Notre vie est marquée, depuis notre naissance par notre rapport au Monde. Dès l’enfance, nous avons été projetés brutalement dans sa dure réalité, à travers les relations difficiles et les situations tendues et conflictuelles qui nous entouraient ! On peut ainsi constater qu’on apprend plus facilement à un enfant à devenir dur plutôt qu’à être doux !
Un enfant, porte sur le monde un regard très innocent, naïf, fait de promesses d’affection comme de somptueux cadeaux de la vie qui l’attendent. Blotti au creux des bras de ses parents, il s’imagine protégé de toutes les souffrances ! Très vite, son point de vue change ! Il passe de l’insouciance de ses jeunes et belles années à l’inquiétude qu’il perçoit d’emblée chez les adultes qu’il côtoie! Les étoiles qu’il croyait voir briller dans leurs yeux finissent très vite par s’éteindre, pour faire place à des mines assombries par les soucis d’un quotidien pas si facile et qui n’épargne en rien les enfants !
Les larmes d’un enfant témoignent souvent de toutes ses incompréhensions, face aux duretés ressenties autour de lui, et deviennent des ruisseaux intarissables face à la peur qu’il ressent quand le voile se lève sur la réalité obscure de la vraie vie, faite de problématiques incontournables ! Les éclats de rire deviennent des éclats de voix ! Les parents peinent alors à masquer ce qui les confronte et ce qui les rend si tristes ! Ils échouent dans leur belle intention à protéger leurs enfants et à leur offrir un espace sécuritaire pour leur épanouissement ! Ils s’enferment dans des attitudes dures en raison de leurs propres souffrances, sans se rendre compte de l’impact sur la sensibilité du jeune enfant !
L’enfant se fait une image du monde dans lequel il évolue, à travers ce qu’il en découvre parfois précocement ! Ce qu’il a entendu ou vu, se grave pour toujours dans son inconscient, jusqu’à modifier son comportement ! Certains enfants deviennent émotifs et craintifs face au désarroi des parents dans leurs problématiques de vie ! D’autres deviennent plus rebelles et se mettent à faire les pires bêtises ! Chaque enfant réagit à sa manière ! Il associe des situations à des tensions ! Il entend des conversations bien malgré lui. Il épie ce qui se passe à travers son prisme de petit enfant et découvre l’envers du décor de ce petit monde de « l’innocence » bafouée et gâchée par tant d’instants pénibles à surmonter : au final, il comprend très vite que tout le monde n’est pas si gentil !
Le doux rêve de l’enfance se perd dans dans la brume de toutes ces turpitudes ! L’enfant se demande tristement : « où est donc caché ce petit monde d’amour dont on parle dans les contes ? » C’est la grande désillusion dans son petit cœur d’enfant, ce moment où il découvre que le monde des « Bisounours » n’existe pas, que Nounours ne va pas venir au-dessus de sa maison sur son nuage magique, pour l’aider à s’endormir au pays des rêves , ou toute autre histoire pour éviter les cauchemars du soir qu’on lui avait fait croire ! Il comprend que tout ce qu’on raconte dans les dessins animés ou dans les films n’est qu’imaginaire, que le Père Noël n’est qu’un vaste mensonge collectif !
Mentir est autorisé au final dans son esprit d’enfant, puisque tous les grands en abusent ! C’est dans les bras de son ours en peluche préféré qu’il réussit à se consoler de ce manque affectif qu’il ressent profondément ! Il finit par se créer dans sa tête, son petit univers féérique et s’enferme dans sa bulle, pour essayer de ne plus subir toute cette souffrance !
Les parents ne réussissent pas à répondre à ce besoin intense d’affection, à cette demande viscérale de tendresse et d’attention ! Ils se noient tellement dans leurs problématiques qu’ils ne sont pas, bien malgré eux, à la hauteur de leur rôle de parents. Ils accumulent des maladresses et broient inconsciemment entre leurs mains, le destin de ces petits êtres innocents ! Ils ignorent d’ailleurs, les conséquences réelles de ce manque affectif qui seront transmises de génération en génération. Un petit cœur brisé dans l’enfance, c’est un adulte en souffrance pour le reste de sa vie !
Manquer d’affection, c’est ne pas avoir eu son petit cœur d’enfant rempli d’amour suffisamment, c’est ne pas avoir reçu sa dose de douceur quotidiennement, c’est ne pas avoir été comblé dans son désir de tendresse. Le petit enfant est amené à supporter des charges émotionnelles trop fortes qui l’éloignent à jamais de la candeur et du bonheur faciles ! Tout semble tellement compliqué! Ce stress permanent et omniprésent qui tue tous les instants de bonheur où chacun compte le temps qui défile en suivant son tempo effrayant ! Alors la vie prend d’emblée une signification dure!
L’adulte en devenir est obligatoirement marqué par cette histoire et porte en lui les stigmates de cette enfance illusoire!
Pour les enfants hypersensibles, c’est encore pire ! Les émotions, ils ne connaissent que ça ! Ils ne lisent pas les lettres ou les mots aussi vite qu’ils ne déchiffrent les émotions ! Rien ne leur échappe ! Chaque vibration négative résonne comme un glas terrible ! Chaque énergie sombre est perçue comme autant de sentiments de malaise et de mal-être ! Parfois, ils pleurent pour faire comprendre leur détresse ! Parfois, ils s’agitent car tout va trop vite, trop de résonances en eux de ces souffrances qui les perturbent à chaque instant !
Jusqu’à quel point les parents savent-ils répondre au besoin d’être rassuré de chaque enfant constamment, d’être compris dans son émotivité à fleur de peau, d’être réconforté face à ses incompréhensions de la vie ? « L’enfant hypersensible » se sent sans arrêt, vulnérable et en danger. C’est dans les bras de ses parents qu’il se protège le mieux ! C’est dans leur cœur à cœur à deux qu’il puise un espace de sécurité pour ne plus craindre la relation aux autres. Le monde lui semble tellement hostile, qu’il voudrait s’en protéger en s’isolant ou en se mettant à distance des autres ! Ses attentes sont incomprises, on le qualifie d’enfant difficile, étrange ou fragile alors qu’il attend du monde un tremplin vers la douceur !
Les adultes tentent de masquer ce qui les trouble mais l’enfant détecte chaque seconde d’hésitation, chaque frisson d’émotions, chaque visage en colère, chaque tension palpable, chaque contrariété, chaque éclat de verre !
Il se fait tout petit pour ne par risquer de faire chavirer le Monde embarqué dans ses dérives ! Il tremble intérieurement à chaque souffle glacial, à chaque murmure effrayant ! Alors il en appelle à la tendresse, il lance un SOS de détresse pour plus de douceur, pour plus de caresse ! On pointe alors sa fragilité, sa vulnérabilité ! « Il faut que tu t’endurcisses », c’est ce qu’on lui répond en criant, quand il ose manifester ses émotions ! Sa différence d’hypersensible effraie et ils préfèrent tous alors ignorer ce manque dont souffre pourtant la société toute entière : le manque de douceur à travers l’écho de tous ces cœurs souffrant !
Les « sensibles » versus les « insensibles » !
C’est comme si alors, la vie devenait un ring avec deux camps, d’un côté ceux qui se disent « sensibles » mais qui le voient comme un défaut, une faiblesse ! Et de l’autre côté, les « durs », les « insensibles », ceux qui se disent forts, dominants, supérieurs, et qui masquent leurs émotions!
Chaque enfant devient un adulte avec un caractère différent : il y a ceux qui en prennent conscience et qui apprennent à se gérer ! Ceux qui disent ne rien ressentir, verrouillés dans leur armure émotionnelle rouillée ! D’autres encore qui écrasent les autres de leur caractère odieux en masquant leurs propres blessures ! Enfin ceux qui souffrent plus intensément et qui se font malmener dans leur émotivité !
Chaque jour, on peut observer cette forme de « maltraitance humaine », en raison du manque de douceur, surtout dans les relations humaines. On se heurte à ces personnes dures qui oublient toujours de penser aux autres, de faire attention à eux , d’être plus à l’écoute et moins égocentrés ! Ils se disent souvent agacés par les pleurnicheries de ceux qu’ils considèrent comme trop faibles et qui sont pourtant plus respectueuses du vivre ensemble collectif où chacun doit apprendre à prendre soin des autres!
Ces êtres « odieux » ne se rendent pas compte que « être sensible » est une forme d’intelligence qui révèle de réelles compétences humaines indispensables pour l’équilibre du monde ! Les guerres d’égo et d’orgueil ne mènent qu’aux disputes et aux querelles voire à la guerre ! La douceur est l’unique passerelle vers l’amour ! L’amour se conjugue avec toutes les nuances de la douceur : la tendresse, l’attention envers l’autre, l’écoute, l’affection, le respect, la liberté…
Il n’existe pas d’amour sans douceur !
Certains assimilent négativement la douceur à la vulnérabilité, à la fragilité ! La douceur, c’est pour les faibles ! Loin de là ! Celui qui ne sait pas être doux, est souvent caractériel et égoïste, il malmène la vie et les autres avec ! D’ailleurs, il est incapable d’aimer vraiment car son manque de douceur révèle une incapacité à se donner à l’autre, à accepter de consentir à un sentiment de partage et de réciprocité, à accueillir l’autre comme une part de lui-même, à créer un espace de douceur nécessaire comme un baume sur les duretés et les souffrances de la vie !
On compte à chaque seconde les exemples de ces comportements détestables! Un automobiliste qui insulte un cycliste parce qu’il le ralentit ! Un être horrible qui maltraite un animal sans raison ! Un enfant frappé par ses parents parce qu’ils refusent de manger ! Un employeur qui parle à son employé avec dureté ! Dans une seule journée, on voit s’accumuler tant de maltraitances dues à ce refus de douceur, à ce rejet de la sensibilité, à cette difficulté à maitriser sa colère, son impatience ou ses exigences ! L’orgueil est le pire obstacle à la douceur !
Apprenons à devenir doux ensemble !
Nous entendons en ce moment beaucoup de personnes commenter les catastrophes de la guerre ! Combien ne sont pas conscients malheureusement des « guerres personnelles » qu’ils mènent contre les autres par leurs comportements odieux, leurs médisances terribles, leurs manigances pour faire tomber ceux qui sont dans leurs collimateurs ? Ils trouvent tous de bonnes raisons à leurs actes ! Pour être cohérent dans ces discours pour la paix, encore faudrait-il moins maltraiter les autres! La comparaison pourrait sembler discutable mais c’est une manière de comprendre que chaque petite dureté correspond à une souffrance qu’on inflige à l’autre qui le vit, selon sa sensibilité, plus ou moins mal !
En devenant conscient de la douceur nécessaire pour plus d’harmonie sur cette Terre, pour vivre davantage dans la paix et dans la sérénité, on peut créer des petites solutions pour un monde meilleur ! Si chaque enfant pouvait grandir sereinement à travers la douceur de ses parents, peut-être que chaque adulte n’aurait pas à vivre avec des blessures émotionnelles destructrices !
Devenir parent c’est un engagement à aimer son enfant et à l’entourer d’une affection totale sans égo ni orgueil, sans impatience ni excuse, sans tourment ni violence dans une disponibilité totale! Ce n’est pas évident mais c’est possible, si on prend sérieusement son rôle à cœur comme une obligation à transmettre plus de douceur !
Chaque adulte dans les relations humaines doit apprendre à mettre plus de douceur dans ses propres duretés, en prenant conscience de son comportement destructeur pour les autres. Se remettre en question, c’est faire un pas dans la bonne direction. Tout le monde souffre, c’est indéniable, mais ce n’est pas une raison pour faire rejaillir sur les autres ce qu’on pourrait apprendre à gérer en s’en donnant les moyens ! Une obligation de douceur pour tous, pour rééquilibrer le chaos du monde actuel !
Apprenons ensemble à devenir plus doux en mettant de la douceur au cœur de nos duretés et le monde ira mieux !
Maryse Ligdamis de mesmotsdevie.fr