La page de ton cahier de chevet à la fin de ta journée est comme un miroir éclairé dans le soir.
Plus tu écris, plus tu avances vers toi-même. D’un mot à l’autre, ta silhouette se précise. Te voilà qui approches ton visage de ton regard.
En confiant tes yeux à ce regard, que vois-tu vraiment ?
Écris-le !
« Je vois combien j’ai ressenti, aimé jusqu’à maintenant, combien toutes ces peines et toutes joies du passé m’appartiennent encore, combien ces pensées me sont miennes.
Je vois tous les pays de ma vie que j’ai traversés pour arriver là où je suis. Je garde bien en mémoire mon enfance, cette chambre profonde qui m’a nourri au lait des rêves pour que je grandisse et que je sois là, à présent, conscient du mouvement de mon sang, promesse du cycle d’un autre sang, celui de l’encre que propulse aussi mon cœur.
Je sais que j’ai éprouvé des sensations et des sentiments communs à bien des individus. Au fond, quelle banalité ! Cependant, je dois avouer que personne ne me ressemble.
Je suis unique, comme n’importe qui est unique en ce monde. »
Telle est la vocation du miroir de la page : te faire répondre à ton appel de reconnaissance. Il n’est rien d’autre qui importe, que ce que tu es. Cela, écris-le aussi. La page te ramènera toujours au regard que tu poses sur ton histoire, à l’histoire de ton regard, à toutes ces évolutions dont tu es à la fois l’auteur, le protagoniste et le spectateur.
En écrivant, tu places ta main sur qui tu es. Certes, tu ne parviens pas à te toucher à travers ce miroir car tu réussis quelque chose de plus vaste encore et qui abolit tes limites : tu te rejoins complètement.
C’est ainsi que tu peux définir le miracle de l’écriture. Tu ignores désormais qui est le reflet de toi-même. Peut-être est-ce le principe de la réalité qui s’inverse : tu n’es devant ta page que l’image que projette ta vérité de l’autre côté, là où tout de toi s’écrit.
Pour cette vérité, écris plus loin encore, c’est-à-dire rapproche-toi au plus près de toi-même à cet instant précis.
Et souviens-toi, comme chaque instant change et te change, tu n’en finiras jamais d’apparaître dans le cadre du papier et donc d’écrire jusqu’à la fin de ta vie.
Géraldine Andrée Muller
Écrivain privé-biographe familiale-psychobiographe
Pour découvrir mon travail d’écriture biographique et thérapeutique, rendez-vous sur Mon site L’Encre au fil des jours