La résilience est définie comme une capacité à faire face aux expériences de vie difficiles et parfois extrêmement douloureuses.
Force est de constater que certains y arriveront plus que d’autres, pourquoi ?
La résilience peut-elle alors être innée ou acquise ? Naissons-nous résilients ?
« Lorsque nous sommes confrontés à des obstacles, nous trouvons des réserves cachées de courage et de résilience que nous ne pensions pas posséder. Et ce n’est qu’en situation d’échec que nous réalisons que ces ressources ont toujours été présentes en nous. »
– A.P.J. Abdul Kalam
La résilience, une identité individuelle.
Définir la résilience comme un trait de personnalité fait polémique aujourd’hui. Car cela induit que nous arrivons au monde avec cette identité. En parallèle de cela, la résilience est considérée comme un processus qui va identifier des ressources en soi et les faire se développer pour dépasser l’adversité.
Au travers de ces deux aspects, on comprend que la résilience laisse alors la place à l’identité individuelle.
Naître résilient fait de moi un individu prédisposé à conjurer les difficultés relatives à ma vie, apprendre à être résilient fait de moi un individu en constante évolution résiliente.
Mais alors ce que nous devons analyser dans cette double approche, c’est qu’il y aurait deux types d’individus résilients :
Celui qui a ce caractère inné et stable, ce qui sous-entend que notre santé est également positive.
Celui qui se construit résilient en puisant dans ses ressources personnelles pour parvenir à une positivité de la situation.
Dans les deux cas, elle représente une identité individuelle qui aurait pour facteur commun : une force positive propre à chacun.
Néanmoins, la psychologie positive démontre que la résilience ne peut se limiter au sens de l’inné et de l’acquis.
En effet, différents facteurs présents avant la naissance, pendant la naissance et après la naissance vont rentrer en ligne de compte dans ce pouvoir de la résilience que nous avons tous.
Une chose est certaine : la résilience n’est pas un déterminisme, loin de là. Elle ouvre les voies de l’humain, dans toute sa dimension.
De nombreux exemples que j’ai vécus dans mon parcours professionnel de professeure des écoles ont confirmé qu’un enfant naissant avec une forte résilience qui peut alors s’observer au travers de sa posture, de son regard face aux apprentissages est loin d’être linéaire et à contrario, un élève qui montrerait des signes de fragilités face aux difficultés, ne fait pas de lui un individu incapable de s’en sortir.
Il y a donc des facteurs qui jouent au développement de la résilience.
Il n’y a pas de génétique de la résilience, donc tout le monde a cette capacité de développement face aux adversités de la vie.
Néanmoins, les études scientifiques ont démontré que la production d’hormones telles que la dopamine ou la sérotonine peut être plus élevée chez certains nourrissons. Ces hormones positives et affectives montrent clairement que nous naissons chacun avec des dispositions face à l’adversité.
Les facteurs essentiels qui vont jouer dans notre résilience ont leurs ressources dans la petite enfance.
L’attachement d’amour
Boris Cyrulnik, neuropsychiatre spécialisé dans la résilience fait état de plusieurs facteurs qui expliquent la résilience. L’environnement familial en est un.
Et en effet, tout commence avant, pendant et après la naissance.
Lorsque nous naissons, notre individualité première va se créer avec le milieu dans lequel nous vivons entre autre.
Le principal facteur sera la stabilité affective. Et cette dernière doit être envisagée sous plusieurs attachements d’amour. Il y aura la maman, le papa mais aussi tout l’environnement proche et moins proche qui pourra agir dans l’approche d’attachement d’amour. Plus l’environnement de l’enfant est ouvert aux multiples attachements, plus il développera des ressources personnelles qui lui permettront de grandir.
Associée à cette réflexion essentielle du développement de l’enfant, cette théorie de l’attachement implique que l’enfant ait cet environnement le plus longtemps possible.
La théorie de l’attachement expliquée par Boris Cyrulnik souligne l’importance de la famille. Les capacités de résilience se construisent avec nos proches.
Une douleur, un traumatisme impacteront différemment sur l’individu en fonction de son histoire et de son développement. En effet, ces deux aspects de vie vont générer les facteurs de protection qui nous aideront à dépasser nos difficultés de vie.
Et ces facteurs de protection sont reliés, vous vous en doutez à notre fondement de sécurité qui se sera construit avec l’empreinte maternelle, familiale plus largement, la vie affective que nous aurons dans notre vie et tout l’environnement social équilibré.
Tous ces fondements essentiels de sécurité vont agir sur notre réaction face aux traumatismes.
Il ne faut pas pour autant limiter cette capacité de résilience à cela car même si une personne ne bénéficie pas de tout cet environnement de sécurité, cela ne l’empêchera pas de développer un processus de résilience efficace moyennant un facteur incontournable, celui d’avoir un soutien sécurisant après le traumatisme.
Vous l’aurez donc compris la résilience n’a rien d’inné et d’acquis. Elle est un chemin individuel qui nous met chacun dans des dispositions différentes.
Dire que telle personne est née résiliente et que l’autre ne l’est pas limiterait le pouvoir humain que nous avons envers nous et celui que nous pouvons avoir envers l’autre.
Boris Cyrulnik apporte un éclairage essentiel à la résilience. L’altérité est le levier de l’existence résiliente, c’est ainsi que je définirai ses propos.
Il faut parler de notre histoire, de nos blessures, ne pas avoir peur.
Et il faut aussi rêver de ce que nous pouvons réaliser, obtenir, dépasser.
Pour aller plus loin, voici mes derniers articles sur la résilience :
Dans mes prochains articles, je vous parlerai de l’importance de parler de ses blessures, en quoi la parole agit-elle sur notre propre résilience et dans un autre article, je vous parlerai des rêves à construire pour devenir plus résilients.