#Metooinceste : mon témoignage

Le tsunami qui vient réveiller le peuple sur la réalité des violences sexuelles intrafamiliales, appelées d’inceste déferle et a fait réagir le président de la République française Emmanuel Macron. C’est une première ! C’est la première qu’un président s’exprime sur le sujet.

Le #metooinceste surgit suite à la publication du livre de Camille Kouchner, la familia grande qui parle des violences subies de son frère par son beau père, qui est une personnalité publique. Je ne révèlerai pas le nom de ce criminel, il n’a pas sa place ici.

Et il provient aussi d’un vote de loi sur l’âge de consentement en France, les associations de protection de l’enfance souhaitent que l’âge de consentement soit passé à 18 ans quand certains continuent à vouloir les fameux 13 ans.

Rappel : Un enfant n’est jamais consentant pour une relation sexuelle avec un proche que ce soit à 13 ou 17,5 ans, surtout si cette personne a un rapport d’autorité sur elle.

On dit que les victimes prennent la parole, alors qu’en réalité elles prennent juste de la visibilité, car les victimes ont parlé, mais n’ont pas été écoutées.

Les chiffres parlent d’eux même : dans une classe, 3 à 4 enfants seraient victimes d’inceste. Malheureusement, je crois ces statistiques et je pense même que c’est un peu plus que ça.

Quand on a vécu un inceste dans son enfance, nous savons dans notre corps, dans notre esprit, dans notre sexe et dans notre vie, à quel point celui-ci nous brise et nous hante. Et nous ne souhaitons cela à personne même à nos bourreaux.

Sidération psychique

Un enfant qui subit de telles violences va sûrement vivre un phénomène appelé de sidération psychique qui est une manière de le protéger. Celle-ci est encore très peu connue et c’est grâce, entre autres, au travail de la psychiatre Muriel Salmona, spécialisée dans le psychotraumatisme, que la sidération psychique durant un trauma commence à devenir un terme plus courant quand on parle de traumas.

La sidération psychique est un processus neurologique qui se met en place quand l’événement que nous vivons est tellement anormal, surréel et inattendu que notre cerveau pourrait court-circuiter. Au lieu de pouvoir fuir ou combattre comme dans toutes situations normales, nous allons figer, car au lieu de produire de l’adrénaline, nous recevons des endorphines qui sont comme de la morphine et de la kétamine. La première est utilisée pour les soins palliatifs, pour les grands brûlés (afin de ne pas ressentir la douleur), la deuxième est un anesthésiant pour grands animaux qui provoquent des états de dissociation.

J’ose dire que tout enfant qui vit des violences sexuelles va vivre aussi une sidération psychique. C’est tellement inattendu pour un enfant d’être forcé à se retrouver dans une situation d’emprise sexuelle. Cela ne fait pas partie de son monde.

Ainsi la victime se fige, sort de son corps, flotte autour et la vie continue, malgré… C’est d’ailleurs pour protéger l’enfant que beaucoup de victimes ont une amnésie traumatique. Les personnes qui sont censées la protéger la maltraitent, si elle se rebelle, ça peut-être une question de vie ou de mort. La préservation de la vie gagne sur le trauma.

La sidération est aussi une des raisons pour laquelle la victime se sent coupable du crime qu’elle a dû subir, car elle n’a pas pu réagir, elle se sent complice, consentante malgré elle.

Sache que pendant des années et encore de nous jours, certains avocats des criminels sexuels utilisent le fait que la victime n’a ni bougé, ni dit que non pour affirmer qu’elle était consentante, même pour les enfants ces raisons ont été utilisées.

Pourquoi je prends la parole ?

J’ai envie de lever le tabou, de montrer à d’autres femmes qu’elles peuvent, elles aussi en parler et aller bien, ne pas être vues seulement comme des victimes. Je souhaite aussi montrer la réalité de ce vécu, qu’il sorte des murs dans lesquels j’ai souffert.

Je ne suis ni mon trauma, ni mon expérience, ni mes bourreaux, ni mon vécu seulement, je suis bien plus que tout ça. Et comme presque tout humain, j’ai le choix ! Même si l’on m’a retiré une partie de mon innocence, donnait un trauma à transporter avec moi, je fais le choix encore et encore, chaque jour, d’être une personne équilibrée, complète et épanouie.

Si j’y arrive, sache que toi aussi ! Je ne suis pas différente de toi. 

La route est longue, car il est plus facile d’être épanouie quand dans notre enfance nous avons reçu de l’amour et de la sécurité. Mais même si tu n’as pas reçu ces deux éléments primordiaux au développement d’un humain équilibré, tu peux choisir d’aller bien, de te sentir bien, de te soigner, de t’occuper de ton trauma et surtout de vivre pleinement ta vie !

Dans la vidéo, ci-dessous, je parle de mon vécu traumatique. Il y a des détails sur les violences que j’ai vécues. Abstiens-toi, si c’est difficile pour toi.