Si tu fais de ta vie tout un chemin d’écriture et si tu fais de l’écriture tout un chemin de vie, n’oublie pas de t’accorder des retrouvailles régulières avec ton cahier.
Le matin, n’aborde pas tes mails ou tes sms sans avoir pris ta place sur la page, tout comme le méditant retrouve le sol d’un ashram avant de percevoir les rumeurs du monde. Ce sont ces rendez-vous réguliers avec ta plume qui te maintiendront en équilibre.
Beaucoup d’événements peuvent te faire quitter ton propre centre. Mais quelles que soient les circonstances – la lettre qui mine ta journée, la facture au prix exorbitant, la soupe qui a brûlé au fond de la casserole -, n’oublie pas que tu es sur cette terre pour accomplir ton œuvre.
Si j’ai décommandé une séance d’écriture à cause de certains impératifs, je me dis :
– Géraldine ! Tu as dit que tu continuais ton roman le vendredi. Tu n’as pas pu, ce vendredi ! S’il te plaît, par fidélité envers tes engagements, rattrape ta séance aujourd’hui !
Même – et surtout – si les autres t’accaparent lourdement et tentent de te faire sortir de tes gonds, entre dans ton cahier comme dans un foyer à l’intérieur de ta maison, une chambre au cœur de ta chambre. C’est là que réside Tout ce que tu es. Tu le sauras en y entendant résonner l’écho de ta voix intérieure au rythme de ton souffle.
Quand je pose ma main sur le grain doux et velouté de la page qui m’attend, il me semble que je touche mon visage pour en éprouver le relief – les sourcils, le nez, les pommettes, les contours de la bouche… Et cette expérience toujours renouvelée du contact avec le cahier me ramène à mon adolescence, à l’ivresse du mouvement quand, vêtue de ma robe des beaux jours, je sentais avec un joyeux étonnement le frottement de mes jambes l’un contre l’autre.
En étant l’écrivant, tu es celui qui avance sans perdre le contact avec la route qui se trace en lui.
Le fil de l’encre – qui participe à ce mouvement car il te suit en même temps qu’il te précède – te relie à ton ressenti :
- Qu’est-ce que cela m’a fait quand elle m’a dit ça ?
- Quel souvenir cette situation réveille en moi ?
- De quoi ai-je vraiment envie ?
- Comment me délivrer de ce carcan ? En déplaçant légèrement mon focus sur le positif…
- Si j’obéissais à mes plus profonds désirs, qu’est-ce qui m’arriverait ?
La ligne d’écriture va très loin parce qu’elle te ramène à toi-même.
En pratiquant régulièrement l’écriture – bien que maintes conjonctures tentent souvent de m’en détourner -, je fais l’apprentissage de la vérité : non celle des autres, floue, approximative, et encore moins une vérité dite objective, extérieure à mon être, mais ma vérité, intérieure, certaine car elle constitue le fil directeur de ma vie.
Ainsi, je découvre une chose essentielle : ma vérité n’a pas besoin d’être complexe… Plus elle est simple, plus elle m’appartient – unique, fine, directe et singulière comme ma feuille du jour.
Comme moi, tu es fait de toutes ces feuilles qui dansent en même temps qu’elles t’enracinent dans la conscience de ton existence.
C’est toi, cette ligne, cette lignée, ce chemin qui progressent vers toujours plus de lumière.
Écris sur cela, dès aujourd’hui,
et continue demain.
Géraldine Andrée Muller
Écrivain privé-biographe familiale-psychobiographe-écritothérapeute
Pour connaître mon travail d’aide par l’écriture, rendez-vous sur mon site : L’Encre au fil des jours