L’homme a-t-il le droit d’être sensible ?
De tout temps, la sensibilité masculine est présentée comme une vulnérabilité honteuse.
Dans notre société contemporaine, elle commence à apparaître enfin comme une liberté humaine. Mais le regard jugeant l’étouffe encore dans une pudeur qui empêche les hommes de vraiment ouvrir leur cœur.
Autrefois, lorsqu’un homme pleurait, il perdait aux yeux des autres sa virilité, comme si laisser couler ses larmes, était indigne. C’était considéré comme un signe de faiblesse inavouable. Pleurer lors d’un drame, d’un deuil ou de joie était accepté mais se laisser aller à sa sensibilité de cœur n’était pas bien vu.
Cette virilité « abusive » a fait des hommes des « durs à cuire », incapables de vivre leurs émotions sans culpabiliser. Là où la femme peut s’épancher sur ce qu’elle ressent, l’homme , quant à lui s’interdit toute forme de sensibilité en verrouillant ses émotions. Ses yeux humides sont tolérés mais dès lors qu’il se laisse aller à partager ses ressentis et à laisser couler ses larmes, il y a comme une difficulté à accepter cette autre manière de s’exprimer.
Fort heureusement, la société d’aujourd’hui a ouvert la porte à l’intelligence sensible qui n’est pas une faiblesse mais une force qui permet à chacun, homme ou femme d’exister avant tout comme un être vivant dans sa nature réelle.
Mais beaucoup de nos semblables au masculin se caparaçonnent encore derrière leur cuirasse, et se targuent de ne pas être émotifs. Comme si « être émotif » était une insulte à leur masculinité et à leur « pouvoir ».
La sensibilité masculine se tait souvent depuis l’enfance, au nom de l’autorité paternelle qui prône souvent la puissance de l’homme et son obligation d’être toujours « fort » en toutes circonstances : « Un garçon ça ne pleure pas » …comme une responsabilité nécessaire !
Pleurer ne signifie pas « être faible ». C’est une réponse émotionnelle à quelque chose qui vient étreindre le cœur pour le laisser se libérer de ce qui le pèse trop. A chaque fois, qu’on ravale ses larmes, on se durcit, c’est comme si on fermait la porte au nez de quelqu’un qui vient pour nous aider. Lorsqu’un homme s’autorise à laisser parler sa sensibilité, il se sent vulnérable et cela l’effraie, il a peur de perdre quelque chose comme sa propre autorisation à être lui-même.
Au nom de l’égalité qui a remis les hommes et les femmes au cœur du même processus du vivant, il est indispensable de redonner cette place à chaque homme au cœur de son humanité.
Accueillir sa sensibilité que l’on soit homme ou femme, c’est accorder chaque partie : corps, esprit, cœur et âme à la même symphonie, celle de notre être. Il n’y a plus de jugement ni de moquerie, juste l’expression de soi libre et ouvert.
Un homme ça pleure oui, un homme est aussi un cœur sensible, un homme existe dans sa globalité! Pas de faux-semblant ni de stéréotype, pas de préjugé ni de formatage, l’être humain est Sensible, c’est là sa plus belle et sa plus noble qualité.
Cet aveu d’impuissance chez un homme doit disparaître pour devenir un acte banal, libérateur de toute charge émotionnelle qui pèse sur l’un ou l’autre au cours de sa vie. Il n’y a pas de surhomme capable de tout vivre sans jamais être déstabilisé dans ses repères.
Un homme peut pleurer pour éviter de devenir insensible car à trop ravaler ses larmes, il finit irrémédiablement par devenir comme une cuirasse . Il finit par perdre le goût à la vie.
L’homme, quand il souffre, se jette à corps perdu dans l’action, jusqu’à se ruiner la santé. Il s’interdit d’être dans son authenticité comme si l’admettre serait pour lui une crise de son identité masculine. Pleurer en cachette c’est s’empêcher d’être, c’est s’étouffer l’âme, c’est se faire encore plus mal.
Il est indispensable que les mentalités changent et évoluent vers un épanouissement de tous. Les hommes peuvent pleurer sans que cela nous choque ou nous gêne. Il n’y a plus de tabou ni d’interdit. Avoir les yeux et le cœur secs c’est au contraire devenir indifférent à la vie qui s’écoule dans notre histoire. Les larmes comme vecteurs de nos émotions sont libératrices. C’est un signe de l’ouverture à la vie, au mouvement, à la reconnaissance de chacun comme faisant partie d’un tout.
Être à la fois impliqué et détaché, c’est parler une seule langue, celle du cœur pour accueillir la vie comme une potentialité d’être et d’exister tout simplement.
Un homme, ça pleure, une femme aussi, un homme ça rit et une femme aussi…
Arrache tes étiquettes, le monde a besoin de liberté
Aime ta sensibilité, elle est la plus belle expressivité
Signe ta vie, avec l’empreinte de ton cœur
Change les couleurs pour être moins austère
Il est temps de prendre ton cœur dans tes mains et de lui laisser te communiquer ton humanité.
L’homme ou la femme = deux cœurs pour aimer
Pour un monde sans limite
Maryse de Mes Mots de vie