La violence psychologique dans les relations familiales est un sujet trop souvent minimisé. Pourtant, ses effets sont profonds et durables, surtout lorsqu’il s’agit d’une relation entre un enfant et son parent. Les blessures laissées par les mots, les critiques constantes et les manipulations émotionnelles ne se voient pas, mais elles marquent l’esprit et le cœur. Un enfant, dans une telle relation, grandit avec le sentiment de ne jamais être assez, de toujours échouer à satisfaire les attentes irréalistes de son parent. Mais que ressent vraiment un enfant pris dans une relation toxique avec un parent narcissique ? Comment peut-il exprimer ce mélange de douleur, de peur, et de confusion ?
Cette lettre poignante, écrite du point de vue d’un garçon de 12 ans, reflète la réalité vécue par tant d’enfants qui, malgré leur amour pour leur parent, se retrouvent piégés dans une dynamique destructrice. Ils oscillent entre l’envie d’être aimés et l’incapacité de répondre aux exigences d’un parent qui ne les voit pas vraiment, ne les entend pas. C’est un témoignage qui révèle à quel point ces enfants se sentent invisibles, réduits au silence par des parents qui ne laissent aucune place à leurs émotions ou à leurs besoins. Cette lettre est une tentative courageuse de mettre des mots sur une douleur souvent tue.
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En tant que coach spécialisée dans la libération des violences familiales, j’ai vu à quel point les enfants dans ces situations souffrent. Ils ne comprennent pas toujours ce qu’ils vivent, ni pourquoi ils se sentent si mal. Ils cherchent à plaire, à changer, à réparer quelque chose qui n’est pas de leur faute. Ce témoignage n’est qu’un aperçu de ce que beaucoup d’enfants voudraient dire, s’ils en avaient la force.
Cher Papa,
Je ne sais pas vraiment par où commencer, mais j’ai besoin de te parler. Depuis longtemps, je garde beaucoup de choses à l’intérieur, et je crois qu’il est temps que je t’explique ce que je ressens, même si c’est difficile pour moi.
Tu sais, je t’aime, parce que tu es mon père. Mais parfois, j’ai l’impression que l’amour, chez nous, c’est compliqué. Quand tu me parles, j’ai souvent l’impression d’être nul ou de ne jamais rien faire correctement. Quoi que je dise ou que je fasse, tu trouves toujours quelque chose qui ne va pas, et ça me fait vraiment mal. J’essaie de faire de mon mieux, mais on dirait que ça ne compte jamais. C’est comme si tu voulais que je sois parfait, mais je ne peux pas être parfait. Je suis juste moi.
Je sais que parfois, tu dis que c’est de ma faute si tu t’énerves ou si tu dis des choses méchantes. Mais je commence à comprendre que ce n’est pas normal. J’ai parlé à mes amis, à leurs parents, et ils ne vivent pas ça comme moi. Je ne comprends pas pourquoi tu me fais sentir coupable de tout, pourquoi c’est toujours moi qui dois m’excuser, même quand je ne sais pas ce que j’ai fait de mal.
Il y a des moments où je me sens tellement petit à côté de toi. Comme si je ne comptais pas vraiment. Tu parles souvent de toi, de ce que tu fais, de ce que tu veux, mais j’ai l’impression que mes sentiments, mes pensées, n’ont pas d’importance. Quand j’essaie de te dire ce que je ressens, tu te mets en colère ou tu te moques de moi, et ça me fait encore plus mal. C’est comme si ce que je vivais ne comptait pas, ou que ce n’était jamais aussi important que toi.
Parfois, j’ai peur de rentrer à la maison. J’ai peur que tu sois de mauvaise humeur ou que tu critiques tout ce que je fais. Je n’ose plus parler de mes rêves, de mes idées, parce que tu les détruis toujours avec des mots qui me blessent. Et quand tu es gentil avec moi, j’ai du mal à y croire, parce que je me demande toujours combien de temps ça va durer avant que tu sois de nouveau en colère.
Je sais que tu penses peut-être que tout ce que tu fais, c’est pour mon bien. Mais ça ne ressemble pas à de l’amour, pas l’amour dont j’ai besoin. J’ai besoin d’un parent qui me soutient, qui m’écoute vraiment, et qui ne me rabaisse pas à chaque fois que je fais une erreur. J’ai besoin que tu arrêtes de me manipuler pour que je fasse ce que tu veux, parce que ça me fait me sentir comme une marionnette. J’ai l’impression que tu contrôles tout, même mes pensées, et ça me fait perdre confiance en moi.
Je t’écris cette lettre, pas parce que je veux te blesser, mais parce que j’espère qu’un jour tu comprendras ce que ça me fait de vivre ça tous les jours. Peut-être que tu ne t’en rends même pas compte, ou que tu ne penses pas que c’est grave. Mais pour moi, ça l’est. J’ai l’impression que je m’efface petit à petit, que je perds une partie de qui je suis à force d’essayer d’être ce que tu veux que je sois.
Je suis fatigué de me battre pour être entendu, de me sentir coupable de ne pas être comme tu l’attends. J’ai le droit d’être moi, avec mes qualités et mes défauts. J’ai le droit d’être respecté, même si je suis ton enfant.
Peut-être qu’un jour, on pourra vraiment parler, sans cris, sans reproches. J’espère que tu pourras comprendre ce que je ressens. Mais en attendant, j’ai besoin de prendre soin de moi, parce que je ne peux plus vivre comme ça, à marcher sur des œufs, à me sentir toujours de trop.
Je t’aime, mais j’ai aussi besoin d’apprendre à m’aimer moi-même. Et pour ça, il faut que je te dise tout ça.
Ton fils,
Anonyme
Cette lettre est un cri du cœur, un appel à l’aide d’un enfant qui tente de se faire entendre au milieu du chaos émotionnel d’une relation toxique. Elle révèle l’ampleur des blessures invisibles causées par un parent narcissique, des blessures qui laissent des marques profondes bien après l’enfance. Ces mots reflètent la solitude, la confusion, et le désespoir qu’un enfant peut ressentir lorsqu’il se retrouve pris dans un cercle vicieux de critiques, de manipulation et de rejet.
Pour cet enfant, exprimer ses émotions est un premier pas vers la libération, même si la route est encore longue. En tant que parent, il est essentiel de prendre conscience de l’impact que nos paroles et nos actions peuvent avoir sur nos enfants. Cette lettre devrait nous rappeler à quel point il est crucial d’offrir un espace d’écoute, de respect, et d’amour inconditionnel. Les enfants ne devraient jamais porter le poids des frustrations et des attentes non comblées de leurs parents.
En lisant ces mots, il devient évident que la guérison doit passer par la reconnaissance de cette souffrance et l’acceptation que des changements sont nécessaires. Que ce soit à travers le dialogue, un soutien extérieur ou un travail personnel, il est essentiel de briser le cycle de la violence émotionnelle pour permettre à ces enfants de grandir avec confiance, et non avec la peur. C’est une invitation à tous les parents à regarder leurs enfants avec bienveillance, à les encourager et à les aimer pour ce qu’ils sont, et non pour ce qu’ils devraient être.
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Agnès de Reulle
Votre coach pour sortir des relations toxiques