Agrippés à nos doutes, nous avançons péniblement pour créer la vie de nos rêves. Chaque pas pèse aussi lourd que nos ruminations. L’espace qui nous environne nous semble restreint et notre regard se limite et ne voit plus qu’un couloir qui serpente au cœur des vallées désertes de nos rêves qui se meurent en manque de fluidité et d’air.
Quand la vie devient comme un parcours sinueux et jonché des épines de nos blessures du passé, alors on manque de recul et on broie nos idées dans les mâchoires d’acier de nos peurs. Notre respiration se réduit comme si on portait un masque qui nous empêchait de respirer librement. Alors, on recule, on repart au bord du précipice de nos dérives et de nos hésitations . On refait tout le chemin de notre vie à l’envers. On rebrousse chemin comme si on s’était trompés de destination, comme si on avait raté une intersection, comme si on avait dérivé loin de nous-mêmes. On essaie de retrouver le point de blocage, le non-sens de notre vie, le tunnel sans fin de nos errances.
Qu’est-ce qui a pu à ce point changer le chemin de notre destin? Quel est ce moment où l’on a raté une étape?
Pourtant on n’a cessé de nous répéter que rien ne se déroulait au hasard, que chaque apprentissage nous permettait de grandir et l’on ne comprend plus toutes ces belles théories. Étant donné toutes les épreuves traversées, on est sans doute devenu l’être le plus immense de tout l’univers mais à quoi cela nous sert-il au final?
A souffrir plus que les autres? A être frustré, aigri, amer ? A perdre pied alors que l’on croyait être solide et stable?
Alors, à ce moment-là, on s’arrête, on fait pause, on pose les armes et on observe ce qui se donne dans le silence de l’acceptation de ce que l’on ne peut changer, malgré toute notre bonne volonté. On ne se pose plus aucune question, on accueille cet instant de repos intérieur où l’on ne s’attend plus à rien, juste à écouter la musique de notre respiration et les vibrations de la joie de nous sentir simplement vivants…
Et on ressent enfin le repos absolu, cette paix intérieure tellement souhaitée qui apparaît dans cette immobilité en mouvement. On retrouve la connexion perdue au rien du grand Tout, à l’universalité de l’infiniment petit. Et au contact de ce lâcher-prise, plus rien ne nous retient à l’intérieur de nous-même. Quand plus rien ne s’agite, tout devient possible. On perçoit enfin les pulsations de la vie à travers le vide de nos pensées jusqu’alors trop vagabondes.
Notre espace de création s’élargit et on se laisse agir sans douter, chaque pas s’allège et le goût de la vie renaît et devient plus intense. On vit une grande réconciliation avec soi-même!
On met fin à tous les barrages, on lève tous les obstacles, puisqu’ on ne sait plus rien mais que l’on perçoit tout. On ouvre la porte à notre harmonie intérieure qui s’anime, quand se tait le bruit du monde et de ses tergiversations qui tourmentent notre esprit anxieux qui était en attente du bonheur.
On n’a plus aucune certitude, ce qui nous reste, c’est la Foi en nous-même. On se contente de vivre dans la gratitude de chaque seconde. L’abondance coule de source quand on sait être reconnaissant pour chaque pétillement, pour chaque frisson, pour chaque caresse du vent, pour le souffle enchanteur qui fait frémir notre âme dans le ballet majestueux de la vie qui virevolte tel un papillon .
On comprend que tous les conflits naissent de l’incapacité à s’aimer assez, pour ne plus se laisser déstabiliser par le chaos des exigences et des injonctions dénuées de sens des autres qui sont eux-mêmes perdus dans leur propre cheminement insensé. Tout le monde s’enferme dans son manque affectif pour envelopper de tourbillons de poussière les bonnes intentions des autres. Et on décide de laisser ces attitudes odieuses s’envoler loin de nous, pour ne plus leur accorder la moindre importance et elles disparaissent au loin.
Se lève le voile des illusions et apparaît une seule et unique manière d’être, ouvert et ancré dans l’instant présent, silencieux et apaisé, sans attente et l’âme libérée. Tout devient juste et bon.
On découvre que l’on ne s’égare jamais si on se laisse porter par le mouvement, sans chercher une destination, si l’on se contente juste de se retrouver en soi , au plus près de soi quand autour de nous tout s’obscurcit. On ne craint plus les détours et les virages. On sait qu’il n’y a qu’un seul et unique chemin et la solution existe en nous.
Quand on se lâche la bride et qu’on arrête de croire que l’on peut contrôler la vie, on devient plus libre et intensément vivant et on avance à pas de géant.
Maryse Ligdamis de mesmotsdevie.fr