Suite à mon texte sur le rejet la semaine dernière, plusieurs personnes ont demandé comment pouvait-on accueillir le rejet par son propre enfant.
Sujet délicat s’il en est un, car tellement porteur de vulnérabilité et souvent de culpabilité. Je ne prétends pas détenir la solution pour que la situation se règle mais je crois que certaines compréhensions et une certaine ouverture peuvent nous rendre la situation moins douloureuse.
Un enfant qui nous rejette et qui semble ne plus vouloir nous parler m’apparaît avoir trouvé ainsi une manière fort éloquente de communiquer son malaise! Peut-être que ce qu’il rejette, ce n’est pas nous, mais plutôt l’éducation reçue qu’il conteste. Peut-être avait-il des idéaux de perfection de parents auxquels, évidemment, nous n’avons pas répondu! Peut-être a-t-il d’autres blessures qu’il a besoin de panser seul. Peut-être aussi sa difficulté à assumer son autonomie passe-t-elle par une coupure de ses liens de dépendance envers ses parents, croyant que ce n’est qu’à ce prix qu’il arrivera à s’affirmer. Peut-être qu’il a besoin de vivre sa vie sans entendre nos commentaires, nos conseils, nos reproches ou même notre réaction non verbale à ce qu’il énonce. Peut-être le cordon avait-il enfin besoin d’être coupé pour qu’une nouvelle relation, plus mature, plus saine, puisse naître entre parent et enfant. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas nous qu’il rejette, c’est quelque chose qu’il associe à l’idée qu’il se fait de nous. Car personne ne peut nous rejeter. Et puis, aussi, tout passe….
Dans tous les cas, le plus difficile à accepter semble que ce soit parfait ainsi… pour le moment. Bien entendu, cela peut être très douloureux de ne pas avoir de nouvelles de l’enfant que nous avons porté, aimé, élevé, à qui nous avons tout consacré afin qu’il soit heureux. Souvent, nous voyons notre enfant se transformer en adulte mais nous oublions que nous aussi devons transformer notre relation avec cet enfant : nous ne sommes plus papa, maman, mais nous devons apprendre à devenir un père, une mère qui est là au besoin, sans s’imposer, sans continuer de croire que nous savons mieux que lui ce dont il a besoin. Peut-on accepter son besoin temporaire de faire silence, de s’éloigner?