En tant qu’humains, nous avons besoin de contact physique. Embrassades, caresses, massages… le manque de toucher peut-être responsable de grandes carences sociaux-affectives ! Alors comment recréer du lien avec soi-même et pallier au manque …
Avec la crise de la Covid-19, le paradigme des relations humaines et nos liens d’attachement ont été remis sérieusement en question.
Tandis que les nouvelles technologies peuvent pallier dans une certaine mesure au manque de contact humain, rien ne peut remplacer le contact primitif de la peau.
Les anglo-saxons parlent même de « skin hunger » ou « touch starvation », autrement dit un état de « famine corporelle » quand le manque devient problématique et peut provoquer des problèmes de stress, d’anxiété ou de sommeil, surtout chez les personnes qui vivent seules.
« Le sens du toucher est le sens dont la privation entraîne la mort des êtres vivants ».
– Aristote.
La caresse verbale ou les sourires, même sous le masque, sont des expressions bénéfiques pour les contacts sociaux mais le contact tactile emmène à un niveau de bien-être physique et mental bien plus grand.
Il existe aujourd’hui des méthodes variées pour pallier à ce manque dévastateur.
1. Le rôle de la peau
« La peau est un des trois grands systèmes qui créé notre immunité et doit être nourri pour bien fonctionner » explique Hervé Munier-Didière, spécialiste hypnose et corps à l’A.R.C.H.E.
En 1985, dans son livre « Le Moi Peau », Didier Anzieu (psychanalyste), nous expliquait déjà que dans les premières semaines de la vie, c’est toujours le corps de la mère, les interactions qu’elle a avec son bébé qui vont soutenir l’adulte en devenir en lui servant d’appui extérieur.
Un bébé qui n’est pas touché peut développer des problèmes graves de croissance.
Être touché, c’est être accueilli et avoir sa place dans le monde.
« Nous avons besoin de quatre câlins par jour pour survivre. Nous en avons besoin de huit pour fonctionner. Et de douze pour croître. »
– Virginia Satir
Harry Harlow, dans les années 50 a mené une expérience sur des bébés singes. On les a enlevés à leur mère et confiés soit à une « mère » faite de fils de fer, soit à une « mère » douce et confortable faite en tissu éponge. Dans certains cas, la mère en fil de fer disposait de nourriture, dans d’autres, c’était la mère douce et confortable. L’étude supposait que les singes se tourneraient vers la « mère » qui avait à manger. Mais ce ne fut pas le cas. Nourriture ou non, les singes préféraient de loin la mère qu’ils pouvaient câliner.
2. Rétablir la conscience du corps, toucher sans être touché
Prendre conscience de ce qui nous rend vivant : respiration, gestes, mouvement, sensorialité est essentiel pour célébrer notre corps, ce temple qui nous héberge, notre allié pour aller de l’avant. Parler à son corps chaque matin comme un rituel quotidien « Bonjour, comment vas-tu ? », « Comment te sens-tu ? », « Que puis-je faire pour toi aujourd’hui ? », c’est se mettre à l’écoute de ses besoins, remplacer les ruminations mentales négatives par un dialogue sain et décider de la couleur qu’on a envie de mettre à sa journée.
Vous pouvez aussi le faire à travers des exercices d’auto-hypnose ou des méditations qui vont permettre un recentrage sur les sensations physiques internes. En fermant les yeux, vous ouvrez un champ de conscience différent à l’intérieur de vous.
Faire une pause pour danser ou chanter de manière intuitive au gré des envies de notre corps est aussi un moyen d’exprimer nos émotions et se laisser « toucher » par soi-même.
Chacun de nos gestes raconte une histoire au monde.
3. Pratiquer l’auto-massage comme clé de contact
L’auto-toucher est une pratique naturelle que nous faisons déjà tous les jours quand nous nous lavons la tête, quand nous nous réchauffons les mains l’hiver…
En période de « disette » de toucher, pratiquer ce qu’on appelle l’auto-massage conscient est plus que prescrit. C’est une pratique ancestrale dans beaucoup de traditions mais peu répandu dans notre culture occidentale. Avec la médecine ayurvédique, j’ai appris des techniques d’auto- massages de bas en haut avec de l’huile de sésame et quelques gouttes d’huiles essentielles d’eucalyptus suivi d’une douche chaude pour relever mon niveau d’énergie.
« On peut générer aussi de l’ocytocine, hormone qui favorise le lien social et l’amour, en auto-massage sur le ventre, notre deuxième cerveau, le matin au réveil ou le soir avant de s’endormir, avec beaucoup de tendresse et de simplicité » nous confie Hervé Munier-Didière, qui pratique l’hypnose et la massothérapie en duo. L’idée étant d’être respectueux et progressif. Certaines personnes sont plus kinesthésiques que d’autres alors il faudra le temps d’apprivoiser ces pratiques.
L’ocytocine est décrite comme un « nectar de guérison » par la chercheuse suédoise, Kerstin Uvnäs.
Voici 3 techniques pour aller plus loin que vous pouvez d’abord apprendre avec des praticiens qualifiés et reproduire chez vous en toute autonomie :
- Avec l’hypnose, vous pouvez amplifier des ancrages avec vos mains sur le visage, associés à des émotions positives. Plus vous les renforcer, plus vous pourrez y faire appel quand vous le souhaitez.
- L’Emotional Freedom Technique (« Technique de libération émotionnelle» dit EFT) – est une pratique “psycho-corporelle” qui s’apparente aux différentes méthodes de stimulation énergétique des méridiens répertoriés par exemple par la médecine chinoise. Grâce à des “rondes” durant lesquelles on stimule les méridiens en les tapotant tout en se répétant des pensées positives, on génère une nouvelle énergie pour dépasser ses douleurs présentes ou passées.
- Le R.I.T.M.O (Retraitement des informations par stimulation bilatérales), pratique similaire à l’EMDR pourra aussi par auto-tapotements vous libérer de traumas.
4. Chercher le contact avec le monde vivant qui nous entoure
Chacun d’entre nous a un rapport différent avec le toucher en fonction de son vécu. Si vous vous sentez encore réticent à l’auto-massage, vous pouvez aussi essayer d’autres alternatives.
Le confinement a vu beaucoup de personnes seules (20% en France) adopter un animal de compagnie. La ron-ron thérapie et le fait de caresser un animal diminuent drastiquement le taux de cortisol, l’hormone du stress et la pression sanguine – et réciproquement pour eux.
Même “hugger” (étreindre en anglais) un arbre et ressentir avec intention son écorce, sa peau à lui, va engendrer ces effets bénéfiques car le cerveau va interpréter ce geste comme proche d’une embrassade humaine.
Vous envelopper dans des couvertures douillettes ou un long bain chaud recréera aussi cette sensation de toucher.
Alors comment allez-vous vous câliner cet hiver et oser vous donner de l’affection ?
Sandrine Larive – slasheuse en développement personnel, experte en sciences du comportement humain (coach certifiée, praticienne en hypnose, PNL et R.I.T.M.O), conférencière sur le Syndrome de l’Imposteur, organisatrice de retraites.
Reçoit sur RDV en cabinet à Genève ou en visio-consultation.
Site Internet : https://kyriellecoaching.com