C’est trop difficile ! C’est impossible ! Je ne saurai jamais ! À quoi bon ! Je n’y peux rien ! Je suis nul !
Quel parent ne s’est pas inquiété des affirmations de son enfant ?
Bien sûr, vous l’avez rassuré, « mais non tu n’es pas nul ! ». Vous a – t ’il cru ? A-t-il repris confiance ?
Pas si simple de rassurer un enfant en perte de confiance !
C’est souvent dans le domaine scolaire que l’estime de soi de l’enfant prend des coups. Il doit faire la preuve de ses compétences et capacités. Son sentiment de compétence est remis en question par la comparaison. Il n’est plus le centre du monde et il est confronté aux attentes des parents et des enseignants.
Les résultats scolaires sont des enjeux majeurs pour beaucoup de parents et lorsque les attentes de ceux-ci sont excessives par rapport à ce que l’enfant peut fournir, il est déçu de lui-même. L’erreur le fige, bloque sa réflexion et peu à peu abandonne l’idée même de réussir et accepte l’idée d’être « nul ». Il se cache alors derrière une façade d’indifférence, d’agressivité, de passivité pour supporter la blessure narcissique.
Avec l’école, beaucoup de parents oublient l’enfant derrière l’élève et il finit par associer résultats d’évaluation scolaire et valeur personnelle, sans penser aux compétences qu’il développe dans d’autres domaines.
Plusieurs profils d’enfant « nul »
Il est important de comprendre que tous les comportements de nos enfants ont une fonction utile. Trouver cette fonction de protection, c’est résoudre une partie du problème.
L’enfant « nul opportuniste », il se complaît dans l’auto dévalorisation pour expliquer ses erreurs. Il ne se sent responsable de rien, il ne fournit plus d’effort à « quoi bon ? Le prof l’a pris en grippe », « c’est comme ça ! » Dans la famille nous sommes « nuls » dans cette matière, pourquoi travailler pour réussir ?
L’enfant « nul manipulateur », c’est un « faux nul ». Il le fait exprès pour en retirer un avantage, être rassuré, ne pas être puni, qu’on le plaigne, qu’il ait une bonne image sociale auprès des copains, que l’on fasse à sa place, que vous lui trouviez des excuses.
L’enfant qui se sent « réellement nul », il fait d’une expérience particulière une généralité qui l’empêche d’avancer. Il a le sentiment qu’il n’y arrivera pas, qu’il n’a pas les ressources pour accomplir ce que l’enseignant, les parents attendent de lui.
Comment l’aider à dépasser son sentiment d’incapacité, de nullité ?
Évaluez vos attentes en matière scolaire et extrascolaire. Ne sont-elles pas trop élevées ? Sont-elles en lien avec ses capacités, ses envies ? Si ce n’est pas le cas, votre enfant pourrait être déçu de ne pas vous satisfaire.
Faites-vous confiance à votre enfant ? La surprotection inhibe l’envie d’expérimenter, de découvrir et donc la réussite !
Ne confondez pas enfant et élève, sa valeur n’est pas dépendante de ses notes et il doit être assuré de votre amour inconditionnel.
Est-ce que vos compliments portent sur les résultats ou les moyens mis en œuvre ?
Privilégiez les compliments sur les moyens et les stratégies que développe l’enfant, l’adolescent, cela l’aidera à persévérer et le motivera. Mentionnez régulièrement les qualités, compétences dont il fait preuve. Soulignez chaque réussite, car l’enfant ne les intériorise pas forcément.
Relativisez les domaines dans lesquels il rencontre des difficultés, évitez la généralisation, les difficultés peuvent être passagères.
Faites avec lui le tour de ses réussites, scolaires et extrascolaires, dégagez-en les stratégies qu’il emploie dans les domaines où il réussit. Encouragez-le à prendre conscience du lien de causalité entre travail, entraînement, persévérance, régularité et résultats.
Incitez-le à trouver des solutions. Il prendra conscience de sa valeur, n’anticipez pas les difficultés, ne résolvez pas les problèmes à sa place (sans le placer dans des situations impossibles). Laissez-le exprimer ses idées sur les tactiques et la façon de les mettre en place.
Soutenez-le dans la mise en place de ses solutions
Identifiez les peurs, les pensées bloquantes, les croyances limitantes, les doubles contraintes : peur d’être puni, peur du regard des autres, peur de décevoir, attribution illusoire « vous allez penser que je suis nul », catastrophisme « si je ne réussis pas, c’est mort », les impératifs « je dois réussir pour que vous soyez fier de moi », hyper généralisation « je n’y arriverai jamais »….
Encouragez la persévérance, l’erreur est incluse dans le processus d’apprentissage ! Ici le mot ENCORE est magique « Tu n’y arrives pas ENCORE, tu recommenceras ». Attention à ne pas trop stimuler, à ne pas vouloir aller trop vite, vous placeriez l’enfant en situation d’échec !
Les enfants naissent avec le désir d’apprendre, il en va de leur survie ! Ayez confiance en leurs capacités !
Tout apprentissage commence dans l’ignorance et comporte des risques !
Article écrit pour lalibre.be avril 2018
Grandir en confiance Atelier : Je construis l’estime de soi de mon enfant