La réconciliation est un pardon authentique. Cette sincérité vient toucher profondément notre relation que nous entretenons tant avec nous-même qu’avec les autres et le monde extérieur. La réconciliation implique donc d’aller au cœur de nous-même avant tout et d’envisager le pardon envers l’autre aussi.
La réconciliation vient réveiller notre globalité humaine tant dans son ombre que dans sa lumière.
L’acte d’amour qui se crée au travers de la réconciliation est une force dont on ne devrait pas se passer dans les épreuves de notre vie.
Réconcilier vient du latin « reconciliare » qui veut dire remettre en état, rétablir. On sent alors toutes les fêlures, les cassures qui ont mené à cette réparation. Pour illustrer cette caractéristique de la réconciliation, l’art du Kintsugi en est un bon exemple. Dans son livre le kintsugi, l’art de la résilience, Céline Santini décrit cet art japonais qui consiste à réparer les objets brisés en mettant de l’or. Cette technique redonne alors une deuxième vie aux objets.
Dans cette délicate transformation, il y a la métaphore de l’amour au travers de l’or qui se crée son chemin pour redonner une existence à ce qui fut brisé, blessé dans l’âme. Remplir, embellir les cassures par des jointures d’or est un geste d’amour déposé sur ce qui a eu mal, sur ce qui fut détruit tout en découvrant, tout en assumant cette nouvelle image de soi. Au travers de cette définition et de cet art, on perçoit la dimension d’une restauration, d’une reconstruction bordée d’amour dont chacun a besoin pour passer d’un cœur blessé à un cœur guéri. On pousse notre responsabilité de guérison jusqu’à la réconciliation de soi avec son être profond, en caressant son âme.
On ose aller plus loin dans la puissance de la réconciliation qui devient alors un acte de guérison puissant qui nous aidera à dépasser nos difficultés de la vie.
C’est une résilience aux multiples visages car derrière ce pardon à soi se cache toute notre profondeur et notre force à regarder la vie non plus comme des épreuves mais comme un chemin d’existence que nous seuls pouvons traverser dans la sincérité, la tendresse ou pas.
Nous vivons tous de nombreux deuils d’amour dans notre vie qui se caractérisent par des séparations d’amour. Qu’elles soient amicales, familiales ou sentimentales, elles peuvent nous bouleverser, nous retourner l’âme et créer des blessures dont on a du mal à se remettre. Très souvent c’est alors la spirale aux tourments qui commence.
Les remords, les regrets, les souvenirs, les doutes, les inquiétudes, les peurs, les jugements sont autant de troubles qui nous encombrent le corps et l’âme. On se juge et on se laisse également jugé par les autres. On s’accuse de beaucoup de choses. La culpabilité nous envahit et s’installe. Elle revient à notre porte alors que nous l’avions laissé enfouie en nous lors de notre enfance.
C’est la blessure de la honte qui revient adulte. Et une fois que nous entamons ce tribunal à soi, il est souvent difficile de s’en sortir si nous ne prenons pas la mesure de notre responsabilité. Cette responsabilité va nécessairement passer par une prise de conscience.
Quand on a honte de quelque chose, soit on reste dans la honte à soi soit on cherche le pardon.
C’est un choix simple en apparence qui laisse planer une évidence. Pourtant soit nous irons vers une décision authentique en étant dans une relation sincère avec soi et avec les autres, soit nous resterons des clandestins de notre vie derrière le masque de la honte. Nous ferons du mal ou nous nous ferons du mal sans conscience véritable.
Carl Gustav Jung parle de « la psychologie des profondeurs » en expliquant que si quelqu’un nous a fait mal, est-ce que son intention était vraiment de nous blesser ?
Les hommes sont adeptes de cette mascarade, de se cacher derrière des intentions purement intimes mais qui ne seront ni explicites pour la personne qui subira ou partagera cette situation ni claires pour nous-mêmes. C’est une blessure que nous créons envers nous-même ou envers l’autre pour la plupart du temps de façon inconsciente. C’est pour cela qu’il est si difficile de revenir à notre responsabilité de relation authentique avec soi.
Nous nous persuadons sans cesse de notre honnêteté dans un choix, pourtant nous sommes des menteurs qui ne regardons pas nos écarts, nos manquements, nos ratages, nos ombres de la vie.
Alors quand il s’agit de quitter cette zone et revenir à une humilité de soi, tout un chemin d’apprentissage est nécessaire. Accepter nos agissements et notre façon d’être dans le monde revient à donner une place à notre globalité humaine quitte à en pleurer parfois, à en douter, à haïr nos actes et détester nos peurs.
Comment se sortir de cette zone inconfortable de l’existence? Comment faire en sorte d’être authentique avec soi-même et accepter d’entrer dans une réconciliation à soi et avec l’autre également, nous permettant ainsi de regarder sans œillère toute la complexité de notre vie, et de notre être.
Choisir entre le clandestinement ou l’authenticité, c’est considérer le pardon à soi et à l’autre dont nous sommes réellement capables et responsables. Nos actes ont des causes et des conséquences. Pour atteindre la réconciliation authentique, il revient à trouver une voie qui nous permettra de dépasser notre cercle vicieux de remords.
Comment se réconcilier avec authenticité ?
Pour vous aider, voici 5 étapes pour atteindre la réconciliation authentique au cœur de vous-même
1. Le remord est une blessure positive, acceptez-le!
Le remord est une douleur que nous nous imposons comme une sanction, une peine maximale à ce que nous avons réalisé et que nous jugeons de néfaste. Le remords est une blessure que nous faisons naître si quelque chose ne s’est pas déroulé comme nous l’aurions espéré.
Pourtant dans le remord il y a le mouvement de la vie qui n’est pas à considérer comme un châtiment mais plutôt comme une ouverture de l’être à se dire qu’il a agi comme il le sentait. Il arrive que certaines choses nous échappent parfois et ne se réalisent pas comme on l’aurait espéré. Aussi, l’une des premières étapes de la réconciliation au cœur de nous-même est d’accueillir le mouvement de notre vie.
Il vous semblera quelque fois, mais là c’est votre ego qui parlera à votre place, que des situations se répètent, que vous n’êtes pas heureux, que votre vie n’est pas ce que vous souhaitez, que vous n’arrivez pas à réaliser quelque chose.
La véritable réconciliation pour dépasser et transformer un chemin c’est tout d’abord d’accueillir, agir pour ne pas regretter et laisser faire le mouvement. Des remords viendront peut-être mais ils seront le gage d’un mouvement de votre âme en voie de guérison.
Car derrière le remord il y a l’apprentissage et la maturité du visage de la vie dont nous sommes les principaux responsables. Accueillez, libérez, laissez-vous aussi aller car tout n’est pas sous votre contrôle uniquement.
Cette première étape de la réconciliation est importante. Ne laissez pas la place à l’auto sabotage et à l’auto jugement destructeur qui peut être dévastateur et dévalorisant.
2. Se Réconcilier en disant pardon.
Cette parole peut paraître simple. On le voit aisément dans les situations de réconciliation entre pairs. Pour passer à autre chose, on est parfois amené à dire simplement pardon sans aucun état d’âme supplémentaire. Pourtant dans cette deuxième étape de la réconciliation authentique, se dire pardon implique de préciser pourquoi vous dîtes pardon à l’autre personne, pourquoi vous vous dîtes pardon dans votre intimité.
« Je dis pardon d’avoir fait ceci ou cela. Je me dis pardon » Je précise très clairement pourquoi je me suis fait mal ou pourquoi j’ai fait mal à l’autre. C’est une authentique demande de pardon à soi et à l’autre.
3. La réparation
Verbaliser le pardon et son pourquoi ne sera pas suffisant pour soi et pour l’autre. Il faudra également compléter cette parole par des actes. Réparer en apportant à la blessure que vous vous êtes faîte ou que vous avez générée, un complément à la parole du pardon.
Prouvez que vous êtes sincère par des actes. Offrez-vous de la douceur par exemple, faîte preuve d’inventivité pour réparer la blessure chez l’autre. La réconciliation véritable sera significative avec un comportement durable et bon. Une réparation tient quand on y a mis du cœur et tout ce qu’il fallait pour que ça tienne.
4. La réconciliation engagée
La réconciliation avec soi ou avec l’autre ne peut se satisfaire de paroles, d’actes réparateurs uniquement. Elle va se nourrir et s’approfondir dans l’engagement que nous avons avec nous-même et avec l’autre. En effet, il s’agit de prouver qu’on ne va pas recommencer en quelque sorte.
Une première blessure ne peut en générer une autre dans la réconciliation. Il faut savoir dépasser, transcender nos traumatismes, nous douleurs en s’engageant à grandir, à transformer notre développement permettant ainsi d’évoluer personnellement encore. La réconciliation est donc un palier de dépassement de la douleur pour envisager sa relation autrement avec l’autre. C’est un engagement d’amour individuel et réciproque aussi. Car dans le pardon engagé, nous créons une place à la grandeur d’âme. Nous ne laissons aucune place à la répétition d’une blessure et d’un pardon qui ne serait pas conscient.
Se pardonner ou pardonner à l’autre est une réconciliation responsable et engagée.
C’est ce qui fera la différence avec des relations toxiques, perverses. Cette étape de la réconciliation avec soi et avec l’autre ne sera pas possible pour un PN car il sera toujours dans la répétition de ses actes et ne pourra aucunement s’engager dans un pardon authentique.
La relation toxique et dépendante s’installe et ne permet plus la vérité de l’amour. Il est alors souvent trop tard quand la victime réagit et se rend compte qu’elle a trop pardonné à son partenaire d’une façon clandestine et non sincère car elle s’est menti à elle-même tout simplement.
5. La réconciliation accomplie.
La dernière étape est celle qui vous mènera entièrement à la réconciliation au cœur de vous-même. En effet, arriver à cette cinquième étape c’est ouvrir les possibles à notre propre résilience relationnelle. Une réconciliation véritable se passe à l’intérieur de nous-même et devient partagée quand le duo est conscient de la nécessité d’accomplissement dans l’acte de la réconciliation en étant dans une réelle connexion relationnelle.
Que la réconciliation soit unique, personnelle pour pardonner, se pardonner des actes que nous jugeons impardonnables, la réconciliation n’aura de sens que si vous arrivez à ce pardon accompli. Celui qui laissera de la place pour autre chose, qui permettra d’avancer et de tourner en quelque sorte la page. Si cette réconciliation est duelle, il faut que dans cette dernière étape chacun soit dans la même dynamique de fin d’un cycle pour passer à autre chose. Passer à autre chose, être dans la réconciliation ne veut pas dire oublier. Cela veut dire on avance ensemble en prenant un autre chemin mais en continuant à aimer quand même.
Si l’une des personnes n’est pas encore prête à pardonner alors la réconciliation ne peut aboutir. Le pardon accompli peut prendre du temps. Il peut aussi finir par se réaliser seul simplement dans son cœur si l’autre n’y arrive pas. Nous cherchons parfois avant de pardonner complètement encore à nous protéger en évitant de laisser cette place qui pour certains dire pardon serait celui qui flanchera avant l’autre.
Il faut comprendre que la réconciliation authentique au cœur de nous-même n’est pas une faiblesse, elle est un engagement profond à soi. Elle touche notre relation sincère que nous entretenons avec la vie comme je le disais en préambule.
Lui mentir ou ne pas accepter de pardonner ou de se pardonner c’est laisser la place à un auto contrôle qui ne permet aucunement d’avancer.
Dans la réconciliation il y a la libération de l’âme.Et c’est ce qui offre toute l’ouverture, toute l’immensité de l’existence de l’homme dans sa sensibilité et son authentique relation à lui-même et à l’autre. La réconciliation est un amour de soi et un amour inconditionnel pour l’autre.
Cette connexion relationnelle à la vie ouvre le cœur à tous nos combats, nos épreuves et développe notre résilience essentielle. On reconnaît sa blessure, on la partage et on la transforme. Se guérir par le pardon, se soigner par la réconciliation sont des actes intimes et profondément rédempteurs. C’est une puissante façon de revoir sa vie et d’aller vers le bonheur. Nous n’avons pas besoin de croire, de connaître les façons de se développer spirituellement pour se réconcilier avec soi ou avec l’autre. Il y a juste besoin de se recentrer sur soi, sur nos blessures brisées et nos forces pour continuer à se tenir la main ou tenir la main à quelqu’un sur ce parcours.
La réconciliation est un miroir des blessures de l’Homme. Elle permet de prendre conscience du monde infini dans lequel nous pouvons œuvrer pour devenir des hommes, des femmes toujours en quête d’une vérité et de plus en plus résilients en laissant la place à la réconciliation.
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