On passe notre vie à courir après des choses qu’on pense essentielles. « Je veux ça, je veux plus de ci, je mérite mieux. » C’est toujours cette histoire de « Je veux. » Et on croit, sincèrement, que c’est dans ce vouloir constant qu’on va finir par trouver le bonheur. Comme si plus on accumulait, plus on remplissait cette fameuse liste de désirs, plus on se rapprochait de ce moment parfait où tout est enfin en place.
Mais si je te disais que ce n’est pas dans ce que tu veux que tu trouveras le bonheur, mais dans ce que tu enlèves ? C’est exactement ce que Bouddha a voulu faire comprendre à cet homme. « Je veux du bonheur. » Trois mots simples, mais qui sont lourds de sens, bourrés de conditionnements et de croyances. Alors, Bouddha lui répond : enlève « Je », enlève « veux », et ce qu’il te reste, c’est « du bonheur. »
Pourquoi « Je » est-il le premier à devoir disparaître ? Parce que ce « Je » est la source de tous nos problèmes. Il y a cette obsession de l’identité, ce besoin constant de se définir, de se démarquer, de se dire : « Moi, je suis comme ça, moi, je veux ça, moi, je mérite ça. » Ce « Je » crée une barrière invisible entre toi et le reste du monde, entre toi et le bonheur. Tu penses que le bonheur est quelque chose que tu dois conquérir, quelque chose qui t’est dû. Mais ce « Je », c’est l’ego qui parle. Et l’ego, c’est ce qui te tient prisonnier de tes attentes, de tes peurs, de tes jugements. Combien de fois t’es-tu empêché de simplement être bien parce que ton ego t’a dit que tu n’avais pas assez, que tu n’étais pas assez, que tu méritais plus ?
Maintenant, enlève « veux ». Ah, le désir. Ce truc qui nous fait courir comme des hamsters dans une roue, sans jamais s’arrêter. Tu crois que tu veux du bonheur, mais en réalité, tu cours après des illusions. Le désir, c’est une poursuite sans fin, une soif insatiable qui te laisse toujours plus vide qu’avant. T’es-tu déjà demandé pourquoi, chaque fois que tu atteins quelque chose que tu voulais si ardemment, ce sentiment de satisfaction est aussi éphémère qu’une poignée de sable qui glisse entre tes doigts ? Pourquoi est-ce que, sitôt un désir satisfait, un autre prend sa place ? Parce que le désir est un piège. Il te fait croire que tu n’es pas complet, que tu as besoin de quelque chose d’extérieur pour combler un manque à l’intérieur de toi. Mais ce manque, il n’existe pas. C’est juste un mirage, une illusion créée par l’esprit.
Et une fois que tu as enlevé « Je » et « veux », qu’est-ce qu’il te reste ? « Du bonheur. » Rien de plus, rien de moins. Juste ça. Et c’est là que la magie opère. Parce que le bonheur, il n’a jamais été quelque chose à atteindre, à obtenir ou à mériter. Le bonheur, c’est ce qui est toujours là, en toi, dès lors que tu arrêtes de chercher à l’extérieur.
Combien de fois t’es-tu dit : « Quand j’aurai ce job, je serai heureux », ou « Quand j’aurai cette maison, ce partenaire, cette reconnaissance, alors je serai enfin en paix » ? Mais chaque fois que tu te dis ça, tu conditionnes ton bonheur à quelque chose d’extérieur, quelque chose de temporaire, de fragile. Ce bonheur-là, il est voué à disparaître dès que les circonstances changent. Et elles changent toujours. Alors, est-ce que tu veux vraiment baser ton bonheur sur des choses que tu ne peux pas contrôler ?
L’idée de Bouddha, c’est que le bonheur ne dépend pas de ce que tu veux, mais de ce que tu es prêt à laisser tomber. Parce que ce sont tes désirs, tes attentes, ton ego qui te maintiennent dans un état constant d’insatisfaction. Et plus tu es capable de lâcher prise, plus tu réalises que le bonheur est là, tout autour de toi, dans les petites choses. Dans la simplicité. Il n’y a rien à chercher. Il n’y a rien à obtenir.
C’est là que ça devient intéressant. Le bonheur, ce n’est pas quelque chose qui se trouve au bout d’un chemin que tu dois parcourir. Ce n’est pas non plus quelque chose que tu dois mériter ou atteindre. Le bonheur, c’est ton état naturel. C’est ton point de départ, pas ta destination. Mais pour le voir, pour le ressentir pleinement, il faut que tu sois prêt à faire un pas de côté, à t’éloigner de ce besoin constant d’ajouter des choses à ta vie, et plutôt te demander ce que tu peux enlever.
Alors, pourquoi est-ce que tu continues à courir après ce bonheur comme si c’était une ligne d’arrivée à franchir ? Pourquoi est-ce que tu continues à croire que plus tu veux, plus tu auras ? Est-ce que tu es prêt à accepter que tout ce dont tu as besoin est déjà là ? Ce que Bouddha a révélé à cet homme, c’est la vérité simple que le bonheur n’a jamais été une affaire de possession ou d’ambition. C’est une affaire de présence. De simplicité. D’abandon.
Et si, pour une fois, tu arrêtais de vouloir ? Si, pour une fois, tu laissais tomber ce « Je » qui complique tout, et ce « veux » qui te fait courir en rond ? Qu’est-ce qu’il te resterait ? Juste du bonheur.