plus par l’hypersensible et cause beaucoup de dégâts émotionnels.
Personnellement, cela m’arrive fréquemment de devoir m’isoler des groupes trop intenses pour ne pas subir encore et encore les mêmes effets dévastateurs d’une manière de communiquer souvent trop abrupte, blessante et incisive dans le seul but de se faire remarquer ou de dominer les autres, sans faire preuve de respect les uns pour les autres. Même si je reconnais à chacun le droit d’être libre et que j’ai un amour inconditionnel pour tous les êtres, j’ai appris par la force des choses à devoir fixer des limites pour ne plus être directement impactée par ces maladresses relationnelles qui causent beaucoup de souffrances aux hypersensibles.
Ce type de comportement bouscule, malmène et maltraite les hypersensibles car tout ce qui est dit de manière brutale résonne trop fort à l’intérieur de leur sensibilité et même si cela n’est pas dirigé contre eux, ils se sentent mal à l’aise comme s’ils subissaient eux-mêmes une atteinte ou une agression, et ils en ressortent comme vidés de leur bonne énergie et de leurs bonnes intentions comme s’ils devenaient un réceptacle de ce qui est négatif bien malgré eux : « une éponge émotionnelle » !
C’est comme si l’hypersensible devait à chaque fois s’adapter aux autres alors que ceux-ci ne font aucun effort pour malléabiliser leurs duretés. Il est nécessaire de changer cette mauvaise habitude qui consiste à ne pas tenir compte des individualités. La mission de reconnaissance des hypersensibles entrepris depuis plusieurs années avance peu à peu mais il reste encore beaucoup à faire, pour expliquer concrètement ce que cela signifie vraiment : « être hypersensible ». Nous n’en sommes encore qu’au début d’un long chemin à parcourir pour porter plus haut cette compréhension nécessaire sur ce trait de personnalité riche et complexe à la fois qui mérite qu’on s’y attarde davantage, pour mieux analyser ce qui est avant tout une nouvelle forme d’intelligence, et non un trouble ni une distorsion psychique.
En tout cas ce n’est pas un défaut mais bien une belle qualité du cœur, et l’hypersensible a tout simplement besoin de reconnaissance et de soutien et non d’un regard dévalorisant ou malveillant qui l’écarte d’emblée comme s’il était un être faible et inintéressant au cœur des relations humaines.
Tous les hypersensibles méritent que chacun fasse l’effort de mieux les comprendre pour qu’ils soient acceptés dans la force de leur caractère si particulier, fait de discrétion et d’empathie, voire même de grand altruisme pour les autres, sans que cela provoque un sentiment de malaise, de gêne comme s’ils n’avaient pas leur place dans l’équilibre des relations humaines.
En effet, même si un hypersensible, ressent de manière décuplée, toutes les informations sensorielles dans la vie quotidienne, il arrive grâce à sa force intérieure à marcher sur le fil des relations aux autres, sans perdre pied, en s’octroyant des temps de pause dans son cocon. Pour cela, il ne doit pas penser qu’il est faible mais qu’il lui faut s’approprier sa propre manière d’interagir pour moins souffrir. La socialisation est pour lui un défi constant pour apprendre à mieux gérer ses ressentis et pour mettre à distance ses émotions.
Les hypersensibles sont puissants à l’intérieur de leur bulle mystérieuse car ils savent cultiver les plus belles compétences humaines telles que la délicatesse et la finesse d’esprit, pour devenir des créateurs visionnaires de leur destinée. Ils sont par conséquent les ambassadeurs d’une nouvelle manière d’interagir avec plus de respect et avec plus de douceur en s’adaptant à tous les caractères. Chacun est apte à être attentif à l’autre pour le comprendre, l’écouter, l’accompagner et le soutenir à travers les nombreux challenges de la vie.
Seule la réciprocité permettra à chacun de mieux s’adapter les uns aux autres. Nous avons tous des valeurs différentes et les hypersensibles ont droit à leur liberté d’être pour faire leur expérience de la vie.
Vive les hypersensibles et fière de l’être!
Maryse Ligdamis de mesmotsdevie.fr