« Je ne changerai jamais, je suis comme ça ! » : derrière cette croyance, il y a plusieurs messages qui se dessinent à l’arrière-plan.
Message #1 : Personne ne peut m’aimer tel que je suis !
Je dois changer mes comportements, attitudes, agissements, désirs, envies, etc… pour mériter l’amour d’autrui. En résumé, cela revient à penser qu’on est dans l’obligation de devenir quelqu’un d’autre (de meilleur à nos yeux) pour envisager de plaire réellement à une autre personne.
Beaucoup de personnes pensent qu’elles doivent uniquement montrer leur plus beau visage à l’autre que ce soit pendant les premiers instants de la rencontre, mais également lorsque le couple est établi. Elles pensent à tort qu’elles seront plus appréciées, plus aimées, plus respectées, plus valorisées, plus valables aux yeux de l’autre si elles s’affirment dans la posture de la “bonne” personne qu’il paraît plus difficile de rejeter que l’être imperfectible que nous sommes toutes et tous.
Lorsque j’ai rencontré mon épouse actuelle, j’ai enfilé le costume de l’homme parfait abordant les premiers échanges en “vendant” l’homme romantique, paternel, respectueux et bienveillant que j’étais. J’étais persuadé que j’avais davantage de chance de conclure si je montrais ce côté plaisant de moi, parce que j’avais une immense trouille que l’autre puisse découvrir ce que j’appellerai les failles dans mon système, à savoir mes peurs, angoisses et comportements limitants … A force de côtoyer des échecs, j’avais pris l’habitude de me sécuriser de peur de ne pas être apprécier si je jouais franc jeu. Ce fut une petite erreur !
Tôt ou tard, les masques tombent et le naturel reprend le dessus. Bien sûr, l’homme qui s’était présenté face à elle était vrai et authentique dans ce qu’il montrait de lui, mais cela n’était qu’une infime part de sa personne. L’homme romantique était parfois l’homme indifférent, l’homme respectueux, celui qui veut imposer ses choix et j’en passe.
Pourtant, cela ne m’a pas empêché de créer une relation avec cette femme. Néanmoins, pour pérenniser mon couple, j’ai dû enlever certains masques, mettre fin à plusieurs mensonges et vous savez quoi ? Ma femme est toujours à mes côtés aujourd’hui. Elle m’a indirectement libéré d’un poids, celui de me conformer à un idéal au lieu de respirer l’être que je suis dans cette multiplicité qui me caractérise. Elle m’a pris dans ce package d’être dans lequel je peux aussi bien être le mec “névrosé” et l’instant d’après, celui abordant une joie de vivre communicative. Elle m’a donné le droit d’être aimé pour ce que je suis.
N’ayez pas peur d’être authentique dès les premiers instants. Ne vaut-il pas mieux jouer franc jeu d’entrée plutôt que de prendre le risque que l’autre ne soit plus en symbiose avec vous lorsqu’il aura découvert ce que vous tentez de camoufler ? Si l’autre vous apprécie dans cette imperfection assumée, il sera probablement plus enclin à accueillir les nouvelles parts de vous qui viendront se présenter au fil du temps.
Message #2 : Je deviens fataliste face à la vie !
C’est un peu comme si on renonçait à tout apprentissage, toute rencontre pour se scléroser dans cette posture immuable dans laquelle on n’y voit plus sa propre valeur. C’est à cet endroit que beaucoup de gens (j’en ai fait partie !) se perdent en essayant de travailler inlassablement sur eux, espérant devenir mieux qu’hier. Le risque est de ne pas obtenir les résultats escomptés et ainsi, d’avoir une preuve supplémentaire que notre cause est perdue.
Personnellement, j’en ai bouffé du DP et lorsque je fais le bilan aujourd’hui, je pense que cela m’a plutôt desservi. C’est pourquoi, je souhaite vous avertir sur cette quête sans fin du mieux-être que prône le DP. Pendant de nombreuses années, j’ai cherché à divers endroits, la recette miracle qui me permettrait de vivre en paix, dans le bonheur et l’abondance en laissant de côté la souffrance et l’autosabotage. Certains enseignements, points de vue, outils m’ont certes apporté de précieuses richesses sur mon chemin, mais dans l’ensemble, m’ont amené à me remettre constamment en question pensant que celui qui exprime sa vérité face à moi dans une posture de (faux) homme guéri en sait plus sur moi que moi-même.
Le DP peut rendre “fou” et nous priver de l’être magnifique que nous sommes dans l’instant, pensant qu’ailleurs, plus loin, l’herbe est plus verte et la vie plus confortable. Et lorsque vous n’y arrivez pas, vous vous sabotez pensant ne pas avoir fait le nécessaire, alors que les autres y arrivent ! Cela rajoute une couche supplémentaire à votre souffrance. Finalement, vous obtenez le résultat opposé à celui escompté et le “petit” problème de base se décompose en une multitude de problématiques qui nous font prendre conscience que finalement, la vie d’avant n’était pas si mal.
Combien d’entre vous ont déjà essayé de mettre toutes leurs chances de leur côté pour changer, évoluer, vaincre, mais en vain ? En 2022, le temps n’est-il pas à l’acceptation de ce que nous sommes ? Vivre en harmonie avec toutes ces parts qui nous composent n’est-il pas l’un des chemins qui mène à ce semblant de paix ? Quand je m’accepte dans ma connerie, ma vulnérabilité, mon agressivité, ma méchanceté, etc.. il n’y a plus de problème, car tout est OK, tout est “vivable”, rien ne me dérange réellement, car je ne le range plus dans la case du : “c’est mal”. Ce sont des sentiments parmi tant d’autres qui eux aussi ont le droit d’être exprimé.
Avez-vous déjà cherché à distordre le bonheur, la joie ou quelconque état de bien-être ? Bien sûr que NON, vous le vivez et le respirez intensément. Alors pourquoi ne pas en faire de même avec ce qui paraît négatif ? Se laisser traverser, vivre le truc même si cette fois-ci, c’est inconfortable le temps d’un instant !
Message #3 : J’ai le droit de me laisser guider au lieu de vouloir tout contrôler !
A mon sens, la manière la plus accessible de transformer cette croyance limitante en croyance aidante réside dans le simple fait d’en finir avec le désir de changer. Si j’accepte de ne plus changer, cela ne veut pas dire que ça ne va pas être le cas, car nous sommes en permanence en train de bouger, même si cela est parfois subtil. Cela veut simplement dire que je suis satisfait de la personne que je suis aujourd’hui et que je laisse la vie décider quel sera le moment pour moi d’en connaître davantage sur ma personne.
Que peut-on réellement mettre derrière cette expression vague : “je suis comme ça” ? Et si on devait absolument y mettre quelque chose derrière, qu’est-ce qu’on y mettrait ? “je suis parfois con”, parfois impatient, parfois critique, parfois moqueur, parfois égoïste, parfois méchant et alors ? Le “comme ça” renvoie souvent sur ce qu’on juge comme étant négatif dans sa façon d’être. Mais dites-moi, qui peut se vanter de n’être que l’Homme intelligent, altruiste, bon, etc… ? S’il existe qu’on vienne me le présenter de suite, preuve à l’appui !
Apprécions d’être différent, pas sur la même longueur d’onde que l’autre, car cela va lui permettre de venir puiser en nous, les pièces manquantes de son puzzle intérieur. “je ne changerai pas pour toi, je suis comme je suis, j’ai ma propre façon de ressentir, de vibrer, libre à toi de fuir ou de me prendre tel que je suis”. Ce n’est pas simple pour tout le monde d’affirmer cette ambivalence dans nos comportements, mais à mon sens, c’est une porte d’entrée qui me permet d’être aimé pour ce que je suis sans avoir besoin, une fois de plus, de montrer uniquement le “bon” côté de ma personnalité. Je suis “comme ça” revient à dire : aime-toi quand je suis beau, mais également aime-moi quand je suis “moche”.
Geoffrey CUDIZIO
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