Nous n’attirons pas ce que nous sommes, mais plutôt ce dont nous avons besoin pour avancer. Chaque rencontre, chaque épreuve, chaque défi qui se présente sur notre chemin est une réponse à une demande que, parfois, nous n’avons même pas conscience d’avoir formulée. Quand nous traînons des blessures non guéries, quand des souvenirs mal digérés hantent encore nos pensées, nous reproduisons inconsciemment des schémas qui nous ramènent toujours aux mêmes douleurs. On croit avancer, mais on refait sans cesse les mêmes erreurs, ouvrant grand la porte à ce qui nous fait mal et fermant les yeux sur ce qui pourrait réellement nous aider.
À un moment donné, on se persuade qu’on a tout compris. Que les leçons sont derrière nous, et qu’on est prêt à tout contrôler pour ne plus jamais revivre ce qui nous a brisé. Mais dans cette quête de contrôle absolu, on finit par fixer notre attention sur ce qu’on redoute, amplifiant encore davantage la peur au lieu de nourrir nos aspirations profondes. On traque les imperfections, on cherche des signes dans tout ce qui nous entoure, jusqu’à se méfier même des opportunités les plus authentiques. Pire, on condamne les chances que la vie place sur notre route parce qu’elles nous rappellent, de près ou de loin, une douleur du passé. Et dans ce processus, on ne voit plus le bon, on se focalise sur les ombres.
C’est ironique, non ? La meilleure personne au monde pourrait entrer dans notre vie, emplie de bienveillance, de patience et de lumière. Et pourtant, un seul détail suffit à tout ruiner. Une phrase maladroite, une action mal interprétée, et voilà qu’on projette nos blessures sur cette personne, la jugeant pour des fautes qu’elle n’a jamais commises. En érigeant ces barrières, on croit se protéger, mais en réalité, on s’enferme. On se prive des connexions sincères, des relations capables de nous transformer.
Ce qu’on appelle parfois « sagesse » ou « expérience » n’est bien souvent qu’un masque de peur. L’ego adore s’habiller de ces termes. Il nous fait croire que cette méfiance est de l’intuition, que ce besoin de tout analyser est un signe de maturité. Mais l’intuition ne fonctionne pas ainsi. Elle ne crie pas, elle ne juge pas ; elle murmure doucement et guide avec sérénité. Ce n’est pas l’intuition qui nous retient, c’est la peur – une peur qui, dans 92 % des cas, ne repose sur rien de réel.