Je suis née – ou plutôt, je me suis incarnée si l’on considère que c’est un choix – dans une famille très difficile, dont les membres étaient liés les uns aux autres par des non-dits, des secrets, des tabous, des disputes sans fin.
Il m’a fallu, pour m’adapter à cette ambiance délétère et pour survivre, faire preuve de ce que Boris Cyrulnik appelle « la résilience« .
Je crois que c’est parce que je ne disais rien, que je demeurais silencieuse et effacée que, paradoxalement, je me suis mise à écrire.
Réduite à me taire, à me faire plus petite qu’une poussière, à disparaître, j’ai tracé un matin, par un poème sur un cahier orange, le début de mon chemin. Celui-ci, depuis, n’a jamais cessé et il m’a conduite à maintes destinations.
L’écriture est devenue mon refuge, mon amie, ma compagne. Je rêvais secrètement de rencontrer un ange dans la page. Je lui confiais mes états d’âme, mes doutes, mes tourments, mes cris intérieurs.
J’ai écrit… J’ai crié… Je me suis écriée… dans la promenade silencieuse du stylo sur le papier.
Au fil de l’encre, au rythme des jours, l’écriture a dessiné mes contours, moi qui me croyais flottante, évanescente comme un nuage.
Grâce aux mots, je suis parvenue à me définir et à tracer une limite saine entre les autres et moi.
J’ai pu établir des frontières qui protégeraient mon intériorité des invasions de l’extérieur.
Puisque j’avais si peu de place dans ma famille, j’ai trouvé une place sur la page.
Et c’est parce que je n’occupais pas de place dans cette famille que je l’ai trouvée sur la page. Les épreuves constituent souvent des présents mal emballés.
L’écriture, l’histoire de ma vie ; une histoire de vie… Votre histoire de vie à vous aussi !
Je crois que la vie n’est pas complètement tracée, que nous pouvons l’écrire comme nous le voulons et trouver des embranchements, des bifurcations, des déviations dans une simple page.
Pourquoi écrire ?
On écrit pour :
- Apprendre à se connaître
- Être soi
- Comprendre sa vie à l’éclairage du présent
- Profiter en témoignant de chaque jour qui passe
- Guérir, faire le deuil, faire acte de résilience
- Retrouver le passé et le faire revivre
- Avoir des preuves de ce que l’on a vécu
- Être l’auteur de son futur
- Faire de sa vie un livre vivant
- Devenir authentique pour autrui
- Dire l’indicible…
On écrit pour donner à sa vie un sens (à la fois signification et direction), l’accomplir comme une œuvre.
Extrait de mon livre : J’écris ma vie – Petit guide pour être l’auteur de sa vie
Géraldine Andrée Muller
lencreaufildesjours.com