Les églises désertées par les fidèles nous offrent un paysage patrimonial dénudé. Maintenant les églises hébergent des condos, les presbytères se transforment en gites. Je m’arrête dans une église ouverte toute la journée près de la petite maison blanche à Saguenay.
Il me semble que ça fait si longtemps que je souhaitais aller écrire dans une église. Je m’y suis déjà invitée quelques fois mais je me suis rivée à des portes closes. Les églises ont des heures de fermeture maintenant. Pourquoi avoir repoussé cette expérience? Je ne le sais pas vraiment. Le temps est une denrée rare. La mémoire de ce qu’on aime s’étiole et se confond. Des rendez-vous manqués.
Pour ce premier billet, je me suis permise une visite tout en spiritualité et je vous livre mon état d’âme dans ce lieu sacré. Je ne me qualifie pas de pratiquante, préférant de loin les croissants du dimanche matin que la célébration de la parole, mais capter l’occasion de me ressourcer dans la magnificence de cet endroit me séduit et provoque un bien-être immédiat.
J’entre dans ce lieu, les planches sous mes pieds craquent un peu, il y a de l’écho. Je m’assoie. Ça craque encore! Outre l’écho qui résonne, il réside pourtant dans le silence de l’endroit un respect incontestable. Il se traduit par notre réflexe de chuchoter comme dans une bibliothèque mais l’énergie y est tout autre, ne pensez-vous pas? On y ressent une énergie réconfortante, le silence y est enveloppant et non pas synonyme de solitude version négative. La solitude c’est lorsqu’on se place à mille lieux des voix du monde pour mieux écouter celle qui est nôtre. C’est alors que silence devient nécessaire et même obligatoire.
Pourquoi est-ce ainsi?
Nos modes de vie urbains, notre société bruyante qui, à l’ère des communications, nous rend complètement absorbés, liés, confinés, dépendants de cette petite cloche qui nous sollicitent. L’abondance d’information et la vitesse à laquelle elle circule nous rend boulimiques. Il nous faut tout voir, tout attraper, tout connaître. Et pas de vacances pour les réseaux sociaux!! Le calme intérieur s’impose de lui-même.
Je sais que pour certains le silence peut être insupportable. Il laisse souvent place à nos parts d’ombres qui prennent le contrôle des pensées, des questionnements et même du récit de vie auquel on veut échapper. Je comprends qu’il peut en être ainsi, cependant il est possible d’apprivoiser le silence à petite dose, vous verrez que ce n’est pas si difficile. Il suffit d’essayer!
Le silence quant à moi exprime une légèreté toute simple. Alors que le silence m’interpelle, me sollicite et m’invite en ce temps de vacances. J’accepte tellement votre invitation Cher Silence!! Parce que dans ce silence la méditation est possible, la prière, la lecture, l’introspection aussi si précieuse à notre développement personnel. Combien de réponses ai-je trouvé dans le silence. Le silence c’est le texto de l’inconscient qui nous rejoint, nous parle et image nos souvenirs. Les meilleures décisions se prennent dans le calme et le silence. L’agitation n’est pas notre meilleure amie dans ces circonstances.
Ce silence m’invite aussi à me taire!! Ça me fait du bien! Et très certainement aux autres aussi!! Sans blague, c’est que j’ai souvent quelque chose à dire, j’ai souvent bien des choses à dire. Me taire et dans le même élan, faire taire ce bouillonnement incessant de pensées, de projets, de choses à faire, le passé, le futur et compagnie… Je parle beaucoup alors je pense beaucoup, peut-être trop diront certains. Je m’assume!! J’aime penser, c’est mon lieu de créativité, de remise en question, de réflexion! Pour l’instant je respire le zéro bruit!!
C’est alors que je me retrouve à un seul endroit, dans le présent. Ici, le hier et le demain n’existe pas. Maintenant, assise dans une assistance vide, je me sens en harmonie avec ce décor. Et puis, peu importe les soucis, on s’arrête, on arrête le temps, on cristallise ce moment à une seule tâche « être bien sans plus »! Je ne parle pas ici de bonheur ou de joie. C’est plutôt comme un congé, une trêve qui fait échec à ce rythme imposé par la vie, par nos vies. C’est l’éloge de la lenteur que je me permet, l’éloge du calme.
À une certaine époque, on soudait à l’agenda le dimanche matin comme moment de prière et de recueillement. Aujourd’hui on planifie notre séance d’entraînement, nos émissions préférées, notre travail, les activités des enfants… des tâches, des tâches, des tâches. Le temps pour soi… ça attendra! Le temps pour se déposer… ça attendra! Le temps pour poser un regard en soi… eh ben ça attendra aussi!
En ce moment je ne répondrai à aucun texto, aucun courriel. En ce moment, j’ai pris rendez-vous avec moi dans une église pour juste goûter à l’ambiance qui y règne, pour revenir à moi et peut-être faire une intrusion dans cet espace exprimant le calme en moi.
Après avoir pris quelques photos, je quitte en empruntant l’allée centrale. Je marche avec légèreté… Ça craque encore… Mais je me sens abondamment chanceuse, abondamment reconnaissante, abondamment nourrie!
Et après cette merveilleuse dose de silence, j’ai besoin de connecter avec le monde, de discuter, d’échanger avec l’humain. La vie est paradoxe… toujours!!
De tout cœur!!