Manger de la viande en conscience

Manger de la viande en conscience

Manger de la viande… Grand débat philosophique où l’hypocrisie est de mise si on aime les animaux… tout en réalisant qu’on ne peut s’en passer.

C’est ce que mon corps m’a dit quand je suis arrivée au Québec en 1986 : j’étais végétarienne en Suisse depuis plus de deux ans, et en pleine forme. Arrivée au Québec en juillet, j’ai cumulé grippe sur grippe de septembre à mars 1987. J’étais tout le temps malade et pas légèrement.

J’ai compris que mon système immunitaire n’était pas assez fort dans ce nouveau pays – beaucoup plus rude en hiver qu’à Genève -, avec l’alimentation sans viande et malgré toutes les vitamines et compléments alimentaires que je prenais. J’ai donc demandé à mon âme un soir, avant de m’endormir, ce dont mon corps avait besoin…

La réponse reçue au réveil le lendemain matin a été nette : un steak !

Ouff…. Je ne m’attendais pas à une telle réponse. J’ai hésité beaucoup mais intérieurement, je savais que c’était juste. Je suis allée m’acheter un steak, me suis bouché le nez pour le faire cuire tellement l’odeur me répugnait et l’ai mangé avec le nez toujours bouché.

Réponse du corps

Le lendemain, la grippe avait disparu et je n’ai plus eu de refroidissement (même pas une « petite » grippe) avant l’hiver suivant, ou le suivant, je ne me souviens même plus d’avoir été aussi grippée.

En écoutant mon corps après cette expérience, j’ai suivi ses besoins : au moins une viande rouge une fois par mois, dans le temps de mes menstruations. Mon corps l’appelait. Il en avait besoin. Il avait besoin du fer, notamment, contenu dans la viande rouge.

Je croyais quand même qu’on devait pouvoir se passer de cette viande. J’ai donc fait (et expérimenté) beaucoup de recherches alors que j’étudiais l’hygiène alimentaire et la naturopathie. J’ai pu voir que les aliments végétaux riches en fer et les compléments alimentaires de fer et autres n’arrivaient pas à compenser ce besoin de viande animale.

J’ai fini par accepter que mon corps n’était pas assez « armé », en étant végétarienne, contre le froid beaucoup plus intense et long qu’en Suisse. Depuis, je mange de la viande quand j’en ai envie, quand mon corps en a besoin, non sans penser à l’animal qui a été tué et que je mange.

Quand je suis au Sri Lanka – ou autre pays où la viande rouge est proscrite, dans le monde bouddhiste, par exemple -, où on mange quand même très sainement et équilibré, le poulet et les oeufs ne me suffisent pas comme protéines animales. Je finis par faiblir au bout de quelques temps de ce régime. Je le sens très nettement. J’ai besoin de manger de la viande rouge, les compléments alimentaires ne faisant pas le travail immunitaire et énergétique dont j’ai besoin.

J’ai fini par accepter de manger cette viande car mon corps en a besoin. J’ai fait beaucoup de tests pour tenter de ne pas en avoir besoin mais ça ne fonctionne pas.

Questionnement philosophique

Même si je dois répondre aux besoins de mon corps physique, je reste cependant très consciente que manger de la viande revient à tuer un animal et en manger sa chair, ce qui, quelque part, me dérange quand même beaucoup car j’aime beaucoup les animaux et je déteste en tuer (sauf les moustiques 😉 !).

D’où le questionnement philosophique que j’ai chaque fois que j’en mange. Mon coeur est déchiré car je suis tiraillée entre les besoins de mon corps, l’amour des animaux et l’incapacité totale de tuer qui que ce soit (sauf les moustiques !). Je n’ai cependant pas le choix que de répondre à mes besoins physiques sinon je risque la maladie.

J’ai bien fait le travail psychologique en rapport avec la viande, le manque, etc. mais ça n’a rien changé. Le fait est que, je m’en suis rendue compte avec les années et l’expérience, tout ne provient pas du psychologique. Le physique, l’énergétique, le psychologique, le spirituel et le karmique sont les sources potentielles de nos maux… ou de notre santé !

Gratitude et reconnaissance envers l’animal

Quand je vais au restaurant ou que je suis chez quelqu’un qui m’en propose – c’est rare que j’en achète et en prépare à la maison -, je remercie alors avec beaucoup de gratitude l’animal qui est dans mon assiette et je me sens quand même très redevable, quelque part. Je lui envoie beaucoup d’amour et me sens très humble devant cet être qui a donné sa vie pour me nourrir. Il m’est néanmoins difficile de me sentir complètement en paix de savoir que je mange un être qui fut vivant, avec une âme et un coeur.

Je réussis cependant à retrouver plus de paix quand je sais que l’animal a été tué par un chasseur conscient, comme le font les Autochtones autour du monde. En effet, avant de tirer sur l’animal pour le tuer, ils lui demandent, en communication d’âme à âme, la permission de le tuer afin qu’il puisse subvenir aux besoins des gens de la communauté. Dans son coeur, le chasseur sent la réponse de l’animal. Si celui-ci n’est pas prêt à donner sa vie ce jour-là, le chasseur ne l’abattra pas.

Il est important de se faire la réflexion concernant notre attitude face à l’animal et au fait de le tuer et le manger. A chacun de trouver la réponse qui amènera la paix dans son coeur.

Manger des émotions

Ce qu’on oublie, quand on mange de la viande, quelle qu’elle soit, rouge, blanche ou autre, c’est que l’animal, en allant à l’abattoir, vit des émotions très fortes d’angoisse, de panique, de colère et de tristesse. Ces émotions se sont logées dans son organisme, dans la viande que nous allons ensuite manger et qui vont s’installer dans nos cellules, même temporairement.

J’ai été élevée à manger de la viande deux fois par jour. L’énergie était haute, électrique et agressive dans notre famille. La violence des mots et des gestes était présente en permanence.

Le jour où j’ai quitté la maison pour aller vivre dans mon appartement à Genève, alors que j’étais à l’université, je n’ai plus eu ni le budget, d’abord, ni l’envie de manger de la viande tous les jours.

Subtilement et sans m’en rendre compte, je suis devenue beaucoup plus calme. Ma mère l’a remarqué quand je rentrais à la maison. Bien vite, je n’ai plus supporté de retourner passer mes week-ends dans cette énergie énervée et agressive et ne retournais voir ma mère que quelques heures de temps en temps. Le fait de ne plus vivre dans ces énergies m’ont aidée à retrouver mon calme, c’est sûr, mais le fait de ne presque plus manger de viande rouge avait aussi beaucoup contribué. (J’avais alors aussi commencé le yoga et la méditation et je pense que cela m’aidait aussi grandement à être plus centrée et calme).

Respect

J’ai été végétarienne plusieurs années. Je le suis encore à 75% je dirais. Mon coeur le sera toujours par respect pour les animaux mais j’accepte que mon corps ait besoin de manger de la viande.

Ceci dit, je mange en conscience et reste toujours présente à ce qui se trouve dans mon assiette, avec tout mon amour pour les êtres vivants qu’ils soient animaux, végétaux, minéraux…

Il est important de rester toujours dans le respect de ses propres besoins et de ceux des autres personnes que nous côtoyons. Personne n’a les mêmes besoins. Il est important de ne pas vouloir (forcer à) inculquer quelque chose qui est bon pour soi à des personnes pour qui ça ne serait pas bon, parfois au point de devenir extrémiste et dictateur.

Le respect et l’acceptation sont primordiaux pour que nous puissions vivre ensemble agréablement, selon nos propres besoins et dans de belles relations conscientes.

De tout coeur

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Dominique Jeanneret

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À propos de l'auteur

Dominique Jeanneret

Née de parents d'origine suisse à Monrovia au Libéria en août 1962, j'ai grandi en Suisse avant d'immigrer au Québec en 1986. J'ai grandi dans une famille oeuvrant majoritairement dans le domaine médical et social. Depuis toute jeune, je suis passionnée par la santé et le bien-être, la psychologie et...

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