Quand je l’ai rencontré il avait 40 ans. Nous l’appellerons Alexandre.
Il était Directeur de Succursale dans une grande banque à réseau.
Diplômé de l’enseignement supérieur, il était marié avait deux enfants.
Sa carrière professionnelle était ascendante ; il avait de bons résultats avec son équipe et avait de l’ambition. Son objectif était de poursuivre son ascension professionnelle ; la suite de sa carrière le démontra.
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Passionné par tout ce qui touchait à la communication, au management, au développement personnel il a participé à de nombreux stages, lu beaucoup d’ouvrages sur la question. Fréquemment il surfait sur YouTube à la recherche de bons conseils.
Il était désireux de progresser.
C’est dans ce cadre qu’il passa la porte de mon cabinet un soir après une journée bien remplie.
Après les banalités d’usage nous sommes entrés dans le vif du sujet. Son discours, à ce que je m’en souviens ressemblait à quelque chose comme ça.
« Je me sens en permanence sous pression ; j’ai du mal. Je suis considéré par mon entourage comme quelqu’un de professionnellement efficace, un élément à potentiel. Vu de l’extérieur je suis considéré comme ayant une belle carrière et surtout des capacités à progresser. Ma trajectoire est jugée positive pour le futur ».
En coaching l’intuition joue beaucoup ; l’écoute dont on parle tant, cette écoute globale qui cherche à comprendre, deviner et voir derrière les apparences ce qu’il en est.
Surtout ne pas se précipiter à poser un « diagnostic », ou se lancer dans des solutions toutes faites que l’on retrouve partout en composant sur Google les mots clés du problème.
Surtout pas.
Laisser parler son intuition ; ce lieu étrange où se mêlent analyses rationnelles, émotions, expérience et un je ne sais quoi de parfois miraculeux.
– « Êtes-vous heureux ? »
– « Pas vraiment, je viens d’avoir une belle promotion et un beau bonus cette année et l’un de mes amis et collègue me disait tu ne parais pas content de ce que tu viens d’obtenir ? ; ça m’a marqué comme remarque »
Il était, de manière incompréhensible, triste. C’était sa véritable humeur. Alors que tout en apparence fonctionnait.
Une question m’est venue à l’esprit, comme une évidence.
– « Aussi loin que vous vous souvenez ; dans votre environnement familial et amical qui croyait en vous ? »
– « Plus mes ami(e)s que ma famille. »
Par tamis successifs nous sommes arrivés à lui faire se remémorer de nombreux souvenirs d’enfance, d’adolescence et même encore aujourd’hui où le milieu dans lequel il évoluait ne pratiquait pas l’encouragement à son égard.
Son père ne lui a-t-il pas dit un jour alors qu’il lui annonçait (fièrement) sa promotion au poste de Directeur d’une grosse succursale de la banque dans laquelle il travaillait.
– « Si quelqu’un nous avait dit quand tu étais plus jeune que tu arriverais à ce niveau un jour… »
On trouve mieux comme chaudes félicitations et chaleureux encouragements à poursuivre vous ne trouvez pas ?
Je me suis souvenu de l’effet Pygmalion cette expérience menée où certains enfants étaient vus comme des génies et d’autres de même niveau comme moins bons. Bien évidemment ceux qui bénéficiaient d’un regard bienveillant et encourageant se sont développés mieux que les autres.
J’imaginais ce qu’il a fallu à mon client comme efforts de volonté pour se sortir d’une image de lui négative qu’il avait au fond.
Toute cette pression vécue provenait de cet effort constant qu’il devait faire entre ce qu’il voulait être comparé à ce qu’on avait prévu pour lui dans les schémas parentaux.
On n’avait jamais cru en lui ; c’était difficile de croire en soi.
Sa réussite ne pouvait, dès lors se réaliser qu’au prix de l’abandon du plaisir de gagner, de se réaliser, qu’au prix d’efforts sur humains, d’austérité toujours plus forte imposée à soi et aux autres, d’une discipline de fer assumée.
Comme s’il devait payer cette faute originaire. Ne pas avoir été le « raté » que l’on espérait inconsciemment. Parfois certains parents ne veulent pas vraiment le succès de leurs enfants. Ils veulent qu’ils réussissent, mais pas trop…
On a beaucoup écrit sur l’estime de soi, la confiance en soi, le syndrome de l’imposteur. Oui tout ceci est vrai. Mais ce sont des généralités qui ne collent pas toujours aux trajectoires humaines, plus riches, plus complexes.
S’affranchir de l’avis des autres, du regard des autres est possible pour un adulte en autonomie pas pour un enfant en construction. Surtout quand ce regard, cet avis, ces jugements viennent des figures d’autorités qui sont censées les structurer leur donner cette confiance en soi indispensable à une vie épanouie.
Les dégâts sont importants, soit le sujet, par soumission à ces diktats inconscients s’interdit de réussir. Soit il lutte toute sa vie pour sortir de ce destin préfabriqué et réagit, en réaction.
Dans les deux cas une lutte souterraine se livre entre ses désirs profonds et ce qu’il s’autorise à réaliser.
Nous avons pu avancer avec Alexandre :
- Le seul fait d’avoir éclairé ce mécanisme sous terrain a permis de lui enlever de sa force.
- Nous l’avons aidé à s’affranchir de ce regard négatif parental ancien pour construire une estime de soi fondée sur ses propres valeurs et objectifs. Fondement indispensable à une nouvelle confiance en soi autonome.
- Nous l’avons inscrit à des cours de méditations de pleine conscience ce qui lui a permis de mieux voir, sans ressentir trop fortement, ces mécanismes à l’œuvre ; apprendre à vivre dans l’instant présent avec plus de joie et de légèreté et abandonner cette tristesse fruit du passé. Faire aussi retomber la pression en lui et autour.
- Nous l’avons aidé à pardonner à ses parents du passé qui ont fait ce qu’ils ont pu avec eux aussi sûrement leurs propres problèmes.
Aujourd’hui Alexandre est moins sous pression, plus fluide dans sa communication et interactions avec les autres ; plus en paix avec lui-même. Il a des objectifs à lui, ni en réaction au passé, ni en adhésion à des projections extérieures.
Il croit en lui et peut s’affranchir devenir enfin libre.
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Conclusion :
- Pratiquons un regard positif sur ceux qui nous entourent. Soyons des Pygmalion.
- Encourageons, soutenons, aidons, voyons le positif dans les moindres réalisations, félicitons même les résultats intermédiaires quand ils vont dans la bonne direction. Toujours et en permanence.
Comment bien aimer les autres quand on ne s’aime pas soi-même ?