La vie te fournit maintes situations sur lesquelles tu n’as aucun contrôle. Le fil des événements se dérobe, malgré toute la volonté que tu mets à vouloir le rattraper. Les circonstances se tissent indépendamment de ce que tu souhaites pour ta vie. Tu ne parviens pas à tisser la trame qui te convient. D’ailleurs, plus tu t’échines à vouloir changer le cours des événements, plus tu te sens impuissant.
Il est des situations qui dépassent la force d’un seul homme. Alors, reprends le fil de ta vie, celui que tu tiens et qui te maintient en vie, celui qui te relie à ton essence divine.
Détache-toi de l’ingérable grâce à la feuille de ton journal. Liste les situations pour lesquelles tu as vraiment fait tout ce que tu as pu, sans parvenir à modifier, dévier ou améliorer la trajectoire du destin : la trahison de ton meilleur ami, la maladie de ta mère, cette maison trop chère que tu n’as pu acheter, le poste dont tu as été licencié, la rupture de tes fiançailles…
Raconte toutes les actions que tu as mises en œuvre ; décris précisément ton rôle. “J’ai rempli ce dossier de manière exhaustive pour obtenir ce prêt ; j’ai peaufiné mon CV à la perfection ; je suis allé voir ma mère tous les jours.”
L’écriture t’aide à prendre conscience que tu as fait, toi, tout ce que tu as pu. Tu n’es pas responsable – et encore moins coupable – de l’issue de ce que tu as entrepris.
Écris noir sur blanc :
Il arrive que la Vie écrive les choses à sa manière.
Confie par un poème ou un dessin cette situation à plus grand que toi, cette immensité représentée par la blancheur de la feuille et imagine que Dieu s’y cache et t’écoute dans le silence du papier.
Imagine que tu confies à cet espace sacré le fardeau de tes velléités, le bagage de tes obstinations : “Chère feuille, je t’offre mon envie de téléphoner à ma fiancée qui est partie et qui ne reviendra pas. Je te confie mon chagrin qui fait que je m’entête dans une voie sans issue. Je te fais confiance pour tracer mon propre chemin.”
Après avoir déposé cette douloureuse offrande auprès d’une indicible et infinie présence, fais la liste de ce qui t’appartient réellement à présent, de tous les instants qui te sont disponibles : « acheter un bouquet de fleurs pour ma table de chevet, créer un tableau de visualisation dans lequel je me vois dix ans plus tard, dessiner ma maison idéale, me sourire dans le miroir… »
Grâce à ce fil d’idées nouvelles, tu t’envoles et tu te diriges où tu veux, dans le sens qui te convient le mieux.
La feuille t’a détaché de ce qui ne t’était pas destiné.
La feuille t’a emmené loin de ce qui n’était plus.
Géraldine Andrée Muller
Écrivaine-biographe familiale-écritothérapeute
L’Encre au fil des jours