Il arrive parfois que la Vie mette sur notre route un Être inattendu qui nous pousse à remettre en question ce que nous avions prévu. Alors que tout était planifié, le cœur animé par l’enthousiasme, une rencontre peut nous conduire à devoir faire un choix. Un choix extrêmement difficile. Le choix de l’autre, de l’amour, ou celui de soi.
Poursuivre une relation ou y mettre un terme afin de réaliser ses rêves. Dès lors, lorsque la personne aimée ne souhaite pas se joindre à la réalisation de ce rêve, faut-il renoncer à elle et à l’amour qu’on lui porte ?
Les rêves sont-ils plus forts que l’amour ?
Ou peut-on concilier amour et rêves personnels ?
Il arrive malheureusement qu’il faille sacrifier l’Amour pour réaliser ses rêves. Et ainsi prendre le risque d’avoir des remords plutôt que des regrets.
« Choisir, c’est renoncer. »
– André Gide
Telle une âme intégrant un corps, mettons-nous dans la peau de la personne confrontée à une telle situation au travers des lignes qui vont suivre. Laissons-nous envahir et transporter par l’émotion vécue.
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Elle regardait, le sourire aux lèvres, les enfants jouer sur le sable.
Malgré les chamailleries classiques dues à leur jeune âge, ils s’étaient très bien acclimatés à cette vie de famille recomposée. Ils étaient beaux, insouciants, et les voir vivre le moment présent sans se préoccuper de l’avenir, donnait du baume au cœur.
Son regard se dirigea lentement vers cet homme qui partageait désormais sa vie. Une vie paisible et tranquille, dans laquelle aucune dispute ne s’immisçait jamais.
Une relation harmonieuse au travers de laquelle chacun témoignait naturellement à l’autre tendresse et amour, malgré le sort futur de leur histoire, sur lequel ils s’étaient dès le début, mis d’accord.
Depuis plusieurs mois, elle nourrissait le rêve de quitter cette ville bétonnée qu’elle ne supportait plus, pour aller s’installer en bord de mer et vivre en connexion avec la nature qu’elle adorait.
Alors que sa décision était prise et qu’elle s’organisait pour concrétiser ce rêve, elle l’avait rencontré.
Un lien s’était tout de suite tissé entre eux. Une complicité évidente, parsemée de beaucoup de rires, de tendresse et une vision similaire de la vie.
A l’aube de leur idylle pourtant, elle s’était voulue transparente et l’avait été. Un jour, elle partirait.
Elle lui avait alors proposé de vivre au jour le jour et de ne profiter que de l’instant présent, sans projets futurs, sans penser à l’avenir, jusqu’à ce jour où tout serait en place et qu’elle s’éloignerait.
Leur complicité était telle qu’elle ne fut pas surprise lorsqu’il accepta cette relation éphémère, dont le sort était scellé.
Il préférait partager quelques instants de bonheur avec elle que de n’en partager aucun.
Cependant, chaque jour qui passait, apportait une pierre à cet édifice d’amour, qu’ils bâtissaient malgré eux. Leur lien se renforçait malgré leur volonté contraire.
Ils naviguaient tranquillement comme si la barque sur laquelle ils avaient pris place, n’allait jamais chavirer.
Elle savourait cette vie paisible à ses côtés.
« Il y a deux tragédies dans la vie, l’une est de ne pas réaliser ses rêves ; l’autre est de les réaliser. »
– Georges Shaw
Il la serrait régulièrement dans ses bras, une forteresse de tendresse dans laquelle elle se sentait en sécurité. Ils restaient là, de longues minutes, à se perdre dans le regard l’un de l’autre, sans prononcer un mot. Une bulle de bonheur, dans laquelle ils communiquaient au travers de leurs émotions. Les mots d’amour étaient volontairement retenus, les phrases inachevées. Les silences, les regards, les baisers et la chaleur de leurs étreintes suffisaient à exprimer tout ce qu’ils s’étaient consciemment interdit de se dire.
Alors qu’elle les contemplait, perdue dans ses pensées, elle tentait de contenir les larmes qui brouillaient, malgré elle, son regard. Son cœur était terriblement lourd et se serra davantage lorsqu’il redressa la tête pour lui adresser un sourire.
Elle lui avait de nombreuses fois proposé de la suivre, mais il refusait sans cesse, ne pouvant se résoudre à restreindre le temps passé auprès de ses enfants. Il était un père aimant, d’une grande complicité avec eux et elle l’admirait pour ça. Elle le comprenait parfaitement.
Comment pouvait-elle partir et renoncer à cet homme si bienveillant ?
Les larmes roulaient sur ses joues, tandis qu’elle le regardait bâtir des châteaux de sable.
Il était fantastique. Elle avait tant espéré rencontrer un homme tel que lui et s’apprêtait à y renoncer pour réaliser son rêve.
Elle avait le sentiment de vivre une injustice, un coup du sort, une provocation du destin sur sa véritable volonté.
Elle soupira silencieusement et ne put s’empêcher de sourire lorsqu’une vague vint menacer la construction.
Régulièrement envahie par le doute et la peur, elle savait intimement qu’elle partirait et que le jour fatidique de la séparation était inévitable. Elle le redoutait, le cœur serré, mais se sentait prête à l’affronter.
Partir était un déchirement. Une folie sans doute. Et elle se sentait tiraillée entre l’amour et son profond souhait de quitter son environnement. Mais il lui était impossible de réduire à néant ce qu’elle avait entrepris avec tant d’enthousiasme et de minutie.
Elle aurait tant voulu emporter cet amour avec elle, niché dans le creux de sa main. Mais elle ne pouvait que le garder caché dans le fond de son cœur, jusqu’à ce qu’un jour il s’évapore.
Elle était un funambule ayant initié sa traversée sur un fil tendu, ne pouvant revenir en arrière. Le fil de sa vie. Laissant le passé derrière elle, les yeux rivés vers l’horizon. Les yeux rivés vers l’inconnu.
« L’homme ne pourra jamais cesser de rêver. Le rêve est la nourriture de l’âme comme les aliments sont la nourriture du corps. »
– Paulo Coelho