Une séparation, une rupture c’est toujours douloureux. C’est le deuil du passé qu’on connaissait.
Du jour lendemain, nous nous retrouvons projetés vers l’inconnu. Un inconnu, en fonction des situations, perçu comme une délivrance, une renaissance ou une punition injuste.
Mais l’inconnu, c’est aussi le flou, l’inattendu, l’imprévisible. L’inconnu, ça peut griser mais ça fait aussi peur. Une peur amplifiée par la présence d’enfants qui n’ont rien demandé et qu’il va falloir ménager de son mieux. Et ça pour tout parent fraichement célibataire, c’est un sacré défi car nous n’avons pas de manuel pour nous guider dans cette nouvelle vie de famille monoparentale.
Nous avançons à tâtons avec la culpabilité de ne pas avoir été la famille parfaite que les enfants méritaient, avec la crainte de mal s’en occuper, d’hypothéquer leur avenir , de ne pas assurer tous les jours comme parent solo.
Au chagrin, à l’amertume, la rancoeur ou la colère d’une séparation viennent s’interférer
très rapidement les soucis liés au nouveau quotidien et les questions matérielles et urgentes à régler .
La rupture entre parents n’est pas une rupture classique.
C’est un vrai séïsme qui nécessite pour tout ce qui le vivent une adaptation très rapide. Ce n’est facile pour personne. Nous nous sentons surtout désarmées.
Alors combien de temps faut-il pour se remettre d’une séparation entre parents ?
Y-a-t-il une règle de calcul basée sur le nombre d’années en couple ?
Non je ne crois pas que cette règle s’applique systématiquement.
En revanche, je crois qu’il y a des cas où rebondir sera plus long et difficile. C’est le parcours du combattant. Il s’agit des personnes qui ont vécu de la maltraitance physique ou morale. Rencontré un manipulateur, un pervers narcissique. Dans ces relations toxiques,le poids des années risque d’influer sur la durée de la reconstruction. Car l’amour de soi, la confiance en soi ont été profondément atteints et renaître prendra du temps. Sans l’aide d’un thérapeute, le chemin sera compliqué.
Pour les autres ruptures où les causes de séparation sont moins traumatisantes, la route n’est pas pour autant simple. Etre parent solo, c’est avoir subi sur quelques années des changements irréversibles auxquels nous avons dû faire face sans y avoir été préparés:
1) la naissance du 1er enfant où le couple s’éclipse souvent derrière les parents.
Chacun cherche ses marques, de nouvelles identités se dessinent. L’homme est devenu un père et doit chercher sa place dans ce couple devenu famille. Ce n’est pas facile et sûrement pas inné.
S’il n’y arrive pas, le couple se fragilise.
Et pour la femme, c’est un grand boulversement psychologique, physique et un changement de rythme de vie. Elle devient maman parfois en perdant sa féminité, étouffée par les besoins d’un bébé si petit et dépendant d’elle, culpabilisée par les injonctions à la perfection de la société
Etre parent, c’est partager le bonheur d’être une famille mais c’est aussi avoir la pression d’échouer, de ne pas faire assez bien, de réussir à concilier la vie privée avec la vie professionnelle souvent exigeante
2) la naissance du 2è enfant et des suivants. Si l’amour du couple a résisté au 1er enfant et à la routine qui cadre son existence, va-t-il résister à ce nouvel heureux évènement ? Quoiqu’il en soit, vivre avec 2 jeunes enfants demande beaucoup d’énergie, d’amour, de compromis, de patience.
L’expérience aide.
Et c’est le cataclysme quand nous nous retrouvons à assumer seule(e) ce que nous avions
du mal à faire à 2. Ca demande une énergie incroyable de continuer à vivre en étant responsable
de sa progéniture qui a besoin d’amour et de soutien dans ces moments difficiles alors qu’en
parallèle, il va falloir :
– préparer un déménagement ou se partager les meubles, les biens communs, revendre une résidence principale
– mettre à jour tous les documents administratifs pour indiquer le changement d’adresse, le changement
de statut, se déclarer famille mono-parentale
– annoncer la séparation et faire face à toutes les réactions de l’entourage : réactions neutres, réactions d’encouragement, d’empathie, de pitié, de surprise, de jugement ou de rejet
– gérer une relation avec l’ex qui peut être très conflictuelle : pas de pension alimentaire, pas d’implication dans la vie des enfants…arriver à s’entendre dans un climat
compliqué sur l’éducation des enfants…avec un ex pour lequel des sentiments peuvent toujours exister, ce qui rend la rupture plus dure et le deuil plus long
– continuer à assurer son activité professionnelle
– vivre avec une grande fatigue émotionnelle et physique liée à tous ces chamboulements et au stress
– tenir physiquement même quand les enfants sont malades, fatigués et nous empêchent de dormir
– accepter que les amis du couple prennent parti et nous délaissent pour l’autre parent
– accepter que parmi ceux sur qui nous comptions pour être aidé(e)s certains déçoivent et reconnaître les personnes pour qui nous comptons
– en cas de divorce, bien le préparer
– assurer les dépenses de la famille avec un seul salaire ou pas de salaire (si le parent ne travaille pas)
Cette liste est bien longue et je pense à travers mon expérience personnelle et des expériences similaires qu’il faut environ 2 ans pour retrouver un nouvel équilibre de vie, se construire de nouvelles habitudes, faire le deuil du passé, avoir une relation plus apaisée avec l’ex, avoir des enfants adaptés aux changements.
Et vous, que pensez-vous de cette réponse ? Comment de temps avez-vous mis pour avancer et faire table rase du passé ? Avez-vous une relation plus sereine avec votre ex ?
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Alexandra, maman solo et rédactrice du blog www.lanouvellemamansolo.com