« Je ne veux plus être hypersensible, ça fait trop mal, je ressens toute la souffrance des gens, des animaux, de la nature, c’est infernal. Je ne vois vraiment pas à quoi cela peut servir. J’en peux plus. »
Voici ce que me disait C. ce matin lors de notre premier rdv d’accompagnement.
Alors comment vivre dans ce monde quand on est hypersensible ? Comment faire face à cette noirceur, cette souffrance ? J’en ai d’ailleurs moi-même fait encore l’expérience douloureuse il y a quelques jours comme tu pourras le voir dans la vidéo à la fin de cet article.
Et même si aujourd’hui je prône le bonheur d’être douée de cette sensibilité exceptionnelle et extra-ordinaire, j’ai fait partie de la tribu des sceptiques, des blasés voire des victimes de nos supers sens.
Pourquoi l’hypersensibilité fait souffrir ?
Nous sommes souvent décrits comme étant « sans filtre », notre amygdale (celle du cerveau) ayant un grand nombre de connexions neuronales. Nous captons donc plus de signaux et avons tendance à exprimer directement ce que nous ressentons tant c’est intense. Cette intensité renforce le côté « vrai » de ce que nous vivons. Comment cela ne peut-il pas être partagé par tous alors que cela nous terrasse ?
Nos capacités sensorielles, d’analyse et de perception nous ouvrent un monde « plus plus plus » : plus grand, plus profond, plus intense, plus en résonnance, plus connecté. Et c’est essentiel cette connexion au tout, au monde, à la vie qui fait que nous ressentons dans notre corps ce qui pourrait être l’intégralité de tout ce à quoi nous sommes reliés.
Nous avons besoin d’amour, de joie, de simplicité, de douceur, de bienveillance. Si nous regardons par le prisme majoritairement accepté, nous sommes bercés par la violence, les affrontements, les meurtres, les agressions, les injustices. Notre cerveau a peur et il focalise sur ce qui le préoccupe le plus. Alors quand nous sommes focalisés sur la souffrance, il nous obéit et nous montre que oui, c’est vrai, la vie n’est que violence, souffrance, traumatisme. Il peut même nous amener à penser que nous ne sommes pas faits pour vivre dans ce monde.
Combien de fois avez-vous entendu « endurcis-toi ! », « t’es une chochotte », « oh ma pauvre petite, va falloir prendre sur toi ! » Et tant d’autres phrases du même genre avec lequel nous nous sommes construits, convaincus que nos ressentis étaient anormaux et nos émotions injustifiées.
Oui, nous pouvons ressentir la souffrance. Elle m’a frappée en plein ventre en voyant les pattes estropiées d’un pigeons à Paris Gare Montparnasse, elle m’a traversée en créant un abîme insondable quand, me formant sur les violences éducatives, j’ai mesuré la maltraitance planétaire que nous infligions aux enfants, persuadés que nous les adultes nous savons mieux. Si je sens dans ma chair cette violence, cette colère et cette tristesse, je sais faire la part des choses et je ressens sans avoir mal. Je sais que ce n’est pas moi qui souffre et que je capte la réalité d’autres. Et cela me conforte dans mes engagements qui me permettent d’œuvrer pour le bien commun.
En préparant cet article, je suis tombé sur de nombreux témoignages, postés par-ci par-là. Voici quelques phrases qui m’ont marquée. Résonnent-elles en vous ?
« Être sensible, c’est comme être une terminaison nerveuse ambulante. »
« Je me soucie beaucoup trop de ce que les autres pensent et ressentent, et de ce qu’ils voient lorsqu’ils me regardent. »
« Les choses que j’observe font remonter chez les autres des sentiments désagréables ou douloureux qu’ils ne veulent pas ressentir… et comme ils ne veulent pas ressentir, ils me font honte de ressentir. »
« Remarquer tout, pleurer à chaudes larmes, ressentir beaucoup trop profondément… Je me laisse facilement submerger par ceux qui m’entourent, qu’il s’agisse de ma famille, de mes amis ou d’inconnus en public. Cela peut être une avalanche. »
« Je pleure beaucoup (mais avec la thérapie, je me suis améliorée). Quand il se passe beaucoup de choses autour de moi, il est difficile de me concentrer ; tout ce que je veux, c’est être loin des stimuli. Et j’ai du mal à nouer de nouvelles relations car la plupart des gens aiment cette atmosphère bruyante pour rencontrer de nouveaux amis, comme les bars ou les événements sociaux. »
« Une vie intense… le bon est vraiment bon, et le mauvais est vraiment mauvais. Il y a très peu de compromis. »
« Je me sens gênée et comme une personne horrible parce que je suis toujours en train de demander aux gens de baisser le volume, de diriger le ventilateur loin de moi, de régler la température (vers le haut ? vers le bas ? plus modérée, en tout cas), et de me précipiter hors des magasins avec des parfums d’ambiance. »
« J’ai besoin d’un bouton « off » pour arrêter de ressentir »
« Je vis une vie de douleur émotionnelle »
Alors comment ne plus souffrir quand on est hypersensible ? Comment garder la connexion au monde sans qu’elle ne nous ravage et nous meurtrisse ? En orientant votre radar à intensité vers ce qui est beau !
Nous vivons dans un monde de dualité ou de complémentarité. Je vous laisse choisir votre réalité. Personnellement je penche pour la complémentarité. Le jour a besoin de la nuit, le positif du négatif.
Comment transformer son hypersensibilité en force ?
Nous avons le pouvoir de choisir nos pensées et d’accepter nos supers sens. Voici 3 conseils pour faire de votre hypersensibilité un super pouvoir !
Commencez par accepter qui vous êtes, dans votre entièreté !
Vous avez ces capacités intenses et profondes. Vous voyez, ressentez, vivez ce qui échappe à plus des ¾ de population. Quelle chance ! Vous pouvez faire changer la façon de voir le monde, vous pouvez amener à plus de respecter de la vie, plus de douceur et de bienveillance…simplement en étant vous et en partageant votre réalité.
Éloignez-vous des stimuli toxiques et violents
Évitez les informations, les émissions basées sur l’humiliation, la violence, les séries où viol et meurtres sont devenus banals et tous ce qui viendra heurter votre sensibilité. Quelle gloire y a-t-il véritablement à être capable de supporter des images ultraviolentes de morts vivants ou de serial killers ? J’avoue que cela m’échappe encore. Ma réalité étant ce que je pense, personnellement je ne souhaite pas l’imbiber de ce genre de choses.
Agissez avec bienveillance envers les autres…et d’abord envers vous !
Il est fondamental de vous offrir le monde et le mode de communication que vous souhaitez partager. Alors incarnez ce changement que vous voulez voir dans le monde comme le dit Gandhi. Votre affirmation de la douceur, de la fragilité, de la sensibilité et de la vulnérabilité fera du bien autour de vous et amènera une sorte de sélection naturelle de votre entourage, en faisant fuir les personnes toxiques.
Avez-vous lu l’Eloge de la faiblesse d’Alexandre Jollien ? Je vous le recommande…ainsi que l’Intelligence du cœur d’Isabelle Filliozat…et tant d’autres !
Vous avez le droit de souhaiter ne plus être hypersensible.
Vous avez le droit de penser que vous n’avez pas de place dans ce monde, qu’il ne vous correspond pas, que c’est trop dur.
Vous avez aussi le droit de prendre conscience que si vous pouvez sentir toute cette souffrance, vous pouvez aussi sentir toute la joie et la beauté.
Vous avez surtout le droit de devenir vous aussi un ambassadeur, une ambassadrice de la douceur, de l’empathie et de la bienveillance.