En ce moment, impossible d’échapper à Le Stade de Fredz. Cette chanson tourne en boucle partout et, malgré moi, elle me parle. Parce que j’en suis là. À reconstruire quelque chose en moi, à me relever doucement, à sentir, parfois, cette envie de me relancer. Mais pas totalement. Pas encore.
On dit qu’il faut un an pour se remettre d’une rupture, et les mois passent. Il y a eu des jours où tout me paraissait plus lourd, où je n’imaginais même pas la possibilité d’un « après » . Des jours où la nostalgie frappe sans prévenir, où un souvenir refait surface avec une brutalité inattendue. Un endroit, une vidéo de chat que je voudrais lui partager, une chanson – toujours une foutue chanson d’Elton John – et d’un coup, c’est comme si tout recommençait.
Aujourd’hui, ce n’est plus tout à fait le cas. J’ai dépassé ce stade. Mon regard commence à se poser différemment. Je sens que quelque chose en moi évolue, que l’envie de partager des moments, de créer quelque chose de nouveau, revient petit à petit. Mais ouvrir mon cœur, vraiment l’ouvrir, ça, c’est une autre histoire.
Je pourrais simplement y aller, rencontrer quelqu’un et voir où ça me mène. C’est ce que beaucoup font, non ? Se lancer sans trop réfléchir, laisser le temps faire son travail. Mais moi, je ne fonctionne pas comme ça. Pas cette fois.
Parce que derrière cette envie qui renaît, il y a une peur encore bien ancrée. Pas la peur de faire une rencontre. Pas même la peur de tomber amoureux. Mais la peur de m’ouvrir à nouveau. La peur d’être vulnérable. La crainte de donner les pièces à quelqu’un que je ne connais pas encore, et de la voir jouer avec mes émotions comme sur un échiquier.
J’ai déjà aimé avec une intensité qui me dépassait. J’ai déjà cru en quelque chose avec une confiance absolue. Et je sais ce que ça coûte quand ça s’effondre. Ce n’est pas l’idée d’aimer qui me bloque, c’est ce que ça implique. Faire entrer quelqu’un dans ma bulle. Lui donner accès à mes failles, à mes espoirs, à mes doutes. Lui laisser la possibilité, un jour, de partir avec une partie de moi.
Je ne veux pas rester enfermé dans cette peur. Je ne veux pas que les blessures du passé dictent mon avenir amoureux. Mais je refuse aussi de précipiter les choses juste pour avoir l’impression d’avancer.
Alors, j’avance doucement. Je me laisse le temps de ressentir, d’écouter cette petite voix en moi qui me dit que ce n’est pas encore le moment, mais que ça viendra. Parce que je le sais maintenant : je ne suis pas fermé à l’amour. Je ne suis pas incapable d’aimer à nouveau. Je ne suis juste pas encore au stade où je peux le faire sans crainte.
Et c’est peut-être ça, le vrai progrès. Accepter que rouvrir son cœur ne se fait pas du jour au lendemain. Que ce n’est pas une décision qu’on prend sur un coup de tête. Mais quelque chose qui se construit, qui se prépare.
Un jour, je saurai. Je sentirai que c’est le bon moment. Je croiserai un regard qui fera tomber ces dernières résistances. J’aurai envie de parler sans avoir peur d’être mal compris. Envie de me livrer sans calculer les risques.
Ce jour-là, je saurai que j’ai atteint ce stade.
Mais pour l’instant, je continue d’avancer. Un pas après l’autre.