Pour le spectateur le plus paresseux, il s’avère fort plaisant de contempler une dense forêt, accessible, où chaque arbre devient soldat. Le coup d’œil est apaisant et joli de prime abord.
Il existe un autre spectateur, le contemplateur, celui qui scrute les détails. Chaque unicité devient l’exploration d’une vie exemplaire. L’authenticité qui vit et persévère dans la masse disciplinaire et sociétaire. Se fondre dans la masse devient le gage d’une vie sans tourments, un droit à sa bouffée d’oxygène.
Et voilà ! Quoi de plus vivifiant qu’une balade en forêt ? L’oxygène provenant de tous les arbres nous dynamise à souhait. On retrouve une enveloppe réconfortante dans cette immensité de vie. Ce regroupement d’âmes reflète bien notre environnement, équilibré entre les vieilles âmes et les jeunes pousses qui promettent l’avenir.
À première vue, l’ensemble nous ravit. Émerveillés même, souvent, nous avons l’envie d’y fredonner nos espérances. Pourtant, il y a tout un monde qui nous est raconté à travers cette solide essence de vie, approuvée par un dieu soleil.
À travers cette saison verdoyante, odorante, parfois même fleurie, des arbres meurtris trouvent, tant bien que mal, à persévérer. Les plus fascinants sont les loyaux qui vivent complètement meurtris, tout en arborant un feuillage exquis. Il s’agit d’une philosophie de résilience incomparable, un message publicitaire : si je peux vivre et progresser, toi, que feras-tu de tes embûches ? Du petit bois d’allumage, toujours disponible pour ton souffle d’espérance, ou un splendide feu de joie d’une nuit qui perd de sa proéminence au lot d’étoiles ?
Les plus anciens ont dévoilé tous leurs secrets, ils n’ont plus la plus-value colorée, messagers des sens aux aguets. Pourtant, leur générosité se veut digne de mention, car ils soutiennent les plus faibles et aident la terre mère à cultiver la richesse des étendues, des paysages convoités.
Certains mal foutus se reposent même sur les anciens, ces déséquilibrés, ces fragilisés. Ceux-ci ne l’ont pas facile, la vie terrestre, dépourvus d’arborescence et d’éclosion florale. Ils sèchent, tout en petitesse et finesse, sous l’ombrage des majestueux. Je les aime bien pourtant ! Ces arbres chétifs donnent envie d’y croire, que tout est possible, même si l’essentiel demeure incertain.
Pour couronner cette communauté épineusement feuillue, les reclus demeurent les petits maudits rebelles. Ceux qui poussent ici et là, sans plan d’architecture environnementale, sans engrais, sans invitation. Ils se retrouvent visibles, à découvert, pour bien, bien longtemps ; le temps que des herbes folles les enlacent et amènent, tout autour, un jaune vif improvisé. Une nouvelle et précieuse petite gamme de présents naît et s’étend tranquillement, en arborant une couronne au cœur, le doux sifflement de la diversité.