Je n’ai jamais aimé qu’à moitié, plutôt dans une intégralité d’amour, avec tout ce que cela implique. Je deviens vite généreuse, avec le coeur plein de bons sentiments à partager. J’aime construire pour les autres, des bonheurs, tout plein ! Il n’y a rien de plus gratifiant que de voir un petit bonheur partant de moi, se propager, se multiplier. Olé !
Devenir maman et y grandir m’allait comme un gant ! J’avais un coeur dévoué qui soufflait l’abondance et la persévérance. L’amour inconditionnel, je le semais à outrance, ici et là, partout où une petite graine trouvait lumière. Ma tête s’illuminait de promesses éternelles pour mon enfant. Tous mes voeux goûtaient bon la vie !
Mes sympathiques épopées manquent maintenant à l’appel. Je n’ai plus cet enfant qui adorait mes rires éclatants et mes caresses de joue. Mon enfant préfère dorénavant perdre pied à l’infini et c’est parfait ainsi. Me reste des souvenirs de fous rires ainsi qu’une merveilleuse ascension de devenir pour lui. Mais tellement de gratitudes pour ses réussites présentes et projetées me comblent, fort heureusement.
Ma maison devient terne un peu plus chaque jour solitaire, voire même tristounette, sans éclat et sans bravoure. Bientôt je devrai tourner le dos à mon tour; la maman n’a plus autant de frénésie pour se créer un petit bout de moi à chérir. Ma dévotion pour les autres se perd peu à peu. C’est maintenant que les routes nouvelles se construisent, se lancent, s’enlacent. Je dois retrouver mon adoration pour arroser et contempler ce qui est maintenant à fleurir, en moi. Je demeure la jardinière de mon âme !
Pas facile de vivre qu’avec soi et apprivoiser un chant sans refrain, ça sonne l’inachevé, quelque chose de latent. La capacité de bâtir devient tout à coup secondaire, puisque le « À moi de moi » ne me révèle que peu d’égards. La volonté pour l’autre n’est plus le pain quotidien. Vouloir agir pour soi n’est pas inné, tandis que l’appel de la mère, aux mille dévouements me convenait parfaitement, je m’y éclatais par enchantement, sans plan, sans mesure…juste une nature aimante à souhait.
Une maman occasionnelle pour un brin de magie, encore et encore, dieu merci ! J’approuve volontiers. L’autre temps, j’en fais quoi ? Apprendre à m’aimer, me connaître, me reconnaître…
Retrouver la femme jaunie, l’amoureuse rêvée, l’amante de la Terre !