Le « virus » de la dépendance affective affecte et tue plus de monde que n’importe quelle autre maladie ou pandémie ou que le coronavirus qui sévit actuellement. Au Québec, par exemple, trois personnes se suicident, par jour. En 2016, selon les statistiques de l’AQPS (Association québécoise de prévention du suicide), 803 hommes et 243 femmes se sont ôté la vie. Et ce sont à peu près les mêmes chiffres pour les années suivantes. Il faut savoir que la population du Québec équivaut à celle de Paris et la banlieue parisienne. Et ce foutu « virus » de dépendance affective frappe 98 % des êtres humains de la planète. Il ne provoque pas que le suicide, il pousse également au meurtre et, dans les cas moins graves, vous fait souffrir toute votre vie d’anxiété et/ou de dépression vous rendant totalement dysfonctionnel. Je l’ai étudié de près pour l’avoir vécu et terrassé à 40 ans ! Qu’est-ce que la dépendance affective et pourquoi touchent-elle autant de gens ? En êtes-vous atteint ? Quel en est l’antidote ?
La dépendance affective, c’est le manque de confiance et d’estime qui prend ses racines dans l’enfance par carence affective : vos parents ont loupé leur coup, alors qu’ils étaient censés vous donner reconnaissance, affection et protection pour développer votre confiance et votre estime. Pas du tout, peu, mal ou trop, ces trois éléments étant défaillants, votre corps grandit, mais votre croissance affective se bloque : vous voilà parfois, dans certaines sphères de votre vie, un enfant de six ans dans un corps d’adulte. Résultat ? Vous vous sentez souvent abandonné, rejeté pour un oui ou pour un non (surtout pour un « non » !), vivant de l’injustice à tout bout de champs, humilié parce que méprisé (c’est le lot de ceux qui sont esclaves des autres), vous sentant totalement trahi à cause d’une grande susceptibilité : vous barbotez allègrement dans les cinq blessures que Lise Bourbeau a mises à jour ! Et un enfant est terrifié par la solitude et continue, adulte, à courir après le fait d’exister aux yeux de quelqu’un ou, pire, de n’importe qui. N’ayant pas ou peu existé pour vos parents, c’est un manque que vous chercherez à combler désespérément toute votre vie. Cependant, le vide que vous ressentez à l’intérieur de vous ne peut se remplir par l’extérieur, mais de l’intérieur…
Le plus fou, dans la dépendance affective, c’est que plus vous êtes en manque d’affection et de reconnaissance, plus vous attirez ceux qui sont le moins en mesure de vous les procurer. Parce que celui qui donne tout pour acheter l’amour (le Desperado*) attire immanquablement celui qui prend tout sans ne rien rendre en retour ou si peu (le Trou noir affectif*). Le manque de confiance et d’estime vous propulse dans toutes sortes de pièges comme les échecs amoureux et professionnels, la solitude (aucune vie sociale), le célibat (incapacité à être heureux en couple), en plus des problèmes tels que la dépression, le burnout et le suicide. Il vous jette aussi dans des comportements d’enfant tels que la jalousie, les peurs, la colère, la peine, la bouderie, les caprices, la culpabilité qui, dans les cas extrêmes, vous rendent invivables aux yeux des autres et aux vôtres. Par peur des autres, vous devenez donc soit dominateur, soit dominé ou vous alternez suivant qui se trouve en face de vous. En fait, de votre conception jusqu’à aujourd’hui, vous êtes programmé par les personnes qui vous ont encadré et les événements malheureux qui vous sont arrivés et vous ont donné une fausse perception de la vie et une mauvaise image de vous-même. Voilà comment le virus de la dépendance affective s’implante et prend de la force au fur et à mesure des échecs subis. Et un beau jour, il pousse à la folie, au suicide ou à tuer.
Rassurez-vous, si vous vous reconnaissez dans ce qui précède, vous n’êtes pas seul ! Quand je vous dis que 98 % de la population subit cette mauvaise programmation, sur une échelle de 1 à plus de 10, c’est une réalité. Comptez autour de vous les personnes qui sont vraiment heureuses (méfiez-vous des imitations !) : elles sont heureuses célibataires ou en couple, ont le bon job, aiment leur domicile, ont une belle joie de vivre et une bonne santé. Combien ? Bien sûr entre 1 & 4 sur l’échelle, votre manque de confiance et d’estime n’est pas souffrant, vous vous en accommodez et vous attirez immanquablement une personne au même niveau que vous. Donc, il n’y a pas de violence, juste des petits accrochages dans votre vie professionnelle, sociale ou privée, c’est blessant, mais c’est supportable. Quand vous gravitez à 5 et plus, ça se corse… La violence est installée : violence verbale, psychologique dans la vie sociale, privée ou professionnelle, puis physique, économique et sexuelle dans la sphère privée. C’est à plus de 5 que le suicide et le meurtre entrent en lice, en passant par l’anxiété, la dépression, le burnout, les tics obsessionnels compulsifs et les phobies.
L’antidote à cette mauvaise programmation est de reprendre votre croissance affective à l’endroit où vos parents ou autres personnes toxiques vous ont « planté », en développant confiance et estime pour devenir adulte définitivement. Vous savez maintenant d’où viennent votre souffrance, vos échecs, votre mal de vivre, votre anxiété qui va parfois jusqu’au dysfonctionnement et aux pensées suicidaires. La bonne nouvelle, c’est que vous souffrez assez pour être très motivé à changer : foncez ! Vous pouvez en sortir, mais je l’ai fait. Vous savez ce qu’il vous reste à faire. Et ayez aussi un peu d’empathie pour ceux dont la souffrance n’est pas assez élevée pour les convaincre de se prendre en main, de grandir et d’accéder à une vie d’adulte épanouie. Mais est-il vraiment nécessaire d’attendre la catastrophe pour souhaiter évoluer ?
*Cf. « Le syndrome de Tarzan » (Béliveau éditeur) écrit par Pascale Piquet