Je me lance un peu dans le vide là, du moins, je sors de ma zone de confort. C’est douloureux, la mort. Rien que d’en parler, j’étouffe. Câline! On reste seul à s’étouffer avec nos pensées, nos peurs. Non! C’est pas beau! La mort est le pire des sujets pour moi. Je vous raconte pareil.
En plein coeur de l’adolescence, mon groupe d’amis et moi perdions notre amie Hélène, disparue en mer alors qu’elle fuyait des problèmes graves et douloureux. Il s’agissait de ma première expérience vis-à-vis la mort. Je suis restée figée, abasourdie, en pleurs et en craintes de cette phase inconnue. Je cherchais des réponses. Je suis partie vivre chez les religieuses, me rapprochant de ce grand univers inconnu qu’on peut nommer aussi la foi.
Je n’ai pas trouvé les réponses convoitées, mais je me suis rattachée tranquillement à la vie qui suit son cours; avec ses hauts et ses bas, ses petits et grands bonheurs, ses manifestations d’amitié et d’amour. Depuis, je recherche de grandes manifestations d’humanité, cette vie qui brille dans les yeux des heureux, cette passion qui se dessine en connexion avec l’âme et cet amour incommensurable pour nos proches. Des semences de parcours idyllique.
Chaque fois que je pense à la mort, à la maladie, au deuil, à la fin ou à la disparition, j’ai toujours ma gorge qui se serre, mon estomac qui se noue, mes mains qui tremblent la peur de l’inconnu. Cet ennemi qui m’amène que de l’agitation dans la tête et un coeur rempli de soubresauts d’amertume. À l’occasion, des souvenirs prennent possession, le temps d’une petite danse dans ma tête, laissant une vague heureuse sur ma plaie.
Je demeure une enfant inconsolable face à la mort. Je suis incapable d’ouvrir mon âme à une élévation plus grande que le concret, le foutu concret qui me rappelle chaque jour: l’absence. Mon père séjourne aux soins palliatifs, tellement frêle que j’aimerais moi-même le porter sur son étoile. Une âme gigantesque vouée au tango de la mer ainsi qu’au son du ressenti. Comment me satisfaire à présent de cette brillante générosité interrompue? Comment interrompre l’envie de la suite de la réalisation? Sommes-nous tous des enfants innocents face à la mort? Comment me rappeler un sourire qui s’animait autant? Comment ne plus dialoguer et partager?
Et si mes craintes m’empêchaient de voir l’essentiel?
Et si je regardais avec ses yeux?
Si je range mes maudites peurs… Je vois mon père souriant, il dit être bien et répète que les banalités n’ont pas d’importance. Le bleu de ses yeux rejoint celui du ciel, tellement il est éclatant.
-Tu sais, j’ai vu tout plein de couleurs, c’était tellement beau que je croyais être mort, dit-il, serein.
Suis-je prête à lâcher prise sur mes visions qui ne m’appartiennent pas?
En suivant cette façon particulière de sourire à la vie, donnez au suivant …