J’ai encore cru à l’amour, celui dans lequel on se jette à corps perdu, sans réfléchir, n’écoutant que le doux murmure du cœur. J’étais certaine que c’était la route à prendre, le chemin à suivre, celui qui me mènerait par delà les montagnes.
J’y ai cru tant et tant que je m’étais bâtie un monde fait de merveilles, de douceurs, de bonheurs simples qui à mes yeux valent toutes les richesses.
J’y ai cru tellement que j’ai même fini par oublier que ce que je vivais n’était beau que dans mon imaginaire et que la réalité, elle, était tout autre.
Je n’ai pas eu envie d’entendre, je n’ai pas voulu voir, j’ai mis l’éternité à comprendre, parce que ce que je ressentais moi, était d’une telle intensité, que je ne pouvais pas m’en défaire.
Avec lui j’ai fait connaissance avec l’amour, le vrai, le pur, celui qui n’a pas de barrière, de limite, qui fait tout pardonner, tout accepté parce qu’il est inconditionnel et que le bonheur de l’autre passe avant le sien. J’ai appris la patience, le pardon, la bienveillance, l’acceptation, le lâcher-prise. J’ai compris que la colère était un sentiment inutile qui nous guide dans la mauvaise direction et nous fait regretter amèrement d’avoir laisser parler l’ego. J’ai découvert que nous avons en nous une force inouïe qui nous permet d’aller plus loin encore, qui nous fait nous dépasser. C’est ce que j’aurais aimé qu’il apprenne aussi, qu’à me regarder agir en n’ayant peur de rien, ni de personne, lui donne l’élan d’affronter ce qui lui semblait insurmontable.
Mais vous l’aurez compris, il n’en a pas été ainsi…
J’étais pourtant prête à lui tenir la main, à lui donner mes forces, à le soutenir dans chacun de ses pas mais lui et moi n’étions vraisemblablement pas fait pour ça.
Il est des amours qui ne se vivront jamais au grand jour, qui s’abiment avant même d’avoir eu le temps de connaître le souffle de la liberté.
C’est triste.
Mais c’est triste pour qui, au fond ? Pour celle qui a tout tenté ou pour celui qui n’aura jamais osé ?
Bien sur je pourrais lui en vouloir de m’avoir menti, trahi, d’avoir fait passer son bonheur avant le mien, de m’avoir égoïstement gardée dans sa vie alors que lui savait qu’il n’était pas prêt à aller plus loin, mais je vais plutôt lui rendre le poids de ses fardeaux, j’en ai suffisamment porté pour deux et ne garder que ma responsabilité qui est d’avoir espéré notre bien, au risque de me faire du mal.
Pendant quelques instants je m’en suis voulue mais peut on se reprocher d’avoir été soi, d’avoir été vraie ? Non, je crois que le mieux est encore de continuer à se regarder amoureusement dans le miroir, de se souvenir par quoi on était animée tout au long de ces années et de repartir le cœur léger en gardant intacte la leçon.
Les paroles sans les actes ne sont pas des preuves, ce ne sont que des mots posés pour apaiser, pour faire gagner encore quelques instants hors du temps à celui qui doute, en berçant celui qui est sur de douces illusions.
Mais le temps est assassin, il peut tout ravager sur son passage et celui qui croit qu’il peut encore attendre demain, ne sait pas combien la Vie peut le prendre par surprise et lui enlever ce qu’il avait de plus beau, ne lui laissant que quelques miettes de souvenirs.
Parce que oui, je n’étais peut être qu’une cerise sur le gâteau, une lumière dans la noirceur de son quotidien, un oasis dans le désert des sentiments. Mais, j’entendais ses silences, je voyais son âme, je lisais ses pensées, j’ai même cru que nos cœurs battaient à l’unisson.
Ma seule certitude aujourd’hui est qu’il n’oubliera pas celle qui a été près de lui et si il n’en éprouve pas encore le regret, bientôt, il saura qu’on reconnaît le bonheur au bruit qu’il fait en s’en allant.
Ca peut paraître bien prétentieux, mais je le connaissais presque par cœur, je sais ce qu’il trouvait dans nos instants. Ne vous méprenez pas, ce n’était pas une vulgaire histoire de corps, non, c’était une connexion d’âmes, c’est en ça que nous étions magiques. On pouvait s’entendre et se ressentir même à des kilomètres l’un de l’autre.
Une rencontre comme celle la ne se fait qu’une seule fois par vie, mais on ne peut forcer personne à vouloir vivre l’extraordinaire quand l’ordinaire lui est si confortable, si rassurant et lui semble moins risqué que de partir à l’aventure de la Vie.
Mais là encore, ce n’est que ma vision, ma version, dans la sienne tout était toujours plus important que nous. Alors, je te dis Adieu mon bel amour, merci quand même pour ce moment…
Et parce que c’est une folie de haïr toutes les roses parce qu’une épine nous a piqué, je ne vais pas refermer mon cœur, je ne vais pas dire non à l’amour, je sais que mon autre, celui qui est véritablement fait pour moi, qui me respectera pour qui je suis, m’attend lui aussi quelque part. Et celui là, ne me fera verser que des larmes de bonheur, il ne me laissera pas prendre la poussière sur une étagère en attendant je ne sais quel miracle, parce que le miracle ce sera nous. Il aura ma force, mon audace et mon courage, ce sera un guerrier lui aussi, il aura peut être peur parfois, mais il saura qu’avec moi il ne craint rien parce que si je glisse ma main dans la sienne, ensemble, nous pourrons tout affronter et qu’il n’y a rien d’infranchissable.
Je repars avec mon cœur d’indienne, sans lui, mais confiante en mon demain, en ma bonne étoile qui veille sur moi…